Line 6 - Variax 300
Descriptif
Il s'agit d'une guitare Solid body du type "Fender" : très simple, un corps un manche, pas de finitions. Du coup elle est plutôt bien finie, rien à dire de ce côté ! La forme est assez banale, passe partout. Elle n'est pas très photogénique : elle est mieux en réalité que sur les photos.
Le corps est en agathis, le manche en érable, de type strato, mais un peu plus fin et plat. Le radius de la touche est moyen, les frettes médium jumbo : ça sonne juste.
Sa caractéristique la plus visible, c'est de ne pas avoir de micro apparant : ça fait un peu bizare, mais ça a aussi un intérêt : on n'est pas embêté par les micros pour jouer du médiator ou l'on veut sur les cordes.
Il s'agit donc d'une guitare à modélisation : les micros sont des piezzos enchassés dans les pontets du chevalet (type strato).
Le son est donc capté sur chaque corde, il est ensuite numérisé puis traité par un DSP pour imiter les caractéristiques sonores de diverses guitares "vintages". Il est enfin re-analogisé pour sortir sur une classique prise jack.
Il est possible de récupérer le signal numérique, via une deuxième sortie (ethernet), à condition de posséder un Pod XT.
Ergonomie
La guitare est légère.
Le manche agréable si on aime le genre strato revu par Ibanez (pour sa finesse) il facilite les solos et les bends.
Le boutons de réglages sont bien placés, de manière classique sur une solid body, ils sont surtout très efficaces, plus que la plupart des réglages analogique : c'est un des avantages du numérique.
Les sons
C'est là que la guitare devient très étonnante... et qu'elle trouve sa place dans un topic consacré aux guitares de jazz. Elle est en effet sensée modéliser 50 sonorités typiques de 28 guitares mythiques, et ça marche plutôt bien :
T-Model : 5 sonorités de 3 Fender Telecaster différentes. Très réaliste, le son est bien ce mélange de claquant dans les aigues et de rondeur dans les basses.
Spank : les 5 positions d'une Fender Strato de 59... Le son caractéristique des micros simples, en clair comme en distortion, mais ça manque légèrement de claquant : c'est la version douce d'une strato. Le son passe très bien dans un mix.
Lester : 5 sons de 3 Gibson Les paul à humbuckers. Le niveau de sortie est énorme, ça sature très vite l'ampli (il faut baisser un peu le volume de la guitare pour rester en clair), comme sur une vraie en fait ! Excellente palette sonore, typique de cec guitare : du gras sombre du micro manche à la violence du micro chevalet, et le sustain est rélevé par le DSP.
Special : 2 sons de Gibson Les Paul à P90 et 3 de Gibson Firebird. AcDc n'est pas loin
R Billy : les 3 sons d'une Gretsch 6120, et 2 d'une SilverJet. C'est le son des TV Jones, avec le côté boisé de la 6120, et rauque de la Jet.
Chime : les 3 sons d'une RIckenbaker 360, et 2 de la même en 12 cordes. La 12 cordes s'en sort très bien en rythmique, et les sons d la 6 cordes sont une merveille : c'est un félin, un tigre, ça gronde, ça vient du ventre, avec un son très boisé.
Semi : les 3 sons d'une Gibson 335, et 2 d'une Epiphone Casino de 57. La 335 est très réaliste, typée Lucille. La Casino est encore mieux : plus douce et plus boisée, on se prendrait pour le roi de la balade pop !
Jazzbox : les trois son d'une Gibson 175, et 2 sons d'une Gibsons... super 400. Là, ça devient très destabilisant : on a bien le son de ces guitares, très boisé pour la Super 400... mais on a une toute petite solid body dans les mains, avec un manche de strato !!! Il faut faire une effort d'imagination pour y croire.
Acoustic : 5 sons de guitare acoustique Martin, Guild et Gibson, dont 2 douze cordes. Si la guitare est branchée sur un ampli acoustique et qu'on baisse un peu le volume, c'est tout à fait ça (ici aussi , à l'ergonomie près).
Reso : 2 dobro, un banjo, un sitar électrique, et une Danelectro. La Danelectro est un bonheur de twang, les autres sons sont assez réaliste, mais je m'en sert peu.
Branchons-la un peu
Branchée sur un vieux Roland Spirit 30 (transistors), le son est clair est bon, on retrouve bien les différentes sonorités. Le son crunch est moyen (c'est l'ampli).
Branchée sur un Vox AD30 (modélisations), les sons clairs sont bien, mais moins que sur le Roland. Je pense que ça vient de la double modélisation (celle de la guitare, puis celle de l'ampli). Il faudrait l'essayer sur un ampli de la même marque, ce que je n'ai pas eu l'occasion de faire. Les sons crunches et plus saturés sont par contre très convaincants.
Branchée sur un Vox AC 15 (lampes)... c'est beaucoup mieux ! La guitare devient vraiment plus expressive grace à l'exploitation de la dynamique de l'ampli.
Branchée sur un ampli acoustique... ou à défaut sur un ampli basse à transistor... les modélisations de guitares acoustiques sont très convaincantes, les autres modèles perdent au change.
Voici un sample avec plusieurs modèles qui se succèdent (Tele, Strato, LP, Rickenbaker, 335, puis mon Ibanez AS103NT (micros Gibson '57) sur les dernières notes, pour comparaison avec le modèle 335) :
VariaxBlues
Creusons un peu
Avec l'expérience, j'ai developpé une opinion assez personnelle sur cette guitare, ainsi que sur la question de la modélisation. Je vous la fais donc partager, sans prétendre à un avis objectif.
Premier constat : Elle et doucequel que soit le preset, la Variax est plus soft que ses modèles. Les attaques, sans être molles, sont toujours un peu plus douces. C'est un avantage dans la plupart des cas : cette guitare est facile à jouer, elle pardonne pas mal d'erreurs. C'est un inconvénient pour certaines rythmiques en palm-mute : il faut compresser un peu pour avoir la patate nécessaire.
Deuxième constat (il est lié au premier) : c'est une guitare de vinile ! Insérée dans un mix, la variax est presque meilleure que ses modèles : elle ressort plus facilement, le son est bon sans avoir à le triturer... Pour le dire autrement, le modèle de la Strato ne sonne pas comme tout à fait "strato" dans un ampli, mais sonne exactement comme une strato enregistrée sur un disque. C'est destabilisant, mais une fois qu'on l'a compris, c'est un atout pour le live ou l'enregistrement en home studio.
Troisième constat : elle est vintage (et c'est bon )les modélisations sont résolument vintages. C'est tout à fait agréable et réussi. Il est par contre impossible de disposer de sons saturés modernes (métal), sauf à utiliser une modélisation d'ampli qui dénature la guitare. Les sons saturés vintages (jusqu'au heavy des '80), son toutefois très convaincants.
Quatrième constat : elle est déstabilisanteLe fait de pouvoir passer d'un son de Les Paul à un son de Gretch ou de Martin en tournant un bouton est assez utile en condition de jeu live. C'est aussi utile quand on n'a pas les moyens d'avoir tous ces instruments à disposition. Par contre, il n'est pas évident de jouer des sons de guitare à caisse avec les sentations d'une solid body !!! Il faut se projetter un peu. Disons que ça demande de savoir ce qu'on veut faire, parce que l'ergonomie de la guitare modélisée, absente, n'influencera pas notre jeu. Il faudrait que Line 6 invente aussi la modélisation de la forme de la guuitare . Pour moi, c'est la limite de cette guitare : il me manque le plaisir de la forme de l'instrument, et ça perturbe mon jeu.
Je dirais presque la même chose à propos des amplis modélisés (la question de l'ergonomie étant écartée).
Le WorkBench
Vendu à part, le worbench est un logiciel qui permet, après avoir connecté la Variax à un PC via une interface ethernet fournie, de créer toutes les combinaisons possibles de micros, de corps et d'electronique à partir des ingrédients des guitares modélisées. On peut donc "faire" une Gibson Les Paul équipée des Lipsticks d'une Danelectro et d'un condensateur de tonalité de 1000 nano farad. On peut aussi régler le volume de sortie des micros, brancher les micros en série ou en parallèle, etc...
L'intérêt est faible si l'on considère qu'il y a déjà 50 sonorités différentes dans une Variax, ce qui permet dèjà de s'adapter à 99% des contextes musicaux !
Si l'on aime bidouiller, ou si l'on a besoin d'un son très particulier pour un mix, alors, comme toute chose totalement inutile, ça devient totalement indispensable
En conclusion
Côté critiques, je pointerais trois limites :
La limite de cette guitare en terme d'ergonomie: la forme d'une guitare influe notre manière de jouer... ici, c'est toujours la même.
Le risque de passer plus de temps à faire des expérimentations de sons plutôt qu'à travailler son jeu... surtout avec le work bench.
Le son, même s'il est très bien modélisé, n'est pas tout à fait celui des originales, sauf une fois intégré dans un mix.
Côté atouts, je dirais simplement que la Variax est une guitare étonnante, parfaitement ciblée pour trois publics :
Les débutants : ça permet de jouer avec (presque) toutes les sonorités mythiques de guitares, et éventuellement de se faire une idée plus précise des sons sur lesquels on aime jouer, pour ensuite de payer la "vraie" guitare si on en a envie (c'est depuis que j'ai une variax que je me dis qu'avoir une Telecaster... ce serait pas mal... ou une Gretsch, ou encore mieux une Rickenbaker !!! Argh ).
Les home-studiotistes : pour ajouter une partie de guitare typée dans un mix, c'est l'idéal : pas besoin de 30 guitares à côté de soi, et c'est en enregistrement que la variax est la plus performante.
Certains guitaristes pro : globalement pour les mêmes raisons, et à conditions d'accepter d'être dans une logique utilitariste. Sur scène, la variax permet à la fois d'être convaincant, de ressortir parfaitement du mix, et de ne pas trimbaler 16 guitares (les 8 qu'on joue plus les huit de réserve)... juste 2. Certains utilisent une variax comme réserve justement, ou pour pouvoir s'adapter à un contexte inattendu.
Bref, ce n'est pas une trés belle guitare, mais c'est un très bon outil de travail.