Pour les fans de la musique classique...

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JayBea
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    JayBea
    le 19 Mar 2017, 17:00


Ça doit être chouette de jouer d'un instrument d'orchestre... La guitare, c'est sympa, mais bon.
jules_albert
La note fauve

Libération du 18 juin 2004 : « Le téléphone est-il l'avenir de la musique ? Alors que le marché de la sonnerie explose, un groupe allemand lance le premier album composé exclusivement pour le portable. »
On apprend qu'après (ou en même temps - c'est pas grave, on n'est plus à ça près) avoir joué les victimes éplorées du piratage domestique, les majors du disque se frottent les mains devant le nouveau marché représenté par les sonneries de téléphone portable. A l'intérieur de l'article, des citations marquées au fer rouge de l'intelligence moderne, comme celle-ci : « Les jeunes sélectionnent le morceau qu'ils aiment et l'utilisent comme une manière de manifester leur identité. Quand une sonnerie résonne dans un bus, ça dit : "je suis là, et ceci est ce que j'aime". C'est comme porter un badge de son groupe favori.» Il y est aussi question d'un groupe de jeunes à têtes de pandas qui a fait un album rempli de morceaux de trente secondes destinés à servir de sonnerie de téléphone, et plein d'autres trucs aussi intéressants.

Ça va donc bien pour la musique et pour les musiciens. Après nous avoir bassiné pendant des siècles avec leurs affres créatives, ils vont enfin pouvoir trouver un débouché intéressant : composer des sonneries de portable. Ils arrêteront peut-être de nous gonfler avec leurs rêves polyphoniques, leurs minuscules problèmes d'interprétation, leurs préludes de choral, leurs symphonies, leur amour suprême, leurs notes qui s'aiment. L'important, si l'on en croit les gens bien informés, c'est qu'une sonnerie de portable, c'est indispensable pour manifester son identité, surtout dans un bus. Ceux qui ne prennent pas le bus et n'ont pas de portable sont priés de fermer leur gueule, et leur identité.

En 1778, Mozart est à Paris. Il écrit : « Je ne me plais guère ici, et cela tient surtout à la musique, je ne trouve aucun soulagement, aucune conversation, aucun rapport agréable avec les gens, en particulier avec les femmes, la plupart sont des catins, et les quelques autres n'ont aucun savoir-vivre.» Le même, toujours à Paris, dans une autre lettre, quelques mois plus tard : « Pour ce qui est de l'opéra, les choses en sont là : il est très difficile de trouver un bon poème. Les anciens, qui sont les meilleurs, ne sont pas faits pour le style moderne, et les nouveaux ne valent rien. La poésie, qui est la seule chose dont les Français peuvent être fiers, devient chaque jour plus mauvaise, et la poésie est vraiment la seule chose, ici, qui doit être bonne, puisqu'ils ne comprennent rien à la musique.» Ces lettres sont citées par Philippe Sollers dans son distrayant Mystérieux Mozart. Le « mystérieux » fait beaucoup pour la morale du vague, si française justement, en vertu de laquelle Philippe Sollers continue à écrire sur tout avec une égale pertinence sans que ça fasse rigoler personne. En vérité, il n'y a rien de mystérieux chez Mozart : c'est un homme à l'œuvre, dans toute la mesure d'un génie exaspéré. Mais on peut lui reconnaître au moins une chose : si certaines de ses œuvres ne survivront que grâce à la sueur des laborieux de Saint-Germain-des-Prés, sa puissance d'analyse sur la France, son malheur, son indignité, sa surdité et sa bêtise arrogante restent d'une cuisante justesse.

Musique utilitaire (les sonneries de portable), musique du lieu commun (« Ah ! le "divin génie" de Mozart... » Mais non, quelques œuvres sont géniales, les autres juste habiles. Pourquoi ne le dit-on jamais ?), variété indigne, « fête » de la musique (tous les ans, à l'ombre des flics). Mais qu'a donc fait ce pauvre pays pour s'imposer comme l'un des moins musicaux du monde ? Rien, justement. La France n'a rien fait. Elle aime la musique, mais seulement au restaurant ou au supermarché. Elle déplore parfois son peu de crédit sur la scène mondiale, alors elle accuse promptement l'enseignement, la rigidité des conservatoires, l'incurie des profs de musique... Sans jamais vouloir s'avouer que le goût de la musique, comme le goût de la beauté, comme le goût de l'intelligence, c'est une éducation qui commence d'abord à la maison. Dans toute l'Europe du Nord, on fait de la musique en famille. Sauf en France, évidemment. Dans toute l'Europe du Sud, un enfant qui manifeste des dispositions et du goût pour un art est pris au sérieux. Sauf en France, bien sûr. La musique n'est pas un métier bien sérieux. On n'est pas sûr d'y faire carrière. A l'exception peut-être des futurs compositeurs de sonneries de portable. La musique, on en veut bien comme un bibelot à poser sur la cheminée, à côté des livres qu'il faut avoir lus et des films dont tout le monde parle. C'est l'effet Star-Ac', la parfaite image inversée de « l'effet Mozart » qui donne un vernis bohème aux gendelettres et à ceux de la haute.

Ce qui manque à la France, c'est l'intelligence du plaisir. C'est Cuba, l'Espagne, le Brésil, la note fauve. Ce qui manque à la France, c'est le cœur du monde.

Gilles Tordjman
Vibrations, 2004
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La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
jules_albert
deux ou trois livres du musicologue joscelyn godwin :


L'Esotérisme musical en France, 1750 - 1950
On a souvent associé ésotérisme et musique. L’auteur, se penchant sur les deux derniers siècles français, montre la légitimité d’un tel rapprochement car la musique apparaît comme le miroir de l’univers entier : harmonie des sphères, correspondances entre le monde, l’âme et le corps humain, relations de la nature aux nombres. En France, entre 1750 et 1950, à travers ses résonances dans le romantisme, le symbolisme et le surréalisme, l’ésotérisme renaît et donne lieu à une nouvelle tradition.





"Les harmonies du ciel et de la terre" de Joscelyn Godwin, professeur de musicologie à Colgate University (New York), s’attache à un aspect encore non exploré de la musique : sa dimension spirituelle, évoquée par Platon, Rameau, Novalis ou Wagner. L’auteur analyse les multiples expériences rapportées par le mythe où se révèle la musique idéale et achève son étude sur l’exposé synthétique et quasi-exhaustif des systèmes théoriques d’harmonie céleste tant anciens que modernes, de Pythagore à Rudolf Steiner.


What lies beneath the surface of music and what gives it its transcendent power? For many people, music is the primary catalyst for experiences of expanded consciousness. Musicians and lovers of music--all those who have ever reflected on its inner reality--feel that a true philosophy of music cannot deal with physics and psychology alone. It must include the universal and mystical aspect of which Plato, Kepler, Rameau, and Novalis wrote, and of which Wagner said: "I feel that I am one with this vibrating Force, that it is omniscient, and that I can draw upon it to an extent that is limited only by my own capacity." The spiritual power of music surfaces in folklore, myth, and mystical experience, embracing heaven and earth, heard as well as unheard harmonies. Joscelyn Godwin explores music's perceived effects on matter, living things, and human behavior. He then turns to metaphysical accounts of the higher worlds that are the birthplace of Harmony, following the path of musical inspiration on its descent to Earth, and illuminating the archetypal currents that lie beneath Western musical history. A final section gives the fullest account ever published of theories of celestial harmony, from Pythagoras to Rudolf Steiner and Marius Schneider. Joscelyn Godwin, professor of Music at Colgate University, is the author of The Harmony of the Spheres, Arktos: The Polar Myth, The Theosophical Enlightenment, and many other books on music and esoteric traditions.



superbe édition chez atalanta : https://www.edicionesatalanta.(...)id=42
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La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
fab38
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    fab38
    le 12 Janv 2018, 15:06
jules_albert a écrit :


jan swafford, beethoven, anguish and triumph (pas encore traduit en français)


Celui-là m'intéresserait au plus haut point. Il traite de Beethoven sous quel aspect? Car c'est un des grands manques à ma connaissance : je n'ai pas encore trouvé de biographie du grand bonhomme qui ne soit pas une liste de lettres et de références assez difficiles à lire et à s'approprier.

Tu as des conseils sur le sujet?
jules_albert
fab38 a écrit :
jules_albert a écrit :


jan swafford, beethoven, anguish and triumph (pas encore traduit en français)


Celui-là m'intéresserait au plus haut point. Il traite de Beethoven sous quel aspect? Car c'est un des grands manques à ma connaissance : je n'ai pas encore trouvé de biographie du grand bonhomme qui ne soit pas une liste de lettres et de références assez difficiles à lire et à s'approprier.

Tu as des conseils sur le sujet?

il y a ces deux beaux ouvrages sur beethoven : celui de maynard solomon, et celui très connu de jean et brigitte massin (tous deux publiés par fayard).

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jules_albert

khatia buniatishvili, magnifique pianiste.

Citation:
I have seen Horowitz live at Carnegie Hall 5 times .. I was present at the Concert of the Century where Horowitz played at night with Leonard Bernstein and the NY Philharmonic and even where he played with Rostropovich Stern and Yehudi Menhuen. I know what excitement is. I haven't been this thrilled by a pianist since those Horowitz days. She has IT and anyone who knows what true greatness is knows she has IT. She is simply thrilling.
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La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
Une réinterprétation imaginative (la passion est intacte) :

L'une des plus fantastiques interprétations de Beethoven (hyper-énergétique) :

Masha
  • Masha
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  • Publié par
    Masha
    le 17 Juin 2018, 09:50



WTF


Elle a peu triché mais c'est pas grave
Postez des recettes, bordayl de merde.

Fâchez-vous comme vous voulez, je m'en fous.
jules_albert

manuel rosenthal, maurice ravel, souvenirs

http://www.editionsfario.fr/sp(...)le261


Citation:
C’est, d’une part, le Maurice Ravel public et le musicien que dévoilent ces Souvenirs de son élève et ami Manuel Rosenthal : ses compositeurs de prédilection (Mozart, Weber, Schumann, Bellini, Chopin), son souci du monde et sa compassion, ses inclinaisons politiques (il fut proche de Léon Blum), ses amitiés, ses admirations (Rimski-Korsakoff, Puccini, Massenet), sa relation avec ses maîtres ou avec les grands contemporains (Fauré, Debussy, Grieg, Stravinski) et avec les interprètes ou les disciples.

Mais c’est aussi l’intimité de l’homme qui est longuement évoquée, son style de vie, son extrême sensibilité à la beauté des femmes, sa prétendue chasteté et son goût pour l’argot militaire, ses insomnies, ses habitudes alimentaires, son engagement lors de la guerre 14-18, son refus de la Légion d’honneur, son goût pour la langue basque. Il apparaît ici dans sa maison de Montfort-l’Amaury, auprès de sa gouvernante, de ses ami(e)s, ou dans sa solitude de lecteur.
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