nathalie quintane,
que faire des classes moyennes ?
quelques mots de miguel amoros sur les classes moyennes dans une interview récente :
http://autonomies.org/2018/10/(...)tion/
Le développement économique basé sur l'exploitation intensive du territoire a augmenté le pouvoir d'achat de certains secteurs de la population. Il a créé, ou plutôt élargi la classe moyenne. Une classe moyenne qui provient avant tout de la bureaucratisation de l'État, des employés des services publics, des grandes entreprises, des banques, etc.
Alors que la classe moyenne représente entre 30 et 35% de la population d'Amérique du Sud, en Europe elle s'élève à 80%. En Amérique du Sud, la classe moyenne est encore modeste, elle est encore en phase de développement, elle est encore du côté des classes populaires. Cette classe moyenne est populiste. Elle n'est pas conservatrice comme c'est le cas en France ou en Allemagne. C'est une classe moyenne gauchisante. Bien sûr, ce gauchisme est un mensonge. La classe moyenne n'est jamais vraiment de gauche, elle ne souhaite pas de révolution, elle ne veut même pas un profond changement à l'intérieur du système actuel. Ce qu'elle veut c'est préserver son pouvoir d'achat afin qu'il ne soit pas touché par les crises, qu'elles soient hypothéquaires, immobilières ou bancaires.
Les solutions basées sur des politiques néolibérales condamnaient ces secteurs intermédiaires à la pénurie comme à l'époque de la montée du nazisme quand l'appauvrissement des classes moyennes constitua la base du parti fasciste. Les classes moyennes sont maintenant la base des nouveaux partis sociaux-démocrates, ceux que j'appelle "citoyennistes", car ils n'emploient pas le langage prolétarien : ils évitent des termes tels que "classes", "socialisme", "expropriation", "autogestion".