Vous et les livres...

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    le 18 Juil 2016, 08:41
jules_albert a écrit :
la vérité, ni plus ni moins.


tout à fait, la vérité d'un style plat et lourd, bavard et anachronique, sorte de Voici pour happy few, où rien ne vibre, à part l'amour de soi et le dénigrement de ceux par lesquels inlassablement il se valorise ; Houellebecq (dont je ne suis pas particulièrement fan, même si j'ai pu apprécier certains de ses bouquins) a au moins un talent de romancier dont est totalement dépourvu Nabe qui n'a aucun monde à offrir, et qui, incapable de construire, a tout misé sur le commentaire.

on ne va pas non plus pleurnicher avec ses adulateurs sur la perpétuelle et navrante mise en scène de son rejet par l'establishment (tiens, ça me rappelle quelqu'un), il est déjà bien assez pathétique comme ça, et puis les ayatollahs de toutes façons ça ne pleure pas.
jules_albert
les éditions fario continuent la publication des œuvres de günther anders, proche de l'école de francfort et auteur visionnaire qui en 1956 publiait "l'obsolescence de l'homme".

le dernier volume publié est "ma judéité", en voici une présentation : http://www.editionsfario.fr/sp(...)le188

autre présentation, mais plus brève :
En 1974, Günther Anders, s'adressant à des non-Juifs, entreprend à la fois de raconter et d'éclairer l'héritage qui fut le sien : fruit de plusieurs générations de Juifs allemands qui avaient cru à l'assimilation, ayant découvert son identité à travers le rejet violent de ses condisciples chrétiens, puis persécuté par le nazisme et exilé définitif, il se décrit comme l'un des « derniers Juifs » ayant regardé l'Allemagne comme leur patrie, « la langue allemande comme la langue, la musique allemande comme la musique ». Résolument sans dieu ni religion, et pourtant ne supportant pas l'idée de renoncer à sa judéité, Anders s'interroge ici sur les conséquences en lui du messianisme et sur la force morale et intellectuelle que la situation des Juifs assimilés donne à des êtres qui ont dû briser les tabous de l'orthodoxie. Cette très belle introspection, reliée à une conscience aigue de l'histoire, le conduit à examiner des thèmes aussi divers que la notion de « peuple élu », son aversion pour les icônes ou les risques du projet sioniste. Ce volume, constitué de plusieurs textes, comprend également une nouvelle intitulée Learsi (anagramme d'Israël), fable philosophique comme les aime Anders, dans laquelle son héros, Learsi ne parvient jamais à se faire une place dans le pays étrange de Topilie. Nous avons également joint en annexe des poèmes et deux lettres : l'une adressée en 1948 à son neveu qui vient de naître à Jérusalem, avec pour instruction de la lire lors de ses 15 ans, et le mettant en garde contre les possibles dérives liées à l'institution d'un État juif ; l'autre datant de 1982 et publiée alors dans la presse, adressée à la communauté juive de Vienne.

notice biographique: http://www.editionsfario.fr/sp(...)le136



extrait de "l'obsolescence de l'homme" (le monde comme fantôme et comme matrice) :

« Tout le monde est d’une certaine manière occupé et employé comme travailleur à domicile. Un travailleur à domicile d’un genre pourtant très particulier. Car c’est en consommant la marchandise de masse – c’est-à-dire grâce à ses loisirs – qu’il accomplit sa tâche, qui consiste à se transformer lui-même en homme de masse. Alors que le travailleur à domicile classique fabriquait des produits pour s’assurer un minimum de biens de consommation et de loisirs, celui d’aujourd’hui consomme au cours de ses loisirs un maximum de produits pour, ce faisant, collaborer à la production des hommes de masse. Le processus tourne même résolument au paradoxe puisque le travailleur à domicile, au lieu d’être rémunéré pour sa collaboration, doit au contraire lui-même la payer, c’est-à-dire payer les moyens de production dont l’usage fait de lui un homme de masse (l'appareil et, le cas échéant, dans de nombreux pays, les émissions elles-mêmes). Il paie donc pour se vendre. Sa propre servitude, celle-là même qu’il contribue à produire, il doit l’acquérir en l’achetant puisqu’elle est, elle aussi, devenue une marchandise. »



Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
jules_albert
La Vie sur terre présente une vision pessimiste du monde actuel, très critique sur le progrès technique, le génie génétique et la pollution, considérés comme ennemis conjoints de l'intelligence, de la culture et de l'humanité dans ce qu'elle a de plus noble : la liberté, et de plus précieux : le temps. L'essai n'est pas politique au sens où il ne propose pas de remède aux maux du « temps où nous sommes ». Bodinat considère, en effet, qu'il n'est plus temps de sauver quoi que ce soit, que nous ne sommes pas dans une période précédant une catastrophe, mais déjà dans le cataclysme lui-même.



"Et lorsque certains matins les traces des routes aériennes ne s'effacent pas mais s'entrecroisent et se raturent en un palimpseste compliqué, nous ne prenons pas la peine d'y lire notre horoscope collectif tracé de cette façon dans le ciel et d'en déchiffrer la prédiction : nous avons plus urgent ; et y penserions-nous que le plus simple serait encore d'allumer la radiovision ou d'ouvrir le journal pour trouver la solution dévoilée en titre modeste de page intérieure : La moitié de l'Indonésie vient de partir en fumée."


Le narrateur du tome premier poursuit son effort d'élucider dans quelle sorte de monde il se trouve pris. Il s'interroge maintenant, entre autres choses, sur les raisons de cette tranquille indifférence qu'il constate chez les habitants durant que se multiplient autour d'eux les phénomènes d'une catastrophe manifestement universelle, et découvre à cela une explication qui les surprendrait sans doute.
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    le 22 Août 2016, 20:45
petit polar estival, IL, titre français bizarre pour un Just Killing Time original autrement meilleur, bref... un pavé... je dirais une première moitié superbement maîtrisée tant dans la structure que l'écriture efficace mais non dénuée d'une certaine âpreté poétique, et, petit à petit, patatras, lourdeurs (psychologiques, de style, de structure), perte progressive de certains personnages, réduits à des archétypes... bon, on va quand même jusqu'au bout sans déplaisir, mais on reste assez loin malgré tout du monument vanté ici ou là...

quelques infos (trop...) ici : http://www.lexpress.fr/culture(...).html
Redstein
Ptêt qu'un de ces jours, un autre éditeur...

Ce mec a tout compris

Citation:
Seules les religions peuvent vous convaincre que vous faites le bien en commettant des actes monstrueux


Citation:
L'islam ne serait-il pas compatible avec la démocratie ?

Non, tout comme le christianisme ou le judaïsme. Si ces religions détiennent le pouvoir, elles ne sont pas compatibles avec la démocratie.


Citation:
Mais, et je me répète, cela ne signifie bien sûr pas que les musulmans en tant que personnes ne peuvent pas être démocrates. Beaucoup sont profondément démocrates, mais ils ne tirent pas cela de la loi islamique, mais de leur expérience personnelle. En démocratie, les religions peuvent être représentées par des groupes d'influence au même niveau que les autres lobbys, mais elles ne peuvent pas être au-dessus des autres et détenir le pouvoir. Prenez le Vatican, on ne peut pas appeler ça une démocratie (rires). J'adore le pape François, mais il reste un dictateur.


Citation:
Dans le livre, vous êtes très critique envers Thilo Sarrazin, figure de proue en Allemagne des positions contre l'immigration musulmane.

Parce qu'il stigmatise ces gens et ne croit pas en leur potentiel. Pour l'extrême droite, l'islam comme idéologie et les musulmans comme personnes humaines sont la même chose. Mais non !


Citation:
Cologne a mis fin à une période d'optimisme. Les Allemands avaient fait un accueil chaleureux aux migrants, les attendant dans les gares avec fleurs et ours en peluche. Il y avait un sentiment joyeux. Mais Cologne a mis un terme à ça, car personne ne pensait qu'une intimidation de masse comme ça envers des femmes pouvait arriver en Allemagne. Maintenant, après le terrorisme en juillet, on se demande s'il faut s'habituer à des attentats tous les jours dans les médias. Entre le 11 Septembre et les attentats de Madrid ou Londres, il y avait plusieurs années. Mais depuis le Bataclan, le rythme s'est accéléré. Les gens se disent qu'il doit y avoir une corrélation entre la présence des musulmans dans notre société et ce terrorisme, car il n'y a pas d'attaques dans un pays comme... (il hésite)... disons l'Islande. La société n'est pas prête à digérer ça d'une manière sereine. N'oubliez pas que l'Allemagne est une démocratie récente, en comparaison avec vous. En France, avec votre Révolution et votre Marseillaise, vous avez toujours une mystique nationale à offrir aux immigrés. En Allemagne, la démocratie est née d'une catastrophe, le nazisme. Quelle identité peut regrouper tous ces gens ensemble ? Les Allemands se sentent fébriles face à ça, les Turcs émigrés en Allemagne votent en majorité pour Erdogan en dépit de toutes ses violations démocratiques, et les réfugiés sont venus ici avec des illusions – une belle maison, un travail –, mais ils se retrouvent dans des cagibis et n'ont guère de perspective de devenir des membres de cette société. Tout cela va créer des tensions. Le débat politique devient très nerveux. Mais j'espère montrer qu'on peut parler de ces choses sans avoir peur. On peut battre l'extrême droite comme l'islamisme si nous croyons profondément en notre démocratie.


Citation:
La démocratie ne peut jamais être détruite de l'extérieur. Ce n'est que de l'intérieur, quand les gens abandonnent leurs principes ou deviennent indifférents, qu'elle peut s'écrouler. Battons-nous pour nos valeurs, et nous gagnerons contre les extrémistes – nationalistes comme islamistes –, car nous avons le meilleur modèle, qui fascine bien plus de gens à travers le monde que l'islamisme


Citation:
Mais je continue à croire dans le bon sens et l'esprit de ce continent. Nous avons atteint le meilleur niveau de vie de toute l'histoire humaine. C'est un fait, ce n'est pas une utopie, concept qui a toujours débouché sur des catastrophes. L'Europe n'est pas parfaite, mais c'est un projet collectif sur lequel il faut travailler tous les jours !
'Human beings. You always manage to find the boring alternative, don't you?'


http://fermons-les-abattoirs.org

- Quand Redstein montre l'abattoir, l'imbécile regarde Redstein - (©Masha)
Lao
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    le 07 Sep 2016, 22:29
Ses idées sont limpides.
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    le 07 Sep 2016, 22:43
oui, merci pour les extraits, Redstein...
bon, c'est pas le lieu ici, mais y a aussi des vidéos particulièrement éloquentes... comment se peut-il qu'on ne fasse pas davantage audience à des voix comme celles-ci...?
Redstein
Parce qu'on reste superstitieux dans l'âme, et que démonter la superstition d'en face fait du mal aux âmes superstitieuses et néanmoins honnêtes...
'Human beings. You always manage to find the boring alternative, don't you?'


http://fermons-les-abattoirs.org

- Quand Redstein montre l'abattoir, l'imbécile regarde Redstein - (©Masha)
ZePot
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Un best-seller ne pouvait pas rester longtemps sans éditeur. Enfin il doit quand même flipper un peu, Olivier Nora.
Invité
Un livre sur l'oeuvre de Jerome Bosch.

Des explications complètes et immersives, faciles d'accès et des illustrations très correctes.

Jerome Bosch-L'oeuvre complet-Stefan Fischer
solart6 a écrit :
Un livre sur l'oeuvre de Jerome Bosch.

Des explications complètes et immersives, faciles d'accès et des illustrations très correctes.

Jerome Bosch-L'oeuvre complet-Stefan Fischer


Chic mes gosses vont savoir quoi mettre sous le sapin
https://www.amazon.fr/Hieronym(...)38342

En plus si ils avaient la bonne l'idée de rajouter le nouveau livre de TXT la plénitude du vide je serais comblé
https://www.amazon.fr/pl%C3%A9(...)+vide
jules_albert
« Nous attendions la venue de 1984. Quand cette année arriva sans que la prophétie ne se réalise, l’intelligentsia américaine chanta discrètement victoire : les fondements de la démocratie libérale avaient tenu bon. Le règne de la terreur s’était, peut-être, développé ailleurs mais l’Amérique, du moins, n’avait pas sombré dans les sinistres cauchemars orwelliens.

Obnubilés que nous étions par la sombre vision d’Orwell, nous avions oublié une autre prophétie, un peu moins bien connue mais tout aussi inquiétante : celle d’Aldous Huxley dans le Meilleur des mondes. Car, contrairement à une opinion répandue même chez les gens cultivés, les prophéties de Huxley et d’Orwell sont très différentes l’une de l’autre. Orwell nous avertit du risque que nous courons d’être écrasés par une force oppressive externe. Huxley, dans sa vision, n’a nul besoin de faire intervenir un Big Brother pour expliquer que les gens seront dépossédés de leur autonomie, de leur maturité, de leur histoire. Il sait que les gens en viendront à aimer leur oppression, à adorer les technologies qui détruisent leur capacité de penser.

Orwell craignait ceux qui interdiraient les livres. Huxley redoutait qu’il n’y ait même plus besoin d’interdire les livres car plus personne n’aurait envie d’en lire. Orwell craignait ceux qui nous priveraient de l’information. Huxley redoutait qu’on nous en abreuve au point que nous en soyons réduits à la passivité et à l’égoïsme. Orwell craignait qu’on ne nous cache la vérité. Huxley redoutait que la vérité ne soit noyée dans un océan d’insignifiances. Orwell craignait que notre culture ne soit prisonnière. Huxley redoutait que notre culture ne devienne triviale, seulement préoccupée de fadaises. Car comme le faisait remarquer Huxley dans Brave New World Revisited, les défenseurs des libertés et de la raison, qui sont toujours en alerte pour s’opposer à la tyrannie, « ne tiennent pas compte de cet appétit quasi insatiable de l’homme pour les distractions ». Dans 1984, ajoutait Huxley, le contrôle sur les gens s’exerce en leur infligeant des punitions ; dans Le Meilleur des mondes, il s’exerce en leur infligeant du plaisir. En bref, Orwell craignait que ce que nous haïssons ne nous détruise ; Huxley redoutait que cette destruction ne nous vienne plutôt de ce que nous aimons.

Le thème de cet ouvrage repose sur l’idée que Huxley avait vu plus juste qu’Orwell. »

Neil Postman, préface à Se distraire à en mourir



1984, titre d'un roman de George Orwell, publié en 1949. En 1984, Londres est la capitale d'un régime totalitaire : Big Brother, chef du parti unique, impose son image et contrôle tous les faits et gestes des citoyens grâce à des télécrans. Trois slogans régissent ce monde où l'homme a cessé d'être autonome : "la guerre c'est la paix", "la liberté c'est l'esclavage", "l'ignorance c'est la force".

Le Meilleur des mondes (Brave New World, 1932) est la satire d'une société totalitaire basée sur le culte positiviste de la science. La stabilité sociale est assurée par un système eugénique, par le conditionnement dans l'enfance et plus tard à l'aide de drogue (le soma).



Lao a écrit :
Ses idées sont limpides.

mais erronées.
Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
jimfire
Je me le note. Je viens justement d'attaquer "le meilleur des mondes"... Une lacune de moins à combler !! Je ne le savais pas si vieux 1932 et tellement d'actualité !! Et je n'en suis qu'au début !!

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