Le topic de l'élite, la crème de la crème

Comme toujours, je pense que c'est un faux débat. Cependant, s'il y a un truc qui me parle, c'est que parfois dans la musique, on s'ennuie même si tout est objectivement parfait, avec de la complexité, de la dynamique, du mouvement, etc. Alors que d'autre fois, même avec un simple oscillo bien cracra qui donne l'impression de sortir d'un jeu video des années 80, on ne s'ennuie pas une seconde. Je retrouve le même phénomène avec la simulation d'ampli : une merde d'ampli aura toujours un sweet spot, quelque part, peut-être pas le plus polyvalent, alors que même dans le top de la simulation, il manque toujours un truc qui fait qu'on passe la moitié du temps à chercher des réglages. Et ce truc en plus ou en moins, j'ai l'impression qu'il est à rattacher au pouvoir d'évocation. Par exemple, ton dernier truc, Zorzi, Starry Night, c'est propre, c'est plaisant, c'est beau, mais ça manque de spontanéité, on a envie de déchirer le cellophane. On sent qu'on est dans la matrix. C'est mon ressenti. Après, je ne crois pas que la frontière suit exactement la ligne numérique/analogique. Mais je pense qu'il y a un lien.

C'est marrant ce que tu me dis car jamais je n'ai provoqué autant le hasard qu'avec ce morceau. La rythmique est franchement space avec un déplacement accidentel de la base de kick, j'ai mis des petits machins résonnants partout, des saturations à tout va (que je n'utilise jamais), des exciters, même de la stéréo presque en 3D, j'ai déplacé des notes pour qu'elles se trouvent à des emplacements inhabituels, des mouvements de pads dans le 10h10 avec d'autres sur les côtés et j'ai fini par un clin d'œil à Jon Hassell dans la partie centrale.

Cela ne combat pas ton sentiment mais cette apparence léchée et cellophanée est issue d'un chaos permanent à peine contrôlé. C'est amusant, non ?

Ce n'est pas un de mes meilleurs mais j'ai progressé dans plusieurs domaines récemment en apprenant plein de choses et surtout en changeant de casque en passant d'un Sony 7506 à un Beyer DT-770 beaucoup plus équilibré.

Loin de moi l'envie de polémiquer sur l'opposition analogue/digital (qui n'a pas lieu d'être) mais j'ai connu un temps où on faisait pipi partout parce que le clavier du groupe avait acheté un Korg duophonique. rendez-vous compte : une polyphonie de 2 notes ! Bref, le fan de baroque que je suis ne crachera jamais sur un instrument "ancien". J'aurais pu tout aussi bien dire que je suis vieux au lieu de cette parenthèse.

La spontanéité est un concept que je trouve rock dans son essence, pour ne pas dire punk. C'est vrai, je ne suis plus rock depuis des lustres. Ça ne m'ennuie pas de manquer de cette spontanéité et je reçois très bien cette critique.

Hier soir, ma femme me disait que ce morceau était différent des autres d'habitude. C'est vrai, je m'en suis plus occupé comme un plasticien, en essayant de nouveaux outils et d'autres idées qui sont apparues, elles, de façon très spontanée.

En tous cas, merci d'avoir écouté et livré ton avis avec sincèrité. D'ailleurs, j'ai un avis pas très éloigné du tien sur ce morceau…

Peut-être qu'il lui manque juste une petite couche de sale, une simulation (numérique) de bande, une distorsion-compresseur? J'ai oublié de préciser que c'est vraiment rare que tes morceaux me donnent cette impression de trop propre et que je le soulignais et l'exacerbais en rapport à la controverse. Même ta chanson de l'été qui se voulait volontairement solaire et bronzée, a aussi une belle touche d'amertume: on sent que si tu es en train de chanter, c'est que tu n'y es pas sur la plage.

Ta dernière compo me parle Zorzi C’est très abstrait et je comprends ce que tu entends par recherche « plastique ». Il y a une mine de sound design derrière ce morceau. Plein de sons très beaux avec des filtres ou des modulations vachement intéressants. Et puis aussi beaucoup d’espace pour placer ce petit monde et créer un effet 3D. Bravo !

Merci tguyfr ! C'est un peu un résultat d'atelier. J'apprends et il m'en reste beaucoup à apprendre.

Il y a 3 pistes avec une saturation et 4 avec de la compression parallèle légèrement overdrivée. C'est un paradoxe que j'ai constaté avec le Abbey Road saturator que je viens juste d'acheter (en promo). Avec un réglage pas appuyé, il clarifie le son, drums, vocaux, guitares acoustiques, synthés. Je n'en reviens pas. On l'entend quand on met la piste en solo mais dans le mix, il "resserre" les fréquences, crée des harmoniques, concourt à une définition très nette, c'est incroyable. Je n'aurais jamais cru ça.
Il simule deux tables : la TG et la Redd. La TG est plus soft. Je n'en suis qu'aux presets et retoucher la partie EQ. Passionnant.

Faut que je refasse le mix de ma chanson d'été. Elle manque un peu de corps (oui… enfin… on s'est compris ). C'est ça l'ennui, je suis tellement obsédé par tout ce qu'il y a à trouver pendant un enregistrement que je suis total à l'ouest niveau son. Je trouve le son très bien et puis le lendemain, je trouve que c'est pitoyable.

Par contre, je ne cherche surtout pas l'expression de l'amertume. Je préfère la nostalgie. Le sentiment nostalgique est un joli vent pour la voilure d'une chanson.

Le truc de la satu c’est la base du summing analogique en fait. Un pote qui m’avait initié à Live m’avait tout de suite dit de mettre de la satu sur les graves (bon il est bassiste). Moi j’utilise Satson de Sonimus, c’est super. Il y a évidement pléthore de plugins qui font le taf, de manière plus ou moins subtile.

Sweet spot, numerique, analogique, de l'espace...

Froid ou chaud. Je penses que la plupart d'entre nous ont depasses ce stade, on s'en fout d'ou vient le son, il suit nos compos, certains y seront sensibles, d'autres moins.

Zorzi, ne cherches plus les styles, t'es un peu comme Magritte tout tes compos pourraient se nommer "ceci n'est pas..."

Ce que j'aime chez Zorzi est qu'il y a toujours une cohérence entre ses compositions, un même fil conducteur. De multiples déclinaisons riches et variées d'une somme d'ingrédients communs.

Comme si sa musique était une extension de lui-même, tout un univers qui s'est développé autour d'un unique électron libre en perpétuelle mutation.

Je n'ai jamais lu une analyse comme celle-ci et je suis frappé par sar sa justesse

Quant à Gam, merci ! C'est dit avec beaucoup d'esprit et me débarasse de ce faux problème

Sur ce forum, y compris sur ce topic, on discute de l'arrière-cuisine, donc justement "d'où vient le son", sur le matériel et la façon de l'utiliser. Si je fréquente cet endroit, c'est justement que je ne crois avoir dépasser aucun stade en particulier.

La même chose pour les styles. Un style est une référence qui permet d'échanger entre nous et de situer les gens. Je n'ai jamais entendu un musicien qui n'avait ni son style personnel ni en même temps un style assimilable à une étiquette générale. C'est une manière de décrire la passerelle qui nous permet d'accéder à une oeuvre, qui est toujours un peu singulière mais pas que... Donc ce sont des outils, on peut s'en passer et se dire qu'on a dépassé un stade. Mais dans ce cas, il n'y a plus rien à se dire.

Exact. Et puis une track qui pète bien, c’est quand même le pied. Un peu comme quand on augmente le contraste sur une photo délavée.

Le style, c'est une boutade, de l'humour. Zorzi est un touche a tout dans le bon sens du terme, il experimente. Il a mille et une facette

Tu comptes écrire un panégyrique?

je dois d'abords imprimer les t-shirt et les mugs.

Ils seront du plus bel effet avec ma photo vêtu d'une seule feuille de vigne…

J'en étais sûr: on a affaire à une campagne de promo soigneusement orchestrée pour nous vendre du rêve