fabh a écrit :
jules_albert a écrit :
fabh a écrit :
jules_albert a écrit :
mabuto a écrit :
Néanmoins, peut-on reprocher à une bande de jeune rockers, tout droit sortis des campagnes bouseuses, de se laisser une chance d'un avenir meilleur et de vivre de cette musique qu'ils aimaient tant.
oui, on peut. car il n'y a pas besoin de signer chez geffen pour vivre de sa musique.
Oui, mais a l'epoque (on va dire jusqu'en 2000), signer chez une major c'etait la consecration pour beaucoup (une grande majorite) d'artistes et surtout une valeur sure dans la representation/distribution de sa musique (et le vol de ses droits
).
Aujourd'hui ca ne veut plus rien dire tout ca, les moyens de distribution sont totalement differents d'avant la democratisation d'internet, et on peut totalement s'en sortir en etant independant et en donnant sa musique gratuitement sur son site web..
il y a quand même eu pleins de groupes d'avant les années 2000 qui ont fait de belles carrières sans signer chez une major, comme les pixies par exemple.
Relis mon message, et tu verras que je n'ai pas dit "tous les artistes" mais "beaucoup". Bien sur qu'il y a eu des artistes qui on parfaitement réussi leur carrière sans être signés chez une major.
Mais prendre le cas des Pixies.. Je sais pas si c'est le parfait exemple, vu qu'ils sont signés chez Elektra, qui est une filière d'Atlantic Record, donc de Warner Music Group.
les pixies n'avaient signé qu'un deal de distribution avec elektra. pour le reste, les pixies restaient liés par contrat au label indie 4ad.
ce deal de distribution ne donnait certainement pas à elektra un droit de veto sur la musique. alors que geffen avait ce droit de veto sur la musique de nirvana.
sinon, pour un regard rétrospectif et actuel sur la situation de la musique indé, je mets l'interview récente de l'ex-diabologum michel cloup qui parle très bien de tout ça
http://www.lesinrocks.com/musi(...)39bfb
inrock : Nevermind est aussi un disque dont le succès a ouvert des portes pour le rock indé des années 90…
michel cloup : Oui, mais de manière paradoxale, parce qu’il en a aussi fermé. Quand Nirvana ou Sonic Youth ont signé sur des majors, ça a été incroyable pour ces groupes. Mais du coup, le rock indépendant est devenu une espèce d’étiquette de major. Un groupe qui sonne comme Pavement, ça marchait dans les années 90. Aujourd’hui, il n’aurait pas sa place sur la FM. Le succès de Nirvana a à la fois ouvert et fermé. Depuis les années 2000, il y a une ghettoïsation pour le rock indé. Les choses vraiment intéressantes n’ont accès à aucun média, sortent sur des petits labels. En tout cas il n’y a pas l’exposition qu’avait Nirvana à l’époque. Le rock alternatif d’aujourd’hui est plus formaté. Il y a une standardisation de la production, pour passer à la radio, à la télé. Ce n’est pas la faute de Nirvana, mais je pense que c’est un peu lié. Ça leur a un peu échappé. Il y a une dictature des formats, même chez les jeunes musiciens. La norme est admise. Je n’aime pas le fait qu’on te dise que pour réussir, il faut placer ta musique dans des pubs. La mode a vampirisé le rock et l’art contemporain. Ce sont des accessoires, un jean, un t-shirt, une pochette, une bande-son. Ça ne veut plus dire grand-chose.
inrock : Nirvana a été le dernier groupe à la fois subversif et populaire.
michel cloup : Complètement. C’est là où je trouve dommage que Kurt Cobain ne soit plus là. J’aurais aimé que Nirvana continue. C’est un groupe qui avait de l’avenir. C’est le dernier groupe de rock, vraiment de rock, avant que des gens comme nous partent dans la marge pour laisser la place à de la musique logo. La musique aujourd’hui, c’est ça, un logo, une attitude. Nirvana, il y avait quelque chose derrière l’attitude, des idées, un mode de vie, une liberté. Aujourd’hui, dans le mainstream, la musique est à la botte des vendeurs de t-shirt et de yaourts. Je crois aussi qu’on est revenu à quelque chose d’antérieur au succès de Nevermind, une contre-culture. Avec les années de crise, je croise de plus en plus de jeunes qui ont vraiment une force, une envie, des réseaux. Ça a développé une indépendance totale, plus forte que dans les années 90-2000. C’est la crise, il y a une ghettoïsation, mais plein de jeunes mecs y vont, ils ont plusieurs groupes, ils ont leurs labels… L’énergie est là, tout n’est pas perdu.
inrock : Toi-même, tu sors ton album en autoproduction. C’est un choix ?
michel cloup : Je ne me sentais pas d’aller démarcher des labels, je voulais que ça sorte vite. Et j’avais eu des mauvaises expériences avec le dernier label d’Expérience. Je sais comment faire un disque. Je sais un peu où je vais. C’est aussi lié à cette nouvelle économie. Dans les années 90, tu vendais 15 000 disques, c’était notre cas avec Diabologum. Dans les années 2000, c’était 7000. Aujourd’hui c’est 1000. Mais il n’y a pas moins de gens qui écoutent ta musique. De toutes façons, je n’ai jamais gagné d’argent avec les ventes de disques. Ce qui fait vivre, c’est les concerts. Et les pubs. Mais je n’ai pas de chance, ils ne me veulent pas.