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jules_albert

à la 20ème minute de l'émission de marc weitzmann, célia izoard évoque la dictature managériale qui s'instaure à partir des années 30 aussi bien à l'ouest qu'à l'est, et qui constitue un des thèmes principaux de 1984.

le livre récent de johann chapoutot est dans le fil de cette thématique vulgarisée en 1941 par james burnham dont les écrits ont inspiré george orwell. cependant, il faut rappeler que burnham s'était lui-même inspiré de bruno rizzi (l'urss: collectivisme bureaucratique, la bureaucratisation du monde).

https://fr.wikipedia.org/wiki/(...)Rizzi

https://fr.wikipedia.org/wiki/(...)rnham

« L’Américain Burnham fut le premier à se faire un nom, avec L'Ère des organisateurs, en récupérant tout de suite cette critique prolétarienne de la bureaucratie, la travestissant pour son compte en éloge inepte d’une hausse tendancielle du pouvoir de décision et de compétents “managers” dans l’entreprise moderne, au détriment des simples détenteurs de capitaux. Et plus tard la revue française Socialisme ou barbarie, reprenant la dénonciation du stalinisme, a manifestement trouvé dans cette œuvre fantôme de Rizzi la principale source de ses conceptions, de sorte que l’originalité que les commentateurs consentent à reconnaître, sur le tard, à ce foyer de réflexion désormais éteint, paraîtrait assurément plus considérable si tout le monde continuait à cacher Bruno Rizzi. - Guy Debord »


présentation du livre de johann chapoutot sur le management, du nazisme à aujourd'hui :

Reinhard Höhn (1904-2000) est l'archétype de l'intellectuel technocrate au service du IIIe Reich. Juriste, il se distingue par la radicalité de ses réflexions sur la progressive disparition de l'Etat au profit de la "communauté" définie par la race et son "espace vital" . Brillant fonctionnaire de la SS - il termine la guerre comme Oberführer (général) -, il nourrit la réflexion nazie sur l'adaptation des institutions au Grand Reich à venir - quelles structures et quelles réformes ?

Revenu à la vie civile, il crée bientôt à Bad Harzburg un institut de formation au management qui accueille au fil des décennies l'élite économique et patronale de la République fédérale : quelque 600 000 cadres issus des principales sociétés allemandes, sans compter 100 000 inscrits en formation à distance, y ont appris, grâce à ses séminaires et à ses nombreux manuels à succès, la gestion des hommes. Ou plus exactement l'organisation hiérarchique du travail par définition d'objectifs, le producteur, pour y parvenir, demeurant libre de choisir les moyens à appliquer. Ce qui fut très exactement la politique du Reich pour se réarmer, affamer les populations slaves des territoires de l'Est, exterminer les Juifs. Passé les années 1980, d'autres modèles prendront la relève (le japonais, par exemple, moins hiérarchisé). Mais le nazisme aura été un grand moment managérial et une des matrices du management moderne.
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La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
Lao
  • Lao
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    Lao
    le 02 Déc 2020, 17:12
Je ne l'ai pas lu mais j'avais mis de citations extraites de ce bouquin ici et .
Pourquoi tant de haine ?
"Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent et tant que l’on n’aura pas dit que jusqu’ici que cela a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quoi que ce soit qui change. " Henri Laborit.
jules_albert
le deuil de la littérature (2020)

extrait : https://www.editions-allia.com(...)e.pdf

“La préférence pour les études de lettres est peut-être instinctivement motivée­­­­ par le rejet du marché du travail, le refus de l’asservissement que constitue le salariat dans le privé. C’est un choix d’études, une “orientation”, qui est souvent vécu comme une forme de résistance passive : le professorat, principal débouché pour les lettrés, est devenu comparable au choix de la prêtrise il y a deux ou trois siècles : une solution de repli pour ceux qui n’ont pas hérité, ne peuvent se consacrer en rentiers à leurs loisirs, et savent que le monde du travail n’est (plus) guère accueillant pour l’esprit, même pour les diplômés.”


L’institution universitaire est aujourd’hui devenue une gigantesque machine, dont la finalité demeure de plus en plus obscure. La faute aux méthodologies d’ensei­gnement, peu soucieuses d’éveiller une véritable conscience critique chez l’étudiant. Derrière le culte de la “Grande littérature” et de la “Grande philosophie”, ne demeurent plus que de fausses écoles, de faux débats ; des querelles fictives opposant des chercheurs seulement soucieux de subsister dans une institution rouillée.

Dans un souci d’exactitude, l’essai retrace la généalogie de ce désastre pédagogique, du processus de marchandisation de la littérature qui s’opéra au XIXe siècle au triomphe de la pensée structuraliste et de ses apôtres. Avec pour résultat la culture aseptisée que nous connaissons aujourd’hui ; une Culture pas moins avilissante que la culture de masse.
Avec une plume féroce, souvent déso­pilante, Baptiste Dericquebourg n’épargne personne et pose un diagnostic sévère. Face à cette situation, il émet plusieurs propositions, à la fois esthétiques et pédagogiques, pour ressusciter l’esprit critique des étudiants. On y trouvera en tête la réhabilitation de l’apprentissage de la rhéto­rique : “apprendre à lire par l’écriture et à écrire par la lecture”, pour espérer former des esprits indépendants et originaux…
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La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
lp57
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    lp57
    le 08 Déc 2020, 11:23
jules_albert a écrit :
Kandide a écrit :
1984 Roman prémonitoire...


la nouvelle traduction de célia izoard paraîtra en janvier.

Citation:
Parue pour la première fois au Québec en 2019 aux éditions de la Rue-Dorion, cette nouvelle version corrige les lacunes de la traduction initiale réimprimée à l’identique depuis 1950 (une quarantaine de phrases manquantes, de nombreux contresens) ; et, au contraire de la traduction « moderne » parue en 2018, restitue la dimension philosophique et la fulgurance politique du roman d’Orwell dans les termes que des millions de lecteurs se sont appropriés depuis plus d’un demi-siècle ; tout en rendant hommage à la dimension poétique de cette œuvre pleine d’humour, d’amertume et de nostalgie.



jules_albert
1984, encore et toujours : https://leblogderolandjaccard.(...)seul/

Citation:
Il faudrait même célébrer Noël en famille et se réjouir que nos gouvernants nous maternent en prenant des dispositions qui pourraient sembler liberticides à de mauvais esprits, mais c’est pour notre bien. Cette bienveillance universelle a quelque chose de louche et, autant l’avouer tout de suite, elle me donne envie de vomir. Je n’ai jamais demandé à qui que ce soit de prendre soin de moi et moins encore de dicter ma conduite ou, pire encore, mes pensées.

[...]

Je ne dirai pas que le Virus nous rend fous. Nous l’étions déjà. Mais il nous métamorphose en pauvres petits animaux apeurés. Inutile de préciser qu’il est une aubaine pour les gouvernants, les laboratoires pharmaceutiques et les mandarins de la médecine.

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La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
jules_albert



Jusque-là, les bonnes manières qui traînaient dans l'air du temps voulaient qu'on s'inquiétât pour le climat. Jusqu'aux cimes de l'État, l'écologie faisait florès, la « transition » était en route... En attendant, chaque nouvelle année apportait son lot de phénomènes ravageurs, faisant partir en fumée des contrées entières ou les noyant sous les inondations.

D'aucuns redoutaient avant toute chose les accidents industriels, nucléaires. D'autres scrutaient les convulsions de l'économie, nous voyant sombrer dans la disette avec l'effondrement de la finance. Les plus pessimistes enfin redoutaient carrément la conjonction de tous les fléaux s'abattant au même moment sur nos têtes à la faveur d'une désorganisation générale.

Mais jusqu'ici, rien de tout cela ! Le sort préféra nous envoyer le Covid-19. L'économie mondiale tomba d'un bloc en coma profond. Plusieurs siècles durant, il n'est pas un mouvement révolutionnaire qui n'en avait rêvé. Pour finir c'est un virus qui l'aura fait !

Chroniques rageuses, lucides et espiègles, Les Coulisses du naufrage poursuivent l'analyse de notre temps amorcée par Daniel Denevert dans son précédent recueil Dérider le désert : une manière de voir un ensemble à travers le prisme d'un détail, de parler d'une époque à partir d'un simple événement.
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La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
jules_albert
un livre sur parvulesco en février prochain, personnage déjà évoqué dans ce topic il y a quelques mois.

https://www.editionslatableron(...)05950




préface de richard morgiève : https://flipbook.cantook.net/?(...)f=pdf

Citation:
Je me souviens du jour où il m'a lu les premières pages de "Louons maintenant les grands hommes". Nous étions émus. Ce sentiment partagé avec Patrick, et que je partage avec vous, c'est la raison de ce recueil : ce lien, ces émotions qui nous unissent tous.

Il m'avait abonné à l'Encyclopédie des Nuisances. Une nouvelle fois, je n'ai pas compris pourquoi. Lui savait : l'écologie était la nouvelle bataille politique. Elle ne concernait pas que la gestion de notre planète mais notre pensée, nos systèmes de gouvernance, la finalité de l'existence humaine. C'était une révolution. Sans me le dire, il m'a nourri comme une mère et m'a montré la voie comme un père.
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La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
jules_albert

en complément de la folle histoire du monde de michel bounan, les livres de james c. scott et jean-paul demoule.

Pendant 99% de l’histoire de l’humanité, l’homme a été un nomade chasseur, pêcheur et cueilleur. Comment est-on passé aux sociétés inégalitaires et sédentaires qu’on connaît aujourd’hui ? Que s’est-il passé pendant ces dix millénaires trop souvent absents de notre culture générale et médiatique ?
Une invention décisive, en plusieurs endroits du globe : celle de l’agriculture – et de l’élevage. Grâce à elle, la population humaine va s’accroître rapidement, prendre le contrôle de la planète ce qui débouchera sur la création des premières villes, des premiers États et, finalement, de l’écriture et de l’histoire…
Jean-Paul Demoule explore les pratiques de cette « révolution néolithique » (la guerre, le travail ou encore la religion) avec la hauteur de vue de l’archéologue et la passion de transmettre. Il bouscule notre vision de la préhistoire et notre rapport au monde tel qu’il est, ou tel qu’il pourrait être.

Présentation du livre de James C. Scott, préfacé par Jean-Paul Demoule : https://www.editionsladecouver(...)6%5D.


Aucun ouvrage n’avait jusqu’à présent réussi à restituer toute la profondeur et l’extension universelle des dynamiques indissociablement écologiques et anthropologiques qui se sont déployées au cours des dix millénaires ayant précédé notre ère, de l’émergence de l’agriculture à la formation des premiers centres urbains, puis des premiers États.
C’est ce tour de force que réalise avec un brio extraordinaire Homo domesticus. Servi par une érudition étourdissante, une plume agile et un sens aigu de la formule, ce livre démonte implacablement le grand récit de la naissance de l’État antique comme étape cruciale de la « civilisation » humaine.
Ce faisant, il nous offre une véritable écologie politique des formes primitives d’aménagement du territoire, de l’« autodomestication » paradoxale de l’animal humain, des dynamiques démographiques et épidémiologiques de la sédentarisation et des logiques de la servitude et de la guerre dans le monde antique.
Cette fresque omnivore et iconoclaste révolutionne nos connaissances sur l’évolution de l’humanité et sur ce que Rousseau appelait « l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes ».
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jules_albert
https://www.pointculture.be/ma(...)ales/

Citation:
Un récit passionnant aux sources de la domestication et de l’État agraire. Une mise en cause tonique et salutaire du récit civilisationnel standard dans Homo Domesticus de James C. Scott.


A propos de l’idée la plus apparente selon laquelle « des élites bienveillantes ont créé l’État pour défendre les stocks de céréales de la communauté contre les « voleurs » », il est proposé, au contraire, « que l’État est à l’origine un racket de protection mis en œuvre par une bande de voleurs qui l’a emporté sur les autres. »

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jules_albert

l'œil de l'état : moderniser, uniformiser, détruire

janvier 2021 : https://www.editionsladecouver(...)57359

Pourquoi, malgré des intentions parfois sincères et orientées vers le bien-être de leurs populations, les États modernes les ont-ils si souvent malmenées, voire meurtries ? Pourquoi, malgré les moyens colossaux mis en œuvre, les grands projets de développement ont-ils si tragiquement échoué et ravagé l'environnement ? Dans cette recherche foisonnante, James Scott démonte les logiques bureaucratiques et scientifiques au fondement de ces projets " haut-modernistes ", poussant à toujours plus de lisibilité et de contrôle sur la nature et les sociétés humaines.

À partir d'une large palette d'études de cas allant de la foresterie scientifique à la création des premiers recensements et des noms propres, de la doctrine révolutionnaire de Lénine à celle de Le Corbusier en matière d'urbanisme, et de la collectivisation de l'agriculture soviétique aux politiques de villagisation en Tanzanie et ailleurs, Scott dénonce ces entreprises de planification autoritaire qui finissent par appauvrir et étouffer le monde physique et social.

En appuyant leur pouvoir sur des formes de classification, de standardisation et d'abstraction, ces projets tendent tous à négliger les mécanismes et les processus informels d'ajustement pourtant essentiels à la préservation d'ordres sociaux viables. Ils échouent aussi car ils marginalisent les savoirs locaux de celles et ceux qu'ils ciblent. À l'encontre de ces approches autoritaires centralisées et surplombantes, Scott défend le rôle de formes de savoirs plus modestes, étroitement liées à l'expérience pratique et davantage capables d'adaptation au gré des circonstances.
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Lao
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    Lao
    le 02 Janv 2021, 15:18
Non - d'ailleurs ces années là je n'étais pas en Bretagne. Mais le bouquin doit être intéressant.
Je n'ai même jamais été aux vieilles charrues alors que mon frangin et mes neveux y ont travaillé - en général à cette période je vais chercher le vent et le soleil plus au sud.
Il me restait les trans.

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