Neredev a écrit :
C'est pas rien, comme question.
Le plus simple, pour appréhender le pourquoi et le comment de l'usage des guitares chez Sonic Youth, c'est...d'essayer de jouer à leur manière en groupe. Le découpage classique rythme/solo ne fonctionne pas vraiment chez eux. Je suppose qu'il faut voir chaque partie de guitare (chacune liée à un accordage différent) de manière verticale, c'est à dire la couleur sonore apportée par telle ou telle partie, qui complémente ou non les autres.
Je doute qu'ils pensent vraiment en termes de modes/gammes (c'est quand même un fléau dans l'apprentissage de la guitare depuis quelques années, ces histoires de modes/gammes, sur lesquels les jeunes guitaristes dirigent trop leur attention sans avoir le référentiel théorique qui les sous-tend et qui tend à les enfermer dans des considérations mécaniques, là où ils devraient se demander "est-ce que ça sonne?") dans leur composition. Il me semble que Moore ne lit pas la musique, pas plus que ses camarades. Et dans tous les cas, penser en ces termes-là avec des accordages aussi altérés reviendrait à se taper la tête contre les murs puisqu'il faudrait réapprendre à chaque fois la localisation des notes sur un manche où le viel EADGBE n'a plus cours.
Si on veut vraiment les étudier d'un point de vue harmonique - et ce serait un sacré casse-tête, ne serait-ce qu'à l'échelle d'un morceau - on pourrait se contenter de dire que la quite diminuée est leur copine.
Bref, et bien heureusement, le groupe n'utilise pas de formule toute faite qu'il appliquerait à chacun des morceaux. Je te suggère d'essayer toi-même d'utiliser des accordages bizarroïdes et d'expérimenter avec, de voir ce que tu peux en tirer.
Je plussoie. Je considère que le son que l'on sort de sa guitare (si on se place dans un contexte d'improvisation libre) est dus (si l'on ne parle pas des plans) à la fois à un certain hasard, aux décision prises en en temps réel et dicté par l'oreille, et aux habitudes prises avec le temps, qui ne sont pas des plans mais des gestes vagues que le corps a retenu.
Si l'on change d'accordage, toutes les habitudes prises alors sonnent différemment. Le guitariste perd beaucoup de ses repères et dans un premier temps laisse plus le hasard et l'oreille jouer.
Je pense que cet situation est très propice à la création, et permet de se laisser guider par le "est ce que ça sonne" dont parle Neredev, et non pas par des considérations théoriques ou des habitudes prises. Cela s'entend dans le jeu des guitariste Sonic Youth, car il y peu de solo mélodique au sens habituel du terme, car cela serai assez difficile a assumer sur plusieurs mesure, ils préfèrent privilégier les couleurs.