BONjour !
Mon petit grain de sel à cette discussion, un petit complément aux informations et exemples livrés par notre Benoît de Bretagne...
L'allemand Hermann Hauser (1882-1952) est le seul, selon certains (dont moi...), à avoir égalé Torres : tout en reprenant les grandes lignes du barrage en éventail du Maître de San Sebastian de Almeria, Hauser lui apportera quelques modifications au niveau des "autres barres", dont certaines qui traversent les barres transversales et portent la vibration au-delà de la rosace (rosace à laquelle je consacrerai un article dans le prochain numéro de Guitare Live), en direction du manche...
Ensuite, certains luthiers on repris l'idée des sept (ou 9, ou 5 ou... autre chose...) barres en éventail... mais sans éventail, c'est à dire parfaitement parrallèles au fil du bois de la table. Cette option, très discutable au niveau des contraintes mécaniques qu'elle impose aux fibres (qui ont une tendance à se briser sur l'angle ainsi formé, comme une tablette de chocolat que l'on briserait sur le bord d'une table), n'apporte finalement aucune amélioration convainquante.
D'autres encore reprennent l'éventail mais introduisent des barres transversales "de biais", ce qui modifie, en conséquence, asymétriquement la longeur de l'éventail. Là encore, rien de spectaculaire n'est obtenu.
Certains chercheurs (dont un luthier japonais très pointu) se sont livrés à des études sur ordinateurs et ont obtenu un dessin totalement différent de celui de Torres, ainsi que de tous les autres connus à cette heure. Le résultat sur le terrain, instrument construit... donne une guitare notoirement moins bonne qu'une bonne "vieille" Torres.
Ce constat est spectaculaire : Torres a réussi, d'une seule inspiration, à non seulement bouleverser le dessin d'alors (corps en "8" étroit et 3 barres transversales), mais à créer, à ressentir un schéma aussi indémodable qu'un Stradivarius (voir mon article détaillé "L'Histoire de la Guitare" dans le N° 10 de Guitare Live)
De nos jours, c'est surtout sur le poids et la formes du barrage que les luthiers travaillent...
Je vous copie ci-dessous une réponse que j'ai rédigée, récemment, en réponse à une question sur mon maître Werner Schär (dans le Forum dédié à mon article sur lui du N°12 de Guitare Live)
Guitare Live 12, « Werner Schär, maître luthier suisse » a écrit :
Oui, Werni pense au barrage sans arrêt. Il le repense pour chaque guitare, car chaque table "nue" a ses caractéristiques propres, qu'il faut guider dans la direction de scaractéristiques propres du guitariste...
Il a fait toutes sortes d'essais concernant la position, le poids, la forme et le nombre des barres, en notant et comparant tout pour corroborer, dans la majorité des cas, sa sensation instinctive.
Le point où il en est actuellement est le suivant : il fait évoluer le profil et le poids des barres, mais pas leur placement, il en est revenu à une totale fidélité au dessin de Torres, car aucune de ses tentatives d'aller dans d'autres schémas n'a été une amélioration, bien au contraire...
Et puis, il a ses petits secrets personnels, surtout au niveau des barres transversales...
Dans ses projets, il y a de jouer sur des barres à la forme totalement inédite et un peu inattendue... mais cela ne peut être qu'un prototype invendable, et je ne sais quand il aura le loisir d'essayer cela, il a, dorénavant, une liste d'attente à respecter...
En espérant avoir un peu contribué à t'apporter des réponses, cher Charly... et avec un salut collégial à Benoît de Bretagne,
Bien cordialement,
Amidala