Oui, il y en a pour qui une guitare vintage c’est un investissement, j’en ai croisé.
Moi, j’y suis venu par hasard : une vieille télé qui m’a séduite alors que je passais la tête sans rien chercher chez un luthier. Elle m’attendait en dépôt-vente; j’ai craqué en 24 h.
Le choc !
Le son que je cherchais ; le vécu qui donne une âme ; une gueule qui ne paraissait pas figée dans le polyuréthane...
A partir de là, la « conversion » : j’ai peu à peu revendu toutes mes grattes, même celles qui me suivaient depuis longtemps, et acheté très progressivement des guitares dites « vintage » (52, 58, 67, 72), dans la limite de mes moyens...
Comme ils sont limités et parce que je n’ai des guitares que pour les jouer, je me suis fixé de ne plus dépasser le nombre de 4 : si j’en veux une autre, je dois en vendre une !
En 8 ans, je me suis constitué un panel qui me convient, mais qui évoluera encore certainement au gré des occasions, de mes goûts et de mes moyens.
Un moment j’ai cédé pour une neuve, une très belle reissue d’une guitare dont je rêvais. J’ai vite compris que c’était une erreur ; que ce n’était plus ce que je recherchais. Aussi belle et bonne qu’elle était, je ne la jouais pas ; elle manquait de « saveur » à mon goût.
Quant aux propriétaires de guitares vintage que je rencontre, notamment lors des transactions ou à l’occasion de bœufs, ce sont majoritairement des fêlés de vieilles guitares qui se font plaisir comme moi, pas des investisseurs.
Quant à l’argument de la vieille guitare qui ne sonne pas, qui ne peut rivaliser avec ce que l’on fait techniquement aujourd’hui... ça existe bien sur. Mais, je constate que souvent le temps a fait une sélection naturelle. L’instrument mal fabriqué, qui ne sonnait pas, n’a pas été joué et soigné 50/60 ans durant. Il a disparu depuis longtemps ou alors il nous est parvenu sous la forme d’épave complètement bricolée.
Enfin, sur la question de la qualité aujourd’hui par rapport à hier, il me semble qu’il suffit de regarder la production des grandes marques américaines des années 50 pour s’apercevoir qu’elle est aujourd’hui inégalée dans la lutherie et le choix des bois, sauf à passer par un vrai facteur de guitare qui fera payer cher son temps et ses matières premières.
Le ras-le-bol est peut être sur la « mode » vintage. Je l’espère pour contenir les prix.
Celui qui aime ces guitares pour ce qu’elles sont se fout bien de la mode.
1958