- Percevalle
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Percevalle le 29 Nov 2008, 14:55
Chapitre 12
On m'a ordonné d'arrêter de tourner : on m'a dit d'arrêter quelque chose que j'aimais. J'étais réticent de faire ça. Je voulais que la tournée continue au-delà du Japon, je voulais aller en Australie, je voulais finir ce que j'avais prévu de faire. Cela pouvait sembler aberrant, parce que Snakepit était vu comme un side-projet et comme un groupe juste pour le plaisir, mais j'étais ambitieux concernant ce groupe. Quand je me mets en tête de faire quelque chose, je mets des oeillères, je plonge la tête, et je fonce jusqu'à ce que je j'obtienne ce que je veux. Et je n'ai pas eu ce que je m'étais fixé comme objectif pour ce projet.
J'étais ferme et déterminé lorsque j'ai apporté l'album à Geffen. Je ne me suis pas soucié et je n'ai pas réalisé ce qui se tramait avec le label en 1994 lorsque je me suis pointé pour le rendez-vous. L'ensemble de l'industrie du disque était à l'aube d'un profond changement : toutes les majors avaient soit fusionné ou étaient vendues ou dissoutes et ceci en quelques années. A l'époque je ne savais pas ou je ne m'en souciais pas. J'ai fait écouter Snakepit à Zutaut, ils ont été d'accord pour le sortir, et c'est tout ce que je voulais entendre. Je n'ai pas senti la confusion qui régnait chez Geffen ou ailleurs et je n'avais pas connaissance de la très grande inquiétude qui circulait concernant le prochain album de Guns N' Roses. Je ne savais pas que David Geffen était sur le point de vendre son entreprise et que la perspective d'un nouvel album des Guns pouvait tout changer, mais même si j'en avais eu connaissance, je ne pouvais pas faire grand chose pour livrer cet album "dans les temps".
Si je regarde en arrière, je réalise qu'ils pensaient que je mettais la vie de Guns en danger en poursuivant Snakepit, ils ont décidé qu'il était préférable de jouer avec moi, alors ils sont allés jusqu'à me retirer de mon projet. Ils étaient en train de se ronger les ongles pendant toute cette période mais si Zutaut ou un autre avaient exprimé leurs inquiétudes, je leur aurait dit la vérité : je n'avais pas l'intention de quitter Guns N' Roses. Et même dans l'état de colère o๠je me trouvais, j'ai toujours pensé que je serais rentré, après une pause, quand le moment serait venu.
Donc Geffen a sorti et financé "It's Five O' Clock Somewhere". Ils ont fait la promotion et nous ont donné l'argent pour la tournée... Et puis ils ont arrêté. Comme je l'ai mentionné, une fois qu'Axl a informé le label (d'après ce qu'on m'a dit) qu'il était prêt à commencer l'écriture du nouvel album de Guns, mes crédits se sont arrêtés et on m'a ordonné de rentrer parce que les concernants j'avais vendu un million d'album, ils étaient rentrés dans leurs frais et ne voyaient donc plus la nécessité de continuer à me financer. La chose amusante concernant tout ça après toutes ces années, c'est que je n'ai jamais cherché à promouvoir un album en tournant, pour moi c'était juste une excuse pour jouer.
(...) (il rentre à L.A, retrouve ses serpents, Renee, ses flippers...)
Donc je suis rentré en répugnant ce que j'allais devoir faire parce que dans ma tête je savais qu'il y aurait beaucoup de choses et certaines ne seraient pas faciles. Doug nous avait réservé un studio appelé Le Complex. Je suis arrivé là -bas et Axl avait déjà investi les lieux. Le lieu avait une grande salle de répétition et un tas insensé de matériel, littéralement une pièce remplie de synthé, mais aussi un arsenal d'éléments d'enregistrement Pro Tools qu'Axl avait loué. Axl et moi, nous ne nous étions pas parler directement depuis mon retour, que se soit par téléphone ou en face à face : je recevais les ordres via Doug. Je me suis pointé à l'heure prévue et j'ai trouvé mon technicien, Adam Day, le technicien de Duff, McBob, Duff, Dizzy Reed, Matt et Paul Huge. Axl n'était pas là .
Ce qui m'est venu immédiatement en tête en voyant cette scène, en voyant ce qui était supposé être notre groupe, c'est l'enregistrement de Dangerous de Michael Jackson. Quand j'ai enregistré pour lui, j'étais abasourdi par l'argent jeté par les fenètres : il louait des studios partout, on m'avait dit qu'il avait de multiples studios équipés de façon identique à travers le pays, et réservés dans le cas o๠il serait inspiré pour enregistrer là -bas à n'importe quel moment.
Je suis un mec simple, donc ce genre de chose ne me plaisait pas du tout. Je pensais que ce genre d'environnement d'enregistrement était du gâchis et j'avais trouvé l'endroit de Michael hors de proportion. Quand je me suis pointé pour enregistrer, j'ai trouvé que l'équipe était aussi accueillante et robotique qu'un lot de garçons d'étage dans un hà´tel de cinq étoiles.
je me souviens qu'un mec m'a demandé " Sur quoi tu veux jouer ?"
"Qu'est-ce que tu veux dire ?"
"Nous avons une large sélection de guitares ici" le gars a répondu "Laquelle tu veux utiliser ?"
"J'ai apporté la mienne" je lui ai répondu "je veux jouer sur celle là ".
Tout était comme dans un scénario froid et décousu. Le dernier endroit o๠je me serais attendu à rencontrer ce genre d'ambiance était avec mon groupe pour l'écriture, répétition, enregistrement. Je peux faire avec des millions de choses, mais si il y a une chose que je ne peux avaler, c'est le manque d'intégrité. A la première bouffée de conneries, j'étais circonspect. Et ce dont quoi je mettais les pieds me rendait inquiet.
Il y avait des rangées et des rangées de serveurs Pro Tools et de matériel. Ce qui était une indication claire sur la conception très différente qu'Axl et moi avions sur la fabrication de cet album. J'étais pas contre le fait d'utiliser Pro Tools pour essayer de nouvelles choses, mais tout le monde doit être dans le même esprit et au même endroit pour explorer de nouvelles idées. Le groupe a entrepris de commencer à faire quelques jams et quelques trucs ont pris forme. Quelques idées que j'avais eu, transmises à Axl et qui lui avait apparemment plu, furent enregistrées sur Pro Tools et stockées pour lui pour qu'il puisse y travailler dessus plus tard.
Nous arrivions à différents moments dans la soirée, mais à huit heures du soir généralement tout le groupe était présent. Et puis nous attendions Axl, qui, lorsqu'il venait, arrivait beaucoup, beaucoup plus tard. C'était comme ça : c'était une ambiance sombre et misérable qui manquait de direction à tous les niveaux. Je trainais un peu : mais après quelques jours j'ai choisi de passer mes soirées dans un strip bar juste au coin en donnant l'ordre aux ingénieurs de m'appeler si Axl était décidé à arriver.
************
Près d'une dizaine d'années après avoir réuni le groupe, pour moi, chaque petite chose qui représentait Guns N' Roses avait changé. Nous avions perdu Steven, Izzy et nous avions Matt, nous avions Gilby et nous l'avons perdu. Duff était le seul élément original qui restait le même; c'était mon pote, le seul sur qui je pouvais compter. Mais il était sobre maintenant, en mai 1994, il a souffert d'un épisode qui aurait pu lui être fatal quand son pancréas a presque explosé. Il paya les années de fortes consommations d'alcool et si Duff n'était pas devenu sobre, il serait mort. Nous étions toujours aussi proche, et les choses restèrent les mêmes, mais nous ne faisions plus tinter les bouteilles ensemble. Il s'efforçait de garder un lien entre nous à sa façon, gardant Matt dans le coup parce qu'après tout, Matt n'était pas sà»r de la manière dont fonctionnait le processus d'écritures à l'enregistrement dans GN'R. Duff était le seul à cimenter le tout à cette époque, alors que moi j'effilochais les coutures.
Boire pour moi était toujours un plaisir, une récréation chaque jour, bien que j'ai commencé à boire pour tenir le coup plus que pour le plaisir. Bref, il n'y avait pas beaucoup de vie sociale dans Guns à l'extérieur des studios, alors à partir du moment o๠j'ai réintégré le groupe, j'étais finalement assez seul.
Ma consommation était excessive, mais je continuais à fonctionner comme une personne normale, une personne normale avec un niveau d'alcool dilué dans son sang. J'ai travaillé longtemps et dur pour me garder en forme. Et je le devais, parce que boire était la seule chose qui me satisfaisait et diluaient tous les problèmes auxquels je devais faire face que se soit avec le groupe ou dans ma vie.
Toutes les préoccupations furent d'essayer de retravailler à nouveau. Au milieu de la plus mauvaise ambiance de travail que j'ai vécu dans l'histoire du groupe, nous avons réussi je ne sais pas comment à continuer. Mes souvenirs sont au mieux brumeux parce que j'ai fait tout ce que j'ai pu pour oublier. Je me rappelle d'être aller au studio et de répéter sans rien de concret. Trop d'animosité avait bloqué ma créativité. Une de ses fois j'ai réellement parlé à Axl de la manière dont les choses se passaient, et il était clair que nous ne vivions pas sur la même planète.
J'ai essayé de lui parler une fois encore de la façon de bosser avec Huge, que c'était une corvée et la mort de notre créativité selon moi.
"Vous n'avez pas besoin d'être amis pour faire un album" Axl m'a dit
"Peut-etre pas" je lui ai répondu " mais toi, tu as besoin d'avoir un minimum de respect mutuel, tu vois"
Nous étions également en train de parler de nous deux. La négativité était si énorme que je ne pouvais plus me concentrer et que je ne pouvais plus me focaliser sur l'écriture. Il y avait tellement d'amertume que rester calme et tranquille pour prendre du plaisir à jouer était quasiment impossible. Donc je me suis employé à être bourré tout le temps et d'essayer de balayer tout ce qui était en train de se passer.
Axl a demandé à Zakk Wylde de venir répéter avec nous ainsi qu'à Paul Huge. Il pensait probablement que j'aimerais l'idée parce que Zakk était un de mes amis et que je le respectais en tant que guitariste, mais ça n'était pas la solution pour moi. J'ai émis l'idée de réembaucher Gilby et l'idée a été catégoriquement rejetée. Il y eut quantités de messages envoyés ça et là , via Doug Goldstein, sur ce qu'Axl voulait, avait besoin, et sur ce que nous devrions faire. La seule manière dont je communiquais avec Axl était via Doug à ce moment. Des fois j'appelais Axl mais la plupart du temps, il ne décrochait pas ou ne me rappelait pas. Et lorsqu'il venait aux répétitions il ne chantait pas. Mes souvenirs sont vagues, faut dire qu'il n'y eut que de petits "boeufs". Je dois dire, que le matériel était bien installé. Tout bien considéré, ces sessions ont coà»té beaucoup trop d'argent comparé au peu d'évènement et à la situation déprimante qui se tramait.
Aussi énervé que je l'étais d'avoir été rappelé à la maison pour ne rien faire, mon cà´té responsable a parlé et j'étais déterminé à sortir quelque chose malgré le fait que j'avais le moral dans les chaussettes. Je n'étais pas sà»r de ce que je devais attendre de Zakk Wylde mais je souhaitais le meilleur. C'est un mec super ; je me rappelle l'avoir rencontré au Sunset Marquis la nuit o๠il a été embauché pour être le guitariste d'Ozzy des années plus tà´t. Nous avons squatté sa piole pour célébrer l'évènement jusqu'à ce que je le laisse agonisant dans sa baignoire. La personnalité de Zakk est comme celle de Steven multipliée par 10 : il ne machait pas ses mots et n'avait pas peur d'en découdre. Je ne voyais pas Axl et Zakk tenir ensemble plus d'une semaine. Mais à part ça, lorsque nous avons jammé ensemble au Complex, ça ne collait pas du tout pour moi. Ca n'était pas l'équipe des deux guitaristes qu'était GN'R. Nous étions deux guitaristes solistes qui jouaient les chansons du cà´té opposé de la scène et c'était impérieux. J'avais eu l'habitude de travailler et de jouer avec un guitariste rythmique plus fermé. Si Zakk et moi faisions ça, ça serait un trip complètement différent... plus comme Judas Priest ou autres. Même lui savait que ça ne pouvait pas coller.
"C'était cool" je lui ai dit après avoir jammer un petit peu. "C'était différent".
"Ecoutes" il a dit "C'était pas mal. Nous pourrions faire un truc ensemble, putain, c'était cool. Mais Axl et toi vous devez faire aller ce putain de groupe de l'avant. Rapprochez-vous et putain essayez d'aller de l'avant à nouveau"
********************
A partir de là , toutes les décisions concernant le groupe étaient prises par Axl et Doug Goldstein. Duff, moi et les autres membres du groupe étions prévenus de ce qu'ils avaient décidé par téléphone et par fax - Guns N' Roses était officiellement devenu une dictature. C'est la vérité écrasante de ce qui était en train de se passer : nous étions comme dans des sables mouvants. Je n'avais plus de point d'appui pour me sortir de là . Pourtant ce que nous étions supposer faire était simple : trouver un nouveau guitariste et faire ce nouvel album. Mais tout était dicté par Axl, et tout en sachant qu'il voulait ma contribution, j'étais étouffée par les tensions et je ne pouvais plus penser correctement. Je pense qu'à la fin, il y eut une lutte acharnée entre lui et moi, lui qui voulait tout contrà´ler et moi qui voulait que se soit plus gérer dans l'esprit d'un groupe. La plupart du temps l'attention du public était centrée sur Axl et moi comme étant le noyau dur de Guns N' Roses, et je pense qu'Axl était d'accord avec ça, mais le succès que GN'R avait généré jusqu'alors provenait des cinq gars qui bossaient ensemble, o๠personne n'était plus important qu'un autre, en tout cas en ce qui me concerne. Mais cette conception était du passé et il n'y avait rien que je puisse faire pour changer ça.
Bien que je le voyais venir depuis longtemps, quand la vérité m'a sauté aux yeux, j'ai continué à refuser d'y croire. Axl était un élément d'une équipe- au moins dans nos esprits même lorsqu'il n'était pas là en personne. Au plus profond de nous, et même lorsqu'il était étrange, le reste du groupe savait qu'il faisait parti du collectif. Maintenant, et soudainement, il n'en faisait plus parti. Nous aurions pu l'ignorer jusqu'à ce moment mais il a fait en sorte que se soit claire que dorénavant nous étions "son" groupe et qu'il avait l'intention de nous tordre et de nous torturer quand il le jugeait utile, en nous gardant à son entière disposition. C'était comme si il croyait que nous apprécierions l'idée.
A ce moment, nous trainions, et dans nos grands temps morts, nous déblatérions. Ca craignait. Après ça, je pouvais à peine me pointer parce que l'animosité était devenu écrasante. Nous passions peut-etre toutes les nuits à écrire ou jammer... La plupart des nuits, nous restions là , frustré à attendre de voir si Axl se montrerait - ce qu'il faisait, habituellement après que la plupart d'entre nous soit parti dormir- selon toute vraisemblance nous étions en train d'écrire la musique pour le nouvel album de GN'R. Par dessus tout ça, un nouveau problème de contrat a perturbé un peu plus le fonctionnement dans une situation déjà fragile.
A suivre
On m'a ordonné d'arrêter de tourner : on m'a dit d'arrêter quelque chose que j'aimais. J'étais réticent de faire ça. Je voulais que la tournée continue au-delà du Japon, je voulais aller en Australie, je voulais finir ce que j'avais prévu de faire. Cela pouvait sembler aberrant, parce que Snakepit était vu comme un side-projet et comme un groupe juste pour le plaisir, mais j'étais ambitieux concernant ce groupe. Quand je me mets en tête de faire quelque chose, je mets des oeillères, je plonge la tête, et je fonce jusqu'à ce que je j'obtienne ce que je veux. Et je n'ai pas eu ce que je m'étais fixé comme objectif pour ce projet.
J'étais ferme et déterminé lorsque j'ai apporté l'album à Geffen. Je ne me suis pas soucié et je n'ai pas réalisé ce qui se tramait avec le label en 1994 lorsque je me suis pointé pour le rendez-vous. L'ensemble de l'industrie du disque était à l'aube d'un profond changement : toutes les majors avaient soit fusionné ou étaient vendues ou dissoutes et ceci en quelques années. A l'époque je ne savais pas ou je ne m'en souciais pas. J'ai fait écouter Snakepit à Zutaut, ils ont été d'accord pour le sortir, et c'est tout ce que je voulais entendre. Je n'ai pas senti la confusion qui régnait chez Geffen ou ailleurs et je n'avais pas connaissance de la très grande inquiétude qui circulait concernant le prochain album de Guns N' Roses. Je ne savais pas que David Geffen était sur le point de vendre son entreprise et que la perspective d'un nouvel album des Guns pouvait tout changer, mais même si j'en avais eu connaissance, je ne pouvais pas faire grand chose pour livrer cet album "dans les temps".
Si je regarde en arrière, je réalise qu'ils pensaient que je mettais la vie de Guns en danger en poursuivant Snakepit, ils ont décidé qu'il était préférable de jouer avec moi, alors ils sont allés jusqu'à me retirer de mon projet. Ils étaient en train de se ronger les ongles pendant toute cette période mais si Zutaut ou un autre avaient exprimé leurs inquiétudes, je leur aurait dit la vérité : je n'avais pas l'intention de quitter Guns N' Roses. Et même dans l'état de colère o๠je me trouvais, j'ai toujours pensé que je serais rentré, après une pause, quand le moment serait venu.
Donc Geffen a sorti et financé "It's Five O' Clock Somewhere". Ils ont fait la promotion et nous ont donné l'argent pour la tournée... Et puis ils ont arrêté. Comme je l'ai mentionné, une fois qu'Axl a informé le label (d'après ce qu'on m'a dit) qu'il était prêt à commencer l'écriture du nouvel album de Guns, mes crédits se sont arrêtés et on m'a ordonné de rentrer parce que les concernants j'avais vendu un million d'album, ils étaient rentrés dans leurs frais et ne voyaient donc plus la nécessité de continuer à me financer. La chose amusante concernant tout ça après toutes ces années, c'est que je n'ai jamais cherché à promouvoir un album en tournant, pour moi c'était juste une excuse pour jouer.
(...) (il rentre à L.A, retrouve ses serpents, Renee, ses flippers...)
Donc je suis rentré en répugnant ce que j'allais devoir faire parce que dans ma tête je savais qu'il y aurait beaucoup de choses et certaines ne seraient pas faciles. Doug nous avait réservé un studio appelé Le Complex. Je suis arrivé là -bas et Axl avait déjà investi les lieux. Le lieu avait une grande salle de répétition et un tas insensé de matériel, littéralement une pièce remplie de synthé, mais aussi un arsenal d'éléments d'enregistrement Pro Tools qu'Axl avait loué. Axl et moi, nous ne nous étions pas parler directement depuis mon retour, que se soit par téléphone ou en face à face : je recevais les ordres via Doug. Je me suis pointé à l'heure prévue et j'ai trouvé mon technicien, Adam Day, le technicien de Duff, McBob, Duff, Dizzy Reed, Matt et Paul Huge. Axl n'était pas là .
Ce qui m'est venu immédiatement en tête en voyant cette scène, en voyant ce qui était supposé être notre groupe, c'est l'enregistrement de Dangerous de Michael Jackson. Quand j'ai enregistré pour lui, j'étais abasourdi par l'argent jeté par les fenètres : il louait des studios partout, on m'avait dit qu'il avait de multiples studios équipés de façon identique à travers le pays, et réservés dans le cas o๠il serait inspiré pour enregistrer là -bas à n'importe quel moment.
Je suis un mec simple, donc ce genre de chose ne me plaisait pas du tout. Je pensais que ce genre d'environnement d'enregistrement était du gâchis et j'avais trouvé l'endroit de Michael hors de proportion. Quand je me suis pointé pour enregistrer, j'ai trouvé que l'équipe était aussi accueillante et robotique qu'un lot de garçons d'étage dans un hà´tel de cinq étoiles.
je me souviens qu'un mec m'a demandé " Sur quoi tu veux jouer ?"
"Qu'est-ce que tu veux dire ?"
"Nous avons une large sélection de guitares ici" le gars a répondu "Laquelle tu veux utiliser ?"
"J'ai apporté la mienne" je lui ai répondu "je veux jouer sur celle là ".
Tout était comme dans un scénario froid et décousu. Le dernier endroit o๠je me serais attendu à rencontrer ce genre d'ambiance était avec mon groupe pour l'écriture, répétition, enregistrement. Je peux faire avec des millions de choses, mais si il y a une chose que je ne peux avaler, c'est le manque d'intégrité. A la première bouffée de conneries, j'étais circonspect. Et ce dont quoi je mettais les pieds me rendait inquiet.
Il y avait des rangées et des rangées de serveurs Pro Tools et de matériel. Ce qui était une indication claire sur la conception très différente qu'Axl et moi avions sur la fabrication de cet album. J'étais pas contre le fait d'utiliser Pro Tools pour essayer de nouvelles choses, mais tout le monde doit être dans le même esprit et au même endroit pour explorer de nouvelles idées. Le groupe a entrepris de commencer à faire quelques jams et quelques trucs ont pris forme. Quelques idées que j'avais eu, transmises à Axl et qui lui avait apparemment plu, furent enregistrées sur Pro Tools et stockées pour lui pour qu'il puisse y travailler dessus plus tard.
Nous arrivions à différents moments dans la soirée, mais à huit heures du soir généralement tout le groupe était présent. Et puis nous attendions Axl, qui, lorsqu'il venait, arrivait beaucoup, beaucoup plus tard. C'était comme ça : c'était une ambiance sombre et misérable qui manquait de direction à tous les niveaux. Je trainais un peu : mais après quelques jours j'ai choisi de passer mes soirées dans un strip bar juste au coin en donnant l'ordre aux ingénieurs de m'appeler si Axl était décidé à arriver.
************
Près d'une dizaine d'années après avoir réuni le groupe, pour moi, chaque petite chose qui représentait Guns N' Roses avait changé. Nous avions perdu Steven, Izzy et nous avions Matt, nous avions Gilby et nous l'avons perdu. Duff était le seul élément original qui restait le même; c'était mon pote, le seul sur qui je pouvais compter. Mais il était sobre maintenant, en mai 1994, il a souffert d'un épisode qui aurait pu lui être fatal quand son pancréas a presque explosé. Il paya les années de fortes consommations d'alcool et si Duff n'était pas devenu sobre, il serait mort. Nous étions toujours aussi proche, et les choses restèrent les mêmes, mais nous ne faisions plus tinter les bouteilles ensemble. Il s'efforçait de garder un lien entre nous à sa façon, gardant Matt dans le coup parce qu'après tout, Matt n'était pas sà»r de la manière dont fonctionnait le processus d'écritures à l'enregistrement dans GN'R. Duff était le seul à cimenter le tout à cette époque, alors que moi j'effilochais les coutures.
Boire pour moi était toujours un plaisir, une récréation chaque jour, bien que j'ai commencé à boire pour tenir le coup plus que pour le plaisir. Bref, il n'y avait pas beaucoup de vie sociale dans Guns à l'extérieur des studios, alors à partir du moment o๠j'ai réintégré le groupe, j'étais finalement assez seul.
Ma consommation était excessive, mais je continuais à fonctionner comme une personne normale, une personne normale avec un niveau d'alcool dilué dans son sang. J'ai travaillé longtemps et dur pour me garder en forme. Et je le devais, parce que boire était la seule chose qui me satisfaisait et diluaient tous les problèmes auxquels je devais faire face que se soit avec le groupe ou dans ma vie.
Toutes les préoccupations furent d'essayer de retravailler à nouveau. Au milieu de la plus mauvaise ambiance de travail que j'ai vécu dans l'histoire du groupe, nous avons réussi je ne sais pas comment à continuer. Mes souvenirs sont au mieux brumeux parce que j'ai fait tout ce que j'ai pu pour oublier. Je me rappelle d'être aller au studio et de répéter sans rien de concret. Trop d'animosité avait bloqué ma créativité. Une de ses fois j'ai réellement parlé à Axl de la manière dont les choses se passaient, et il était clair que nous ne vivions pas sur la même planète.
J'ai essayé de lui parler une fois encore de la façon de bosser avec Huge, que c'était une corvée et la mort de notre créativité selon moi.
"Vous n'avez pas besoin d'être amis pour faire un album" Axl m'a dit
"Peut-etre pas" je lui ai répondu " mais toi, tu as besoin d'avoir un minimum de respect mutuel, tu vois"
Nous étions également en train de parler de nous deux. La négativité était si énorme que je ne pouvais plus me concentrer et que je ne pouvais plus me focaliser sur l'écriture. Il y avait tellement d'amertume que rester calme et tranquille pour prendre du plaisir à jouer était quasiment impossible. Donc je me suis employé à être bourré tout le temps et d'essayer de balayer tout ce qui était en train de se passer.
Axl a demandé à Zakk Wylde de venir répéter avec nous ainsi qu'à Paul Huge. Il pensait probablement que j'aimerais l'idée parce que Zakk était un de mes amis et que je le respectais en tant que guitariste, mais ça n'était pas la solution pour moi. J'ai émis l'idée de réembaucher Gilby et l'idée a été catégoriquement rejetée. Il y eut quantités de messages envoyés ça et là , via Doug Goldstein, sur ce qu'Axl voulait, avait besoin, et sur ce que nous devrions faire. La seule manière dont je communiquais avec Axl était via Doug à ce moment. Des fois j'appelais Axl mais la plupart du temps, il ne décrochait pas ou ne me rappelait pas. Et lorsqu'il venait aux répétitions il ne chantait pas. Mes souvenirs sont vagues, faut dire qu'il n'y eut que de petits "boeufs". Je dois dire, que le matériel était bien installé. Tout bien considéré, ces sessions ont coà»té beaucoup trop d'argent comparé au peu d'évènement et à la situation déprimante qui se tramait.
Aussi énervé que je l'étais d'avoir été rappelé à la maison pour ne rien faire, mon cà´té responsable a parlé et j'étais déterminé à sortir quelque chose malgré le fait que j'avais le moral dans les chaussettes. Je n'étais pas sà»r de ce que je devais attendre de Zakk Wylde mais je souhaitais le meilleur. C'est un mec super ; je me rappelle l'avoir rencontré au Sunset Marquis la nuit o๠il a été embauché pour être le guitariste d'Ozzy des années plus tà´t. Nous avons squatté sa piole pour célébrer l'évènement jusqu'à ce que je le laisse agonisant dans sa baignoire. La personnalité de Zakk est comme celle de Steven multipliée par 10 : il ne machait pas ses mots et n'avait pas peur d'en découdre. Je ne voyais pas Axl et Zakk tenir ensemble plus d'une semaine. Mais à part ça, lorsque nous avons jammé ensemble au Complex, ça ne collait pas du tout pour moi. Ca n'était pas l'équipe des deux guitaristes qu'était GN'R. Nous étions deux guitaristes solistes qui jouaient les chansons du cà´té opposé de la scène et c'était impérieux. J'avais eu l'habitude de travailler et de jouer avec un guitariste rythmique plus fermé. Si Zakk et moi faisions ça, ça serait un trip complètement différent... plus comme Judas Priest ou autres. Même lui savait que ça ne pouvait pas coller.
"C'était cool" je lui ai dit après avoir jammer un petit peu. "C'était différent".
"Ecoutes" il a dit "C'était pas mal. Nous pourrions faire un truc ensemble, putain, c'était cool. Mais Axl et toi vous devez faire aller ce putain de groupe de l'avant. Rapprochez-vous et putain essayez d'aller de l'avant à nouveau"
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A partir de là , toutes les décisions concernant le groupe étaient prises par Axl et Doug Goldstein. Duff, moi et les autres membres du groupe étions prévenus de ce qu'ils avaient décidé par téléphone et par fax - Guns N' Roses était officiellement devenu une dictature. C'est la vérité écrasante de ce qui était en train de se passer : nous étions comme dans des sables mouvants. Je n'avais plus de point d'appui pour me sortir de là . Pourtant ce que nous étions supposer faire était simple : trouver un nouveau guitariste et faire ce nouvel album. Mais tout était dicté par Axl, et tout en sachant qu'il voulait ma contribution, j'étais étouffée par les tensions et je ne pouvais plus penser correctement. Je pense qu'à la fin, il y eut une lutte acharnée entre lui et moi, lui qui voulait tout contrà´ler et moi qui voulait que se soit plus gérer dans l'esprit d'un groupe. La plupart du temps l'attention du public était centrée sur Axl et moi comme étant le noyau dur de Guns N' Roses, et je pense qu'Axl était d'accord avec ça, mais le succès que GN'R avait généré jusqu'alors provenait des cinq gars qui bossaient ensemble, o๠personne n'était plus important qu'un autre, en tout cas en ce qui me concerne. Mais cette conception était du passé et il n'y avait rien que je puisse faire pour changer ça.
Bien que je le voyais venir depuis longtemps, quand la vérité m'a sauté aux yeux, j'ai continué à refuser d'y croire. Axl était un élément d'une équipe- au moins dans nos esprits même lorsqu'il n'était pas là en personne. Au plus profond de nous, et même lorsqu'il était étrange, le reste du groupe savait qu'il faisait parti du collectif. Maintenant, et soudainement, il n'en faisait plus parti. Nous aurions pu l'ignorer jusqu'à ce moment mais il a fait en sorte que se soit claire que dorénavant nous étions "son" groupe et qu'il avait l'intention de nous tordre et de nous torturer quand il le jugeait utile, en nous gardant à son entière disposition. C'était comme si il croyait que nous apprécierions l'idée.
A ce moment, nous trainions, et dans nos grands temps morts, nous déblatérions. Ca craignait. Après ça, je pouvais à peine me pointer parce que l'animosité était devenu écrasante. Nous passions peut-etre toutes les nuits à écrire ou jammer... La plupart des nuits, nous restions là , frustré à attendre de voir si Axl se montrerait - ce qu'il faisait, habituellement après que la plupart d'entre nous soit parti dormir- selon toute vraisemblance nous étions en train d'écrire la musique pour le nouvel album de GN'R. Par dessus tout ça, un nouveau problème de contrat a perturbé un peu plus le fonctionnement dans une situation déjà fragile.
A suivre
c'est pas faux