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On peut bien l’avouer maintenant, From a Basement on the Hill était un testament indigne d’Elliott Smith. L’album posthume raccommodé en 2004, quelques mois après le suicide du songwriter le plus foudroyant de l’entre-deux-siècles, laissa dans l’orphelinat bondé de ses admirateurs l’amer parfum d’un sursis inutile. Ce qui refait surface aujourd’hui, une opulente collection de vingt-quatre titres, pour la plupart inédits dans le circuit officiel, constitue une prise autrement plus solide, rivalisant sans rougir avec ce que Smith publia dans les mêmes eaux, c’est-à-dire son second album éponyme, ainsi que le fameux Either/Or.
Si, plus tard, Smith enrubanna ses chansons des arrangements baroques qu’elles méritaient, on l’aimait tout autant dans cette période de dénuement, avec une guitare tressée dans des cheveux d’anges et ce feuilleté de voix qui n’appartient qu’à lui et que l’on retrouve non sans un gros pincement au thorax. La plupart des compositions ici se contentent de ce peu qui, avec lui, est déjà immense, avale tout l’espace, vibre de partout, comme si c’était un orchestre philharmonique tout entier qui tenait le manche, une chorale qui habitait ses cordes vocales. Quelques autres sont étoffées d’orchestrations en groupe, comme ce New Monkey aux allures de petit tube pop expédié d’outre-tombe ou encore le joliment troussé Either/Or, qui ne figurait pas sur l’album du même nom. On trouve également des versions déshabillées de vieilles connaissances comme Miss Misery ou Pretty Mary K.
Extrêmement prolifique, Elliott Smith s’est ainsi permis de laisser au fond de ses tiroirs ce qui chez bien d’autres trônerait sur la cheminée, en vitrine, encadré d’or. Souvent des ballades pour cœurs blessés, aux élans pourtant optimistes, aériennes et funambules, que l’on écoute comme on regarderait tomber des flocons de neige, ou filer les étoiles. D’ailleurs, une bouleversante reprise de Big Star (Thirteen) vient confirmer le lien télépathique qui existait entre le tatoué de Portland et l’un des plus merveilleux groupes américains des seventies, avec Alex Chilton et surtout avec Chris Bell, l’auteur de I Am the Cosmos. Aujourd’hui, c’est Elliott Smith qui embrasse le cosmos, et qui n’en finit plus de nous manquer ici bas. Heureusement qu’il reste Sufjan Stevens.
Christophe Conte
Perso je suis pas d'accord pour From a Basement. Si aux premières ecoutes j'ai été trés décu, au fil du temps il s'est imposé à mes oreilles comme une bombe ... "King crossing" " strung out Again" "the Last hour" "A distorted reality" "Coast to Coast" monstrueux tout ca ...