Jean-Marc Royer, Le monde comme projet Manhattan : Des laboratoires du nucléaire à la guerre généralisée au vivant (postface d'Anselm Jappe)
Tandis que Tchernobyl et Fukushima nous ont rappelé avec force à quel point le nucléaire est un danger pour toute vie sur Terre, la réflexion philosophique sur le nucléaire – militaire et « civil » – reste totalement en deçà des enjeux réels.
Ce livre offre une étude historique rigoureusement documentée des origines du nucléaire, le fameux « projet Manhattan » qui débouchera, en août 1945, sur les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki. Il nous montre aussi que l’apparition du nucléaire est le symptôme d’une rupture fondamentale dans l’histoire du capitalisme, dont il est issu, rupture à partir de laquelle débute une guerre généralisée au vivant.
À l’heure où « la question nucléaire » revient sur le devant de la scène politique et écologique, il est plus que temps d’historiciser une question qui, loin de se résumer à des enjeux technologique, organise depuis soixante-dix ans le rapport au vivant de la société capitaliste.
Robert Kurz, L'effondrement de la modernisation, préface d'Anselm Jappe
Premier ouvrage majeur de Robert Kurz, inaugurant la théorie critique de la valeur et vendu à plus de 25000 exemplaires en Allemagne, ce texte propose une contre-histoire du capitalisme au XXème siècle. Il est étonnant de voir quelle puissance analytique est encore contenue dans la critique marxienne de l'économie politique. Toutefois, Robert Kurz ne l'applique pas seulement à ce qui s'est toujours réclamé du capitalisme, mais, avec la même détermination, aux régimes du « second monde », qui dépendaient de l'URSS ou relevaient du « tiers-monde ». L'auteur procède ici à une analyse originale de la chute des pays socialistes, le bout du chemin que ces économies avaient atteint dans le contexte d'une crise fondamentale du capitalisme qui touchait hier l'Est, comme aujourd'hui, l'ensemble du marché mondial.
La Véritable tragédie de Panaït Istrati, par Eleni Samios-Kazantzakis (texte présenté par Anselm Jappe)
Fervent partisan de la Révolution russe, l'écrivain roumain de langue française Panaït Istrati est invité à Moscou en 1927, où l'on célèbre le dixième anniversaire de la révolution d'Octobre 1917. Désireux de rendre compte des bienfaits des réformes menées par l'Etat soviétique, il entreprend un voyage de seize mois à travers le pays, avec son ami l'écrivain Nikos Kazantzakis et leurs compagnes respectives, Bilili et Eleni, l'auteur du présent récit.
La "véritable tragédie" dont il est ici fait état est celle de la profonde désillusion de Panaït Istrati, qui, sept ans avant le
Retour d'URSS d'André Gide, fut l'un des premiers, dans le camp progressiste, à révéler les méfaits de la contre-révolution bureaucratique orchestrée par Staline. Revenu à Paris, Panaït Istrati témoignera en effet de sa violente déception dans
Vers l'autre flamme (rédigé avec Victor Serge et Boris Souvarine). Considéré comme un traître à la cause révolutionnaire, il paiera de sa solitude son courage et son goût de la vérité - une solitude seulement adoucie par la fidélité de trop rares amis (notamment Nikos Kazantzakis et Victor Serge, dont les correspondances sont ici reproduites).