TOUJOURS LE CHAPITRE 13
J'étais en tournée lorsque notre deuxième fils est né. Je m'assurais de rentrer à la maison régulièrement pour rendre visite à Perla, mais le jour où mon second fils est né j'avais un concert la veille. En un rien de temps je devais prendre un vol pour Atlantic City puis prendre un vol jusqu'à la maison et ensuite arriver pour sa naissance le lendemain matin. J'ai raté l'avion pour rentrer à L.A. et j'ai eu du bol de pouvoir prendre un autre vol. Je suis arrivé à l'hôpital juste avant qu'il ne naisse. J'ai passé la nuit et le lendemain matin avec Perla et mon nouveau et si petit garçon, et puis j'ai fait le chemin inverse et rejoint le groupe au concert suivant.
Nous ne savions pas comment appeler notre second garçon jusqu'à ce que nous nous souvenions de ce que notre pote Robert Evans nous avait conseillé pour notre premier fils. Comme d'habitude, il avait été si convainquant que je n'avais pu refuser.
"Donnes lui le nom le plus cool qu'un mec puisse rêver" il nous avait dit avec sa célèbre voix de bariton. "Appelles le Cash"
"Robert, c'est trop tard" je lui avais dit "Nous avons choisi London".
"Ok. Mais si vous avez une seconde chance" il nous a dit "faites le bon choix".
Après une courte délibération, nous avons pensé qu'il avait raison. Et donc notre deuxième fils s'appelle Cash.
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Après deux années de tournée nonstop, j'étais à nouveau confronté au monde réel, et malgré le fait que je sois habitué à cette situation, ça n'a pas été facile à gérer, ça devenait encore plus dur de se réadapter. Lorsque tout ce que tu as à te préoccuper c'est de te rendre d'un concert à un autre, quand le concert suivant est ta seule préoccupation pendant une période de temps assez longue, quand le room service et ta chambre d'hôtel sont tes seuls repères c'est que tu vies d'une manière stylisée. Quand tu es à la maison, peut importe qui tu es, rien ne ressemble à ça. Lorsque tu es à la maison tu dois te bouger le cul et faire les choses par toi-même : lorsque tu es chez toi, tu deviens un type normal et tu dois compter sur tes propres capacités. Par le passé, pour contrecarrer cette transition je buvais et prenais de la drogue pour rendre plus facile ce passage. Dès que tu as un enfant, et si tu veux être un parent respectable, tu dois te sortir cette option de la tête : quand tu rentres de tournée et que tu es un père, tu rentres à la maison et tu dois gérer ça. En fait tu passes d'une situation où tu te préoccupes seulement de toi à une situation où tu dois prendre soin des autres.
Ca n'a pas été facile ni pour Perla ni pour moi quand je suis rentré à la maison. J'ai commencé à boire du vin, beaucoup de vins, en tournée et elle me regardait me replonger dans mes vieilles habitudes. Peu importe la raison, mais lorsqu'elle est venue me voir en tournée, j'avais choisi ce jour là de passer mon temps à boire au bar, sous le prétexte de l'attendre. Tout ce que j'avais réussi à faire c'était de me mettre minable au point d'être mal lorsqu'elle est arrivée. Je lui ai dit bonjour et je me suis effondré. Donc nous avons eu à gérer ce problème.
Lorsque Velvet Revolver a été signé, puis lorsque nous avons enregistré l'album, et que nous nous préparions pour partir en tournée, on nous a demandé de changer de management et je n'étais pas d'accord du tout. Ca m'a forcé à chercher mon propre manager qui agirait pour mes intérêts en dehors du groupe. Ca me paraissait logique, mais ce que j'ai fait en réalité a aliéné ma relation avec le reste du groupe et causé une grande animosité entre nous et le management quand fut le moment de signer les contrats. Cette situation a ajouté un niveau de stress que les deux années de tournée n'ont fait qu'amplifier. Les tensions n'ont pas affecté notre alchimie sur scène ou notre créativité, mais au quotidien et à un niveau personnel, les choses devinrent sensibles, et à la fin de la tournée, tout le monde se sautait à la gorge. Je reste sur mes positions, mais je comprend que ce que j'ai fait a été ressenti comme un coup de poignard dans le dos pour les autres. J'en arrive à la raison qui les a énervé.
Ca s'est passé au moment où Axl a choisi d'envoyer un communiqué de presse dont le résultat n'a rien fait de plus que de mettre de l'huile sur le feu. Ca a été largement commenté, donc je ne vais pas rentrer là-dedans, mais pour faire court, Axl avait publié un communiqué disant que j'étais venu chez lui, extrêmement cohérent, un matin très tôt pour lui demander de stopper les poursuites qui trainaient depuis des années à l'époque. Le communiqué prétendait également que lui et moi avions parlé pendant un moment et que je n'avais fait rien d'autre que de tenir des propos dénigrants sur Scott Weiland et sur le reste du groupe.
La vérité c'est que je n'ai jamais parlé à Axl personnellement depuis le moment où j'ai quitté le groupe en 1996. C'est triste mais vrai. Je suis allé chez lui un soir mais j'étais ivre - Perla ne l'étais pas et c'était elle qui conduisait. Je suis arrivé devant sa porte et je lui ai laissé un mot qui disait quelque chose comme ça "Il faut qu'on parle. Appelle-moi. Slash." Mais je ne l'ai pas donné à Axl, je l'ai donné à son assistant(e).
Dans tous les cas, Axl a sorti son communiqué, et ça a fait beaucoup de bruits parce que c'était la première fois qu'Axl parlait publiquement de ce qu'il pensait de moi, des procès et de tout le reste.
Comme je l'ai dit, l'incident a été largement commenté dans la presse et sur internet donc si ça vous intéresse dans savoir plus vous pouvez le trouver facilement.
Le problème c'est que cet incident et les conséquences négatives que ça a entrainé dans Velvet Revolver m'ont beaucoup perturbé ; je ne peux à peine en parler aujourd'hui et encore moins en reparler en détail ici. J'ai commencé à penser que tout ce que j'avais réussi à construire était en train de s'écrouler.
Déjà et en premier lieu, le procès était un cauchemar qui durait depuis trop longtemps. Pour ne pas rajouter une couche litige supplémentaire, la façon la plus simple d'expliquer la situation c'est de dire que depuis 2001, nous sommes embarqués dans un procès sur les droits et les profits sur les licences et sur le merchandising. C'était le genre de litige type des séparations de groupe, une partie se plaignait à une autre partie de ne pas avoir été assez payée. Le monde du rock n' roll est truffé de ce genre de connerie.
Mais ce qui m'a blessé le plus, c'est que j'ai du me justifier devant mon propre groupe. Je me suis pointé et j'ai du insister auprès d'eux pour leur dire que tout ce qui avait été raconté était faux, mais la façon dont Axl avait rédigé ce truc faisait qu'ils avaient pris comptant ce qui avait été présenté comme un fait. Les gars ont eu du mal à accepter ma version de l'histoire. En même temps, je leur ai raconté la vérité vraiment sincèrement. Au début, j'ai envisagé la possibilité de répondre publiquement et j'ai dit à mon groupe que je le ferais, mais à la fin j'ai pensé que ça compliquerait seulement les choses voire les prolongerait.
Je ne savais pas trop quoi faire; ma crédibilité était en jeu. Quelques jours plus tard, le groupe s'est réuni mais Scott n'est pas venu.
Puis Scott a sorti publiquement un démenti. Il attaquait Axl sur tous les niveaux. Et ma première réaction ne fut pas de dire "tu as raison" mais fut de dire "ne dis pas de conneries sur Axl", moi je peux balancer sur Axl et quand je le veux, parce que j'ai eu à le gérer pendant des années. Mais ni Scott ni aucun autre ne pouvait faire ça.
Les tensions dans le groupe ont monté encore d'un cran et résultat mon matos qui se trouvait chez Matt Sorum, l'endroit où nous répétions et composions, avait été enlevé.
La rumeur circula que j'avais quitté Velvet Revolver pour rejoindre Guns N' Roses. Je ne sais pas qui a lancé cette rumeur mais ça a fait suffisamment de bruit pour que ça cause une épuisante bataille au sein du groupe. Les médias ont pris un malin plaisir a relayé la rumeur : disant que Slash avait quitté ses ex potes de Guns pour aller rejoindre Axl sans se soucier de ce qu'était Guns N' Roses aujourd'hui. A ce moment, je pense que Chinese Democracy était encore en route.
Tout semblait présenter comme un fait, mais la vérité c'est que je n'avais pas fait ça. Tu prends n'importe quel journal sur cette période, ou si tu écoutais la radio ou si tu regardais des blogs sur internet à ce moment là, tu ne pouvais pas passer à coté. C'était un fait : J'avais quitté Velvet Revolver pour revenir dans Guns. La réalité c'est que rien de tout ça ne s'est produit : pendant ces mois-là j'étais à la maison, en train d'enregistrer des idées sur ma console numérique.
C'était literallement un jeu de stratégie : ça nous a prit longtemps pour dépasser toute cette connerie. Enfin, quand l'orage fut passé, nous nous sommes remis à bosser. Je me suis juste pointé chez Matt un jour comme si rien ne s'était passé.
"Ecoutes" je lui ai dit "Toute cette histoire est ridicule. Tu veux que je te raconte ce qui est vraiment arrivé ?"
"Oui"
J'ai raconté ma version une nouvelle fois dès que tout s'était un peu calmé. Clairement, le temps à prouver que je n'avais pas l'intention de rejoindre Axl et Guns N' Roses, parce que rien de tout ceci n'est arrivé. C'est ce fait qui a semblé convaincre davantage les potes que ma version des évènements. Je ne me suis jamais senti obligé de me justifier auprès des potes, mais je l'ai fait, ce qui m'a toujours considérablement énervé. Après avoir parler en tête à tête avec Matt, j'ai fait de même avec Kirschner, puis Duff et Scott. Finalement, toute cette histoire était vraiment inutile et peu importe ce qui avait été dit ou non. Je n'avais pas le temps pour ça. Mais nous avons traversé cette épreuve. Et nous en sommes renforcés aujourd'hui.
(A suivre)
c'est pas faux