Bon, c'est un serpent de mer, un album sur lequel critiques, fans et les Rolling Stones eux mêmes se divisent depuis plus de 50 ans (Keith Richards a même déclaré que c'était un tas de merde !), mais tant pis, je me lance :
The Rolling Stones - Their Satanic Majesties Request - 1967
https://fr.wikipedia.org/wiki/(...)quest
J'ai envie de prendre au pied de la lettre le titre de ce topic pour tenter de réhabiliter cet album que j'aime beaucoup, loin d'être exempt de défauts, même s'il est foutraque et que les Stones ne sont pas sur leur terrain (le blues rock), c'est l'un de mes albums préférés de l'époque Psychédélique et l'un de mes préférés des Stones. (avec Sticky Fingers et Let It Bleed
)
Le contexte d'abord : c'est le chaos en 1967 pour les Stones, ils sont perpétuellement en démêlés judiciaires pour des histoires de drogue, perquisitions et procès, Brian Jones s'en sort car trois psychiatres déclarent qu'il est en proie à des terreurs
et voit sa peine de prison cassée.
Alors que les Beatles ont arrêtés les concerts, les Stones enchaînent à un rythme très soutenu tournées, apparitions médiatiques, démêlés judiciaires et écriture et séances d'enregistrement de leurs singles et albums.
Le 20 septembre, les Stones se séparent de leur producteur historique
Andrew Loog Oldham qui jette l'éponge devant ce bordel ambiant, il ne partage plus la direction qu'ils empruntent et ne s'investit plus dans leur carrière.
Pendant ce temps, c'est le Summer of Love aux USA, toute la planète vire Psyché, l'acide est la drogue la plus populaire et Brian Jones, en maître de cérémonie, présente Jimi Hendrix au festival de Monterey.
Les Beatles et les Stones se fréquentent beaucoup et, contrairement a la fausse rivalité montée de toutes pièces par les médias, s'apprécient énormément.
Fin février, Keith Richards, Brian Jones et sa petite amie Anita Pallenberg partent en vacances au Maroc. Mais Brian se fait hospitaliser d'urgence dans le Tarn en France, tandis qu'Anita et Keith continuent leur périple, duquel naquit une histoire d'amour qui durera jusqu'en 1980.
Le 1er Juin 1967 les
Beatles sortent
"Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band" et prennent le monde par surprise avec un des albums les plus influents de l'histoire de la musique populaire
Le contenu : C'est là que se situe le malaise, tout le monde voit une tentative prétentieuse et mal conçue de répondre à l'album Sgt. Pepper's et la comparaison est forcément a leur détriment, même s'il y a des bonnes chansons, l'ensemble n'est clairement pas au niveau
Mais pour moi les Stones n'ont pas copié "Sgt.Pepper's..." mais se sont inspiré de l'album pour apporter a leur manière tout ce que l'album amenait à l'époque en terme d'inventivité, de trouvailles et de créativité.
Le titre d'abord : il a été remanié plusieurs fois, mais si on considère le mot "satanic", on pense a message caché et à l'envers.
Si on commence l'album par side 2 puis side 1, l'ensemble forme un ensemble plus cohérent, commençant par "She's a Rainbow" et terminant par "Cosmic Christmas" le morceau caché.
De là, le concept album : "sur Sing this all (see what happens)", on entend une fête dans l'esprit de l'époque commençant avec du Mellotron et des discussions, quand Jagger déclare "where's that joint ?
".
On peut considérer que l'ensemble de l'album est une déclinaison de cette discussion qui (dixit Jagger) reflétait les thématiques de l'époque : la conquête spatiale - 2000 Light Years From Home (les américains n'ont pas encore mis le pied sur la lune), l'avenir, l'écologie...
Donc si on considère l'album comme un concept autour de l'avenir, vu de 1967, c'est visionnaire
Jagger s'imagine en 2000 :
2000 man
Well, my name is a number
A piece of plastic film
And I'm growin' funny flowers
In my little window sill
don't you know I'm a two thousand man
And my kids, they just don't understand me at all
Well my wife still respects me
I really misused her
I am having an affair
With the random computer
Don't you know I'm a two thousand man
And my kids, they just don't understand me at all
Oh daddy, proud of your planet
Oh mummy, proud of your sun
Le plastique, les ordinateurs (inexistants en 1967
), l'écologie, le conflit des générations, les réseaux sociaux
, le féminisme et même le dérèglement climatique.
Plutôt bien vu quand on replace ça en 1967.
Je pourrais faire des pages sur toutes les trouvailles de cet album.
Clairement, je suis persuadé que cet album a été incompris et a souffert d'être mis en comparaison a "Sgt. Pepper's"
Richie Unterberger d'AllMusic écrit :
« Sans aucun doute, aucun album des Rolling Stones – et, en fait, très peu d'albums rock de quelque époque que ce soit – n'a autant divisé l'opinion critique que l'ère psychédélique du groupe. Beaucoup rejettent l'album comme étant du sous-Sgt. Pepper; d'autres avouent, ne serait-ce qu'en privé, une fascination pour les arrangements inventifs de l'album, qui incorporent des rythmes africains, des Mellotron et une orchestration complète. Ce qui est clair, c'est que jamais avant ou après les Stones n'ont pris autant de risques en studio… En 1968, les Stones vont revenir aux sources et ne plus jamais s'aventurer sur ces chemins, ce qui en fait une anomalie d'autant plus fascinante dans la discographie du groupe. »
Être plutôt que paraître, brouter plutôt que paître...