Les Beatles

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Bobo: la définition musicologique de la musique Beat est précisément le mélange des rythmes R&B et Rock des 50's avec les harmonies vocales de la soul US (les Everly brothers n'étant qu'une resucée des vrais précurseurs noirs, beaucoup moins relayés médiatiquement que "l'aspartame blanchisé" uniquement car la société US était fortement ségréguée).

J'avais vu un excellent docu sur Arte qui expliquait que le rock des 50's posait des gros enjeux sociétaires aux US car il poussait les jeunes à se mélanger entre blancs et noirs. Ca ne plaisait pas du tout à l'establishment WASP.

Comme par hasard, à la fin des 50's, le rock était mort aux USA: Chuck Berry en tôle, quelques morts en accident d'avion ou de voiture, Little Richard "miraculeusement" recyclé en pasteur, elvis bouffi dans son confort... on peut y voir une influence plus ou moins volontaire de la CIA...
Moi ça me parait plausible car on sous-estime aujourd'hui la "peur du noir" qui caractérisait la société US à l'époque.
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Ad Rock a écrit :

Pour ce qui est du changement d'orientation des Beatles, et même si tu connais certainement beaucoup mieux le sujet que moi, je partage pas tout à fait ton analyse. Du peu que j'en sais j'ai l'impression que ce qui a réellement déclenché un changement de cap chez les Beatles, c'est pas tant le fait d'avoir digéré leurs influences que d'avoir été confronté à l'impossiblité matérielle d'effectuer des concerts (vu que tout ce qu'on entendait était le cri strident de donzelles émoustillées) ce qui quelque part les a poussé à se concentrer sur un travail de studio avec des arrangements plus pointus.


je suis d'accord avec ça moi aussi: ils sont le 1er groupe à faire des tournées mondiales et ils se sont rincés dans cet exercice. Ils l'expliquent bien dans les DVDs Anthology.
Par ailleurs je considère pour ma part que leurs influences étaient déjà digérées à leur retour d'Allemagne, puisque justement ils ont lancé de nouveau son du BEAT, mélange novateur de deux styles existants.

En quittant la scène, ils ont acquis un statut d'icône qui a accompagné toutes les 60's. La scène musicale, la vraie, était super active avec pleins de groupes et de fans dans les clubs... mais eux ils étaient au dessus, un peu inaccessibles et pas forcément meilleurs que chaque autre groupe dans leur style respectif, mais toujours avec un temps d'avance.
Doc Loco
Ad Rock a écrit :

Pour ce qui est du changement d'orientation des Beatles, et même si tu connais certainement beaucoup mieux le sujet que moi, je partage pas tout à fait ton analyse. Du peu que j'en sais j'ai l'impression que ce qui a réellement déclenché un changement de cap chez les Beatles, c'est pas tant le fait d'avoir digéré leurs influences que d'avoir été confronté à l'impossiblité matérielle d'effectuer des concerts (vu que tout ce qu'on entendait était le cri strident de donzelles émoustillées) ce qui quelque part les a poussé à se concentrer sur un travail de studio avec des arrangements plus pointus.


Il y'a de celà, sauf que l'évolution en question était bien antérieure à la fin des concerts - elle commence à mon sens à poindre fin '64 sur "A hard day's night" , avec des morceaux comme "If I fell" (dont l'intro est considérée par Paul Gilbert comme la plus belle jamais produite, rien que ça - cette référence ne va pas plaire à tous ceci dit ) ou Any time at all, puis plus fortement sur "Help" - la chanson titre, You've got to hide your love away, I need you ou Ticket to ride pour enfin aboutir à l'album réellement novateur, Rubber soul. Puis Revolver et ils tournent encore à l'époque! (je n'ai pas cité le rôle primordial des singles de l'époque, qui ne se retrouve pas sur les albums!)
Après la fin des tournées, ils vont certes encore plus élaborer le travail de studio, mais la qualité des compostions - de toute façon déjà au top - ne va plus augmenter.
Tiens, entre parenthèse, en ce qui concerne leur évolution, elle repose à mon sens aussi sur deux autres piliers: le fait qu'ils réalisent qu'ils peuvent écrire eux-même leurs morceaux - ça peut paraître banal de nos jours, mais à l'époque rares étaient les artistes qui interprétaient leurs propres compositions, là aussi ils ont lancé le mouvement - et l'écoute de Dylan qui leur fait réaliser qu'ils peuvent écrire sur tout ce qui les intéresse, au lieu de se limiter comme tout le monde à l'époque aux filles et peines d'amour.
In rod we truss.

"Quelle opulence" - themidnighter

"It's sink or swim - shut up!"
Invité
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Il est vrai que les compositions des titres que tu cites sont déjà plus élaborées que celles des tout débuts mais je trouve cependant que ça reste des morceaux tout à fait aptes à être joué live (moyennant éventuellement quelques arrangements). Mais il y a encore un monde de différence entre ces titres et ce qu'on retrouve sur Sgt. Pepper's par exemple... Auraient-ils été amenés à composer des morceaux comme "A Day In the Life" s'ils étaient restés dans une optique albums/tournées, je n'en suis pas si sûr...
Doc Loco
En fait, tant qu'ils sont resté ensemble, ils ont réussi à utiliser les difficultés pour créer autrement ou davantage - c'est le cas des concerts inaudibles dû au fait d'une sonorisation digne d'un salon actuel face à 50.000 pucelles en délire (à noter qu'il est d'autant plus troublant d'écouter les enregistrements des concerts au Shea stadium et de réaliser que malgré qu'ils ne s'entendaient absolument pas - Ringo se calait sur le battement de pied de John! - la mise en place était plus que correcte, jusque dans les harmonies, comme quoi la formation à la dure des bars d'Hambourg continuait à porter ses fruits). C'est aussi le fait des tensions interpersonelles, "utilisées" pour écrire de façon plus personelle, avec une liberté revendiquée.
In rod we truss.

"Quelle opulence" - themidnighter

"It's sink or swim - shut up!"
fab75019
moi aussi quelle analyse!!!
Doc Loco
jules_albert a écrit :
tiens, les beatles apparaissent dans le film "la société du spectacle" en compagnie d'autres rockers traités de "révoltés purement spectaculaires", c'est-à-dire bidon

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Typique d'une certaine pensée "philosophique" française (et pas seulement d'ailleurs) de l'époque (oui, je sais qu'il s'agit du grand oeuvre du maître à penser de certains ici, Guy Debord): on ne voit que "le spectacle", on passe totalement à côté de la création artistique qui est pourtant l'essentiel (mais à l'époque, même - ou surtout - dans les élites intellectuelles, tout ça n'est que "du yéyé" hein - tous ceux qui ont vécu les sixties savent de quoi je parle, ce mépris imbécile cachant en fait une totale incompréhension de ce qui se passait sous leurs yeux). On se targue d'aller au fond des choses mais en vérité on reste dans l'apparence, le superficiel, on juge les comportements "des masses" avec un dédain à peine dissimulé, du haut d'une suffisance surranée. On voit d'ailleurs où certains ont emprunté leur style .

Et puis ça manque cruellement d'action ce film non? J'parie que même en 3D ce sera pas le blockbuster de l'année .
In rod we truss.

"Quelle opulence" - themidnighter

"It's sink or swim - shut up!"
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Je n'aurais pu mieux dire Doc
jules_albert
Doc Loco a écrit :
jules_albert a écrit :
tiens, les beatles apparaissent dans le film "la société du spectacle" en compagnie d'autres rockers traités de "révoltés purement spectaculaires", c'est-à-dire bidon

&playnext=1&list=PL30C4A868F89A6AD7


Typique d'une certaine pensée "philosophique" française (et pas seulement d'ailleurs) de l'époque (oui, je sais qu'il s'agit du grand oeuvre du maître à penser de certains ici, Guy Debord): on ne voit que "le spectacle", on passe totalement à côté de la création artistique qui est pourtant l'essentiel (mais à l'époque, même - ou surtout - dans les élites intellectuelles, tout ça n'est que "du yéyé" hein - tous ceux qui ont vécu les sixties savent de quoi je parle, ce mépris imbécile cachant en fait une totale incompréhension de ce qui se passait sous leurs yeux). On se targue d'aller au fond des choses mais en vérité on reste dans l'apparence, le superficiel, on juge les comportements "des masses" avec un dédain à peine dissimulé, du haut d'une suffisance surranée. On voit d'ailleurs où certains ont emprunté leur style .

c'est bien possible, mais remarque que debord ne fait qu'effleurer le thème de la culture pop dans son film, c'est une remarque en passant qu'il fait, son propos étant bien plus général. difficile toutefois de lui donner tort... tu parles de "création artistique", elle me paraît bien pauvre dans le domaine du rock.
je discutais récemment avec un pote fan des beatles et il m'expliquait que c'est leur manager brian epstein qui avait décidé un jour de rendre vendable ce quartette de jeunes rockers en adoucissant leur répertoire et en les affublant tous les quatre du même uniforme, de la même coupe de cheveux et des mêmes bottines, mais que ce processus industriel bien rôdé qui consiste à fournir des tubes pendant une ou deux saisons par de charmants jeunes gens suivie de leur éviction et de leur remplacement par d'autres, habillés et coiffés différemment ne tourna pas comme prévu. les beatles se seraient mis dès 1962-63 à composer et interpréter leur propres chansons en refusant de suivre les directives musicales qu'on voulait leur imposer, revendiquant ainsi un statut d'"artistes" qui ne leur était en principe pas accessible.
en 1966, ils cessent les tournées promotionnelles ce que certains considèrent comme un suicide commercial mais c'est discutable car avec l'apparition de media spécialisé dans le rock, les beatles pouvaient certainement continuer à promouvoir leurs disques sans besoin de tournées.
en 1970, ils se séparent constatant qu'ils ne s'entendent plus alors que la logique commerciale aurait voulu qu'ils continuent à exploiter leur notoriété en tant que groupe comme les rolling stones, ces pseudo-rebelles musicalement stériles depuis plus de 30 ans et dont les sempiternelles tournées sont sponsorisées par microsoft ou mercedes.
donc l'exemple des beatles, parmi d'autres, montrerait le rôle que joue la créativité individuelle au sein du processus de production industriel. mais les beatles n'ont pu faire ce qu'ils ont voulu que parce que leurs disques se vendaient très bien. et si ces disques se vendaient si bien, c'est certainement parce qu'il s'agissait d'une musique formatée, facile d'accès, ne dérangeant personne. donc on est en droit de se poser des questions sur la qualité de cette "créativité artistique" qui plaisait à tant de monde et rapportait (et rapporte encore) de si juteux bénéfices...
pour ma part je ne vois dans les beatles que formatage au niveau de la musique, récupération des nouvelles tendances apparues à leur époque (pas des précurseurs donc, mais d'habiles recycleurs qui prenaient garde d'ôter tout ce qu'il y avait de réellement subversif dans ces nouvelles tendances) et provocations faciles au niveau de l'attitude ("nous sommes plus célèbres que jésus-christ" et autres vantardises bien balourdes reprises aujourd'hui par des gens comme oasis).

Citation:

Et puis ça manque cruellement d'action ce film non? J'parie que même en 3D ce sera pas le blockbuster de l'année .

attention de ne pas tomber dans le même piège que tu dénonces, c'est-à-dire de juger les oeuvres avec suffisance et de manière superficielle...
par ailleurs, le but de debord n'a jamais été de produire des blockbusters ni des films en 3d, tu le sais certainement
Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
Invité
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J'hésite entre l'hilarité et les larmes...
Doc Loco
jules_albert a écrit :
Doc Loco a écrit :

Et puis ça manque cruellement d'action ce film non? J'parie que même en 3D ce sera pas le blockbuster de l'année .

attention de ne pas tomber dans le même piège que tu dénonces, c'est-à-dire de juger les oeuvres avec suffisance et de manière superficielle...
par ailleurs, le but de debord n'a jamais été de produire des blockbusters ni des films en 3d, tu le sais certainement


Joli, j'adore les mises en abyme à tiroir .
In rod we truss.

"Quelle opulence" - themidnighter

"It's sink or swim - shut up!"
jules_albert
Ad Rock a écrit :
J'hésite entre l'hilarité et les larmes...

ce qui ne fait pas beaucoup avancer la discussion, reconnaît-le

de mon côté j'aurais pu me contenter de dire que la musique des beatles ne m'intéressait pas et m'en tenir là. mais j'ai quand même fait l'effort de donner quelques arguments.
Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
20th Century Boy
Ad Rock a écrit :
J'hésite entre l'hilarité et les larmes...


Opte pour l'hilarité, il ne faut pas prendre Jules Albert trop au sérieux il le fait déjà suffisamment lui même.
Doc Loco a écrit :
oui, je sais qu'il s'agit du grand oeuvre du maître à penser de certains ici, Guy Debord.
une mono référence.
well I’m a mess / hell, I know that it’s a crappy excuse
jules_albert
quand même, les groupes de rock les plus intelligents comme wire ont pas beaucoup vendu, ils se heurtaient à l'indifférence.
donc c'est pas par la créativité artistique que l'on atteint un succès comme celui des beatles mais plutôt par le compromis et le formatage

20th Century Boy a écrit :
Opte pour l'hilarité, il ne faut pas prendre Jules Albert trop au sérieux il le fait déjà suffisamment lui même.

dès qu'on aligne trois phrases en français à peu près cohérentes c'est qu'on se prend au sérieux. ce qu'il faut pour être dans la ligne c'est placer une blague potache tous les deux mots avec les smileys ad hoc
Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf

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