lemg a écrit :
Ca ne vaut sans doute pas grand chose, puisque ce ne sont que les avis de quidams lambda mais essayons quand même.
Je discute régulièrement de cette époque avec mon père (bon, déjà c'est foutu, discuter avec son père, c'est pas rock'n roll
) pour la simple et bonne raison qu'il est de cette génération et que lui, son frère et des amis à eux ont pris le rock'n roll dans la figure quand ils étaient jeunes. En 59, ils foulaient les scènes locales (autrement dit rien), où ils jouaient de tout. Ca veut dire aussi bien Les Frères Jacques que Ray Charles, même s'ils préféraient sans doute le second.
C'était un groupe quelconque, en ce sens qu'ils n'étaient pas forcément géniaux (selon eux, moi je ne peux pas dire
), mais ils adoraient ça.
Aucun d'eux n'a jamais nourri le moindre fantasme en direction des USA. Et sauf erreur de ma part, aucun d'eux n'a jamais cherché à y foutre les pieds.
Ils prenaient juste énormément de plaisir à jouer une musique alors encore fraîche et qu'ils aimaient, sans se soucier de la suite. D'ailleurs, ça n'a duré que quelques années. Mais il n'y a pas de regret.
Toujours est-il que lorsqu'on en parle en famille, c'est loin d'être la déification permanente du libérateur. Reconnaître tout ce que les américains ont fait pour nous aider, oui, mais pas au moins de tout renier en se rêvant natif de l'Arkansas.
Très belle analyse mais quel est le rapport ? C'est à croire qu'aucun d'entre vous n'est au courant de ce qu'est le "rêve" américain véhiculé à l'époque.
Il n'a jamais été question d'y partir (y'en a très peu qui ont mené le rêve jusqu'au bout et y sont allés y vivre). Il n'empèche que tout le rock de l'époque en France était basé sur un "fantasme" (mot à la mode) américain.
Tous les yéyés reprenaient en quasi totalité des adaptations de tubes américains. Les idoles de cette époque, comme Dick Rivers, se revendiquaient des USA ou du moins de leur héritage, car n'en déplaise aux gens, les Etats unis faisaient rêver.
La france des années 50 et du début des sixties, c'était Nanterre et ses bidonvilles, un pays détruit par la guerre qui se recontruisait, vieillissant et pas très glorieux. Les USA, c'était le frigidaire, la belle maison, la belle voiture... le progrès, l'avenir !
Il existe une forme d'hypocrisie par rapport aux USA qui ont été fantasmés à cette époque qui est apparue dans les années 60. Les Beatles, les Mods, le Swinging London d'un angleterre qui exportait sa culture et en même temps, les débuts de la crise du vietnam. Les yéyés ont très vite passé de mode, les USA un peu ringardisés et critiqués (en réaction à celà, tu as Sardou et ses "ricains").
Moi ce qui me dérange, c'est l'amalgame "Johnny = Musique pour beauf". Le beauf tel qu'on le visualise en France, son origine est loin d'être glorieuse. Ca remonte à Mai 68, quand les ouvriers, qui étaient avec le mouvement social étudiant une composante du noyau contestataire et qui ont abandonné la contestation une fois leurs exigences satisfaites.
En fait, tu avais les étudiants, qui rêvaient à la révolution, et les ouvriers qui voulaient un meilleur salaire. On a accordé le meilleur salaire aux ouvriers qui sont retournés bosser, les étudiants ont mal pris cet abandon, considéré comme une trahison, car l'ouvrier en avait rien à foutre de la révolution. C'est de là qui née l'image du beauf français "bérêt-baguette" dans les films de la nouvelle vague et chez les intellectuels de 68.
Alors, pour en revenir à Johnny, ce type était un petit gars, orphelin de père. Quand il se levait le matin, sa question existentielle n'était pas de savoir quels micros il allait monter sur son Epiphone. Pour lui, son avenir, c'était surement ouvrier, travailleur à l'usine. Il a eu un rêve, il s'y est accroché. Beaucoup de gens l'ont moqué, mais le succès est là, depuis près de 50 ans.
Hé les mecs, j'ai composé une chanson qui dure 5 minutes 15, et si on l'appellait 5:15 ???