Ah ..Bob, un des génies de la musique des 60's qui a influencé tout le monde à l'époque, des Beatles à Hendrix.... petite liste non exhaustive :
Il commence dans la mouvance Folk US du début des années 60, aux côtés de gens comme Tom Paxton, Joan Baez, ou bien cet autre génie méconnu qu'était Fred Neil (depechez vous d'aller écouter Bleecker & MacDougal, il y a des morceau beaux à pleurer la dessus et quelle voix...). Comme leur idole à tous Woodie Guthrie ils gratouillent des chansons, magnifiques pour certaines, avec leur gratte acoustique dans les cafés de New York. C'est au milieu de cet effervescence folk et du protest song que surgit donc le sieur Bob. Après un excellent premier album aux sonorités étonnemment blues quand on connait la suite de sa carrière, Bob nous gratifie en 62 de son premier chef d'oeuvre (à 21 ans )
The freewheelin' Bod Dylan
Ce disque contient des classiques tels que 'blowin' in the wind, masters of war, A hard Rain's gonna fall, don't think twice... C'est le chef d'oeuvre de sa période folk protest-song. Il est suivi, l'année suivante de son petit frère
The Times They Are a-Changing
qui ne contient pratiquement que des perles, même si on peut lui trouver moins d'humour et de distanciation que l'opus précédent.
En 1963 arrive
Another Side of Bob Dylan
, album un peu à part qui marque un début de "revirement" de Dylan, qui, lassé de la mouvance folk et du protest song, commence plus à se tourner vers des textes plus personnels et vers la poésie un peu barré des poètes Beat de la génération précedente. Cet album n'est pas forcemment apprecié par les fans hardcore de l'époque qui ne comprennent pas ce changement de direction. Ils ne savent pas encore ce qui les attends...
65/66 sont les 2 années phares de Dylan, ce qu'il publie ces années là est carrement tellurique. Pas moins de 3 albums en 2 ans dont un double (le premier double album de l'histoire de la musique pop, à égalité avec la premier album de Zappa!). Dylan qui a entendu les byrds reprendre sa chanson blowin' in the wind avec des arrangements "electriques" donnant ainsi naissance à la mouvance folk rock (dans laquelle Simon and Garfunkel vont s'empresser de plonger cf the sounds of silence) se dit que c'est de ce côté (mais à sa façon) qu'il veut chercher. De plus sa façon d'écrire change, il est de plus en plus attiré par la poesie surréaliste et les collages verbaux d'images poétiques un peu barrée. c'est
Bringing it all back home
qui ouvre le bal, une face electrique, une face acoustique avec des chef d'oeuvre tels que Subterranean Homesick Blues, Maggie's Farm, Mr. Tambourine Man, It's All Over Now, Baby Blue... C'est en jouant des titres de cet album en 65 que Dylan est hué au festival de Newport comme un "traitre" à la cause folk. Ce genre d'incident se produira tout le long de ses tournée 65/66. Un chef d'oeuvre en appelant un autre parait la même année
Highway 61 Revisited
Brulôt éléctrique qui s'ouvre sur le désormais classique Like a Rollling Stone (aller écouter la reprise d'Hendrix en version ballade soul, à Monterey, c'est hallucinant aussi), qui contient le génial Ballad of a thin man et se conclut par 11mn (!) du bouleversifiant Desolation Row. Al Kooper et Mike Bloomfield ont été recruté pour l'occasion...Là on en arrive à se demander comment il fait... Mais comme Bob n'en a pas marre, il publie en 66 ce qui est sans doute son chef d'oeuvre
Blonde on Blonde
qui outre le jeu de mot du titre (:lol est comme je l'ai déjà dit, le premier double de l'histoire de la pop, et sans doute un de ceux qui se tient le plus à très haut niveau de bout en bout. On commence par la fanfare barrée de Rainy Day Women #12 & 35 qui en dit long sur les pratiques lsd-à-joinïfique de Bob à l'époque et ensuite les perles s'enchainent, Visions of Johanna, I want you, Just like a woman, One of us must know, 4th time around, .... Ce disque est génial du début à la fin. Un des très grands classiques du rock.
Un grave (ou pas on en saura sans doute jamais rien) accident de moto en 1966, marque la fin de cette période faste pour Bob qui en profite pour arrêter les tournées et se rangera des voitures dans une baraque à la campagne avec son groupe de scène (le futur "the band"... mais c'est une autre histoire), retraite pendant laquelle seront enregistrés plusieurs morceaux qui deviendront par la suite les "basement tapes". Cette coupure marque une rupture dans la carrière de Bob qui vient de se marier et qui en quelques sorte est allé trop loin trop vite, a abusé des substances en tout genre et est considéré par les autres musiciens de l'époque (beatles, hendrix en tête) comme un modèle, rôle "messianique" (c'est à peine exagéré, ecouter God de Lennon pour comprendre) que le père Bob trouve lassant et lourd à porter. Bob va calmer le jeu.
Jusqu'à la fin des années 60 il publiera 2 autres albums fort sympathiques matinés de country:
John Wesley Harding (qui contient l'ineffable all along the watchtower)
et Nashville Skyline
en 1969 qui contient un magnifique duo avec le tout aussi génialissime Johnny Cash (allez écouter de toute urgence ses disques pour ceux qui ne le connaissent pas, c'est un des grands de la musqiue US, injustement méconnu dans nos contrés car catalogué "country". "At folsom prison" ou "At San Quentin" consitutent de bonnes introductions).
Les années 70 seront assez inégales dans la production de Bob. Mais on peut noter un chef d'oeuvre personnel, sorte de catharsis suite à son divorce, le très sombre
Blood on the Tracks
en 1975, que des perles du début à la fin, ainsi que le très bon
Desire
qui lui fait suite dans un registre très différent et qui contient entre autres Hurricane. On notera en complément le live
Before the flood
assez jouissif en 74 avec the band et la BO de
Pat Garrett and Billy the Kid
de 73 qui vaut surtout pour Knockin' on Heaven's Door.
Personellement j'aime moins ce qui suit, les abums 80's sont assez decevants jusquà la renaissance bu Bob en 89 sur
Oh Mercy
et surtout le bouleversant
Time out of Mind de 97
pour lequel Daniel Lanois lui a concoté un son absolument génial, très grand disque des 90's qui montre que l'on peut toujours sortir des disques magnifiques, même après plus de 30 ans de carrière.
En résumé pour aborder Bob, je conseillerai le freewheelin de 62 pour la période folk acoustique protest song (c'est par là que j'ai commencé) et pour la période suivante, Highway 61 constitue une bonne introduction à ce brulôt qu'est Blonde on blonde. Les diverses compilations ne reflètent malheureusement pas du tout l'atmosphère (parce que c'est bien d'atmosphère dont il faut parler) des albums de Dylan. Bob, c'est beaucoup une suite d'instantanés, avec des périodes très contrastées qu'est incapable de refléter une compilation. Un petit tour du côté de Blood on the tracks puis de tout le reste de la discographie est évidemment vivement conseillé...
Edit PS: la plupart de ces albums ont été réédités l'année dernière en version SACD hybride (qui passe sur lecteur CD classique) dans un son infiniment meilleur que les précédentes éditions. Rechercher ces versions en priorité... En réécoutant the freewheelin', j'ai halluciné sur le son de guitare acoustique beaucoup plus vivant et aeré, comme si on était dans la cabine d'enregistrement avec Bob! ...