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Et merde c'est 1000 fois trop long... Personne ne lira un post aussi long !
Bah! ...tant pis, il est tapé maintenant
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Bon ben j'y vais alors, je vais essayer d'être le plus concis possible :
Après m'être fait viré de 3 écoles et collèges et arrivé en LEP (lycée d'enseignement pro.) ou lycée technique, pour faire ma 4eme et 3eme, mes parents ont enfin compris que je n'étais pas fait pour la dictature scolaire .
Je faisais de la basse depuis l'age de 12 ans environ, et après ces 4 années de pratique et de cours, je commençais à me débrouiller quand même pas trop mal.
Malgré plus de 15 de moyenne (en se branlant la nouille) au lycée/collège technique (j'avais l'impression d'être en 6eme...), l'académie a accepté de me remettre dans le cursus normal, pour aller au lycée.
"Oui mais non, vous avez pas compris, moi j'm'en bat de l'école,technique ou pas !!" .
Bon, j'ai quand même appris à souder, y compris à l'arc, ce que je ne regrette pas, finalement (ça me servira surement un jour, mais ce jour n'est toujours pas arrivé héhéhé...) .
J'ai donc arrêté l'école à ce stade (brevet des collèges), et j'ai eu l'immense chance d'avoir des parents conciliants, qui m'ont laissé faire ce que je voulais vraiment faire, et qui avaient les moyens de me payer ce genre d'études.
Les études musicales étaient donc lancées.
Après quelques recherches, nous avons vite abandonné le conservatoire car j'étais déjà un peu vieux (à 16 ans !!! ), et celà nous a fait sentir une pédagogie extrêmement vieillote. De plus, je faisais de la basse électrique, et de la musique moderne. Choses assez incompatibles avec les cours au conservatoire.
Nous avons continué nos recherches, mais du côté des écoles privées (ou plutôt, nous les avons découvertes lors d'une visite au salon de la musique de Paris).
Nous nous arrêtons au stand de l'école Atla :
Super accueil, super cursus, plus de 20 heures de cours par semaine, un super esprit, des centaines de chose à apprendre, du jeu en groupe, de l'harmonie, de la pédagogie, 4 heures de cours de basse par semaine, gros boulot en perspective, des master classes, des scènes... le rêve quoi.
C'est parti, le rêve se réalise.
A mon arrivée (avec mes parents), le directeur m'écoute un peu jouer pour évaluer mon niveau pour me placer dans tel ou tel cours (par exemple, si tu connais déjà bien la théorie, ce qui étais mon cas, tu vas directement en harmonie. Si ce n'est pas le cas, tu commence par la théorie (le solfège quoi)).
Ok, il choisit les cours qui me correspondent, et après on discute le bout de gras.
Le mec est super gentil, super accueillant et compétent, et nous dit en toute transparence : "Il faut que vous le sachiez, 95% des élèves ici ne vivront pas de la musique, car c'est un métier extrêmement difficile en France".
Trop tard pour faire demi-tour de toute façon, on continue.
Pour info, j'étais le cadet de l'école à cette époque (mais j'y suis retourné il n'y a pas longtemps, il y a maintenant beaucoup d'ados, ce qui n'était pas le cas avant).
Je pense que j'ai vécu la plus belle année de ma vie.
J'ai appris, travaillé et progressé comme jamais auparavant. J'adorais ça, je vivais musique jour et nuit, je baignais dedans à plein temps.
A partir de cette année là, j'ai joué dans des dizaines de groupes de tous horizons, cotoyé des centaines de musiciens, amateurs et pros, de tous styles et de tous pays.
J'apprend le Jazz, l'harmonie, au bout de quelques mois, je sais faire une walking (chose qui me paraissait insurmontable au préalable). Je perfectionne le rythme, j'apprends le métier d'intermittent du spectacle, la MAO (ce qui m'aide bien), et je me perfectionne à la basse biensur, encore et toujours...
Cours, travail perso, répètes, concerts le soir, scènes que je faisait avec mes différents groupes, master classes, j'étais toujours dehors (quand je dis jour et nuit, c'est littéralement ça). Quand j'étais chez moi, c'était pour bosser et dormir un peu, quand même...
Je dormais dans les transports entre la scène de la veille et la répète qui arrivait, avec ma tête d'ampli entre les jambes et ma basse qui me servait de repose-tête / oreiller .
Les vraies années rock'n'roll quoi .
Bref.
Arrive la fin de l'année, j'excelle en harmonie (18/20 et uniquement quand j'ai mal lu une question), donc pas de souci pour ça, c'était en contrôle continu de toute façon.
D'autres examens écrits qui se passent un peu moins bien (rythme, bcp de points abstraits, bien que je sois bassiste ! Professionnalisme (tout ce qui est attrait au droit du travail, du musicien donc), mais bon, passe encore. Je suis encore jeune, je connais rien à la vie, normal que je ne pige pas tout du 1er coup, surtout sur les points juridiques, etc.
Puis arrive l'exam de basse devant jury. Je suis flippé comme jamais j'ai été, je perd environ 50% de mes moyens (normal, c'est scientifiquement prouvé). Mais bon, ça passe quand même à peu près. Je m'en sors avec un 12/20 mention assez bien.
C'est évident que si je jouais la même chose aujourd'hui, j'arriverais certainement à un 18/20 ou qq chose comme ça...
L'année se termine comme ça.
J'apprends donc un peu la maturité musicale à mes dépends.
2eme année, gros travail sur mes points faibles :
Le groove et l'impro en chorus.
Mon prof me dit "Ben t'es en place et tout, mais ça groove pas".
Ouille, ça fait mal par où ça passe .
Durant toute cette année, je ne travaille quasiment que ça : du Funk et tous ses dérivés. J'approfondis mon jeu, l'intonation des mes notes, je me met dans les rouge au niveau mise en place à chaque fois que je joue. Je cherche le feeling, le phrasé.
Au bout de cette année, ça va beaucoup mieux, le groove est là . Pas encore à son paroxisme biensûr, mais il est là, et ça me permet de jouer avec des gens biens plus vieux et meilleurs que moi, car ils "m'acceptent". Je progresse donc de plus belle, et mon groove se consolide. Ca ouvre les portes des maquettes, enregistrements studios, scènes plus importantes ou "prestigieuses".
Dernier défaut : Je ne sais toujours pas improviser . J'ai beau essayer, ça sonne pas, ça le fait pas.
Aujourd'hui, avec pas mal d'années de recul, je suis capable de dire que j'étais tout simplement trop jeune et n'avait pas la maturité musicale suffisante. Aujourd'hui, ce n'est toujours pas mon point fort, mais je vais pouvoir me débrouiller pour faire quelque chose avec un minimum de musicalité, et encore, avec du boulot. Et tant pis pour les modes phrygiens et mineur harmoniques blabla machin truc. Je fais de la musique, peut importe la gamme que j'utilise. La démonstration musicale technique et harmonique (qu'on trouve malheureusement souvent dans le Jazz), ne m'intéresse pas.
J'arrête là pour les études en tant que tel.
J'abandonne le Jazz, car ce n'est pas ma spécialité, et pas vraiment ma tasse de thé.
Je continue à jouer dans pas mal de groupes, qui s'éteignent tous un à un, soit parce que je n'ai pas le niveau, soit parce que j'ai un trop bon niveau par rapport aux autres membres, soit parce qu'il y'a des divergences de point de vue, etc. etc. etc. les raisons pour lesquelles les groupes splittent sont innombrables.
Arrivent mes 20 ans, je ne fais toujours pas de sous, je galère, malgré tous mes contacts et mon niveau plus que correct, mon tél ne sonne pas ou peu... Je dois me trouver un boulot...
Je m'y connais un peu en informatique, je ne sais rien faire d'autre et n'ai aucun diplôme me permettant de trouver un taff facilement et bien payé.
Je trouve donc un boulot de hotlineur informatique au smic.
Je suis encore chez mes parents, mais plus pour longtemps car ils partent en province pour leur retraite, je vais donc devoir payer un loyer.
Je n'ai plus qu'un seul groupe, je joue quelques scènes avec eux de temps en temps. Ils ont un excellent niveau (profs en école, tournées mondiales et compagnie). Ils me reprochent mon manque d'investissement et surtout de créativité (lors de mes solos... pourris, il faut l'avouer), et malgré mon gros groove, ultra efficace avec le batteur qui groovait de plus belle, et ma grosse technique aux doigts et au slap, je me fais jeter comme un malpropre.
Il est vrai que depuis que je bosse, je n'ai plus bcp de temps et d'envie pour travailler la musique. Je suis un peu usé, et je ne progresse plus .
J'abandonne, je suis dégouté du milieu, grosse claque dans la tronche. La musique c'est ter-mi-né !
J'en garde un goût amer dans la bouche rien qu'en y pensant, et ça dure quelques années comme ça...
Je gagne le smic, paye un loyer, j'ai d'autres passions qui me coutent cher, je galère comme un chien......
Je bosse et rebosse et rebosse, et change de boite, passe des diplomes informatique (certifications plus précisément), je me fais une grosse expérience, et à peu près 5 ans plus tard (seulement), je commence à mieux gagner ma vie (à peu près autant que les ingés qui sortent d'école, sauf que moi, j'ai 5 ans de terrain dans les pattes).
Mon expérience paye, je rechange de boîte, on me fait (enfin) confiance, et me propose des bons postes.
Aujourd'hui, j'ai une bonne situation et gagne bien ma vie. Mais alors quelle galère pour y arriver .
Mais y'a rien à faire, on ne se refait pas... la musique, c'est en moi, dans mon sang. Je ne tiens pas plus de quelques heures sans écouter de musique.
Je n'ai jamais vendu mon matos et m'y suis remis il y a quelques années. A ma grande surprise, je n'ai pas perdu beaucoup (sauf en endurance et vélocité biensur, mais ça revient vite).
Je ne tiens pas plus de quelques mois sans aller voir un concert, que ce soit de Jazz, de Funk ou de Metal.
Aujourd'hui je veux rejouer dans un groupe, mais UNIQUEMENT pour le plaisir.
Et ça, ça change tout.
La musique "professionnelle" avait un peu tué la passion, et m'obligeait à faire de l'alimentaire. C'était devenu un fardeau : "Je dois gagner ma vie, quite à faire du bal musette et de la varietoche". La passion était loin, déjà...
Maintenant, j'ai un bon métier, je gagne bien ma vie, qui me permet de répondre à peu près à mes besoins, et de vivre correctement.
Et la musique est redevenue un plaisir uniquement. Et vraiment, ça change TOUT. Jouer pour le plaisir, et non pour le cachet.
Alors maintenant pour revenir à toi (et aux autres jeunes qui se posent la question), je ne sais/veux pas donner de conseils.
D'un côté, j'ai envie de dire : Si tu veux pas galérer comme moi, fais des études et trouve un bon taff.
Mais malheureusement, ça ne laisse pas bcp de temps pour la zique.
D'un autre côté, je ne regrette pas mon expérience malgré les galères, je pense être bon musicien, et ça grâce à tout ça. Outre les grosses galères et énormes déceptions, je garde des ces années un excellent souvenir. Ma mémoire fait le tri automatiquement de toute façon, et ne retient que les bons côtés en occultant un peu les mauvais .
Alors encore une fois, je ne saurais te conseiller, mais au moins, j'ai raconté mon histoire, qui n'est ni bonne ni mauvaise, c'est juste mon histoire. Et celà te permet d'avoir un cas concret de cette "vie" d'étudiant et musicien "professionnel" .
Et merde c'est 1000 fois trop long... Personne ne lira un post aussi long !
Bah! ...tant pis, il est tapé maintenant
Je vais même mettre ça en haut du post, sinon cette phrase ne sera jamais lue