Vous et les livres...

Rappel du dernier message de la page précédente :
jules_albert
mathnh a écrit :
Oui parce que toi tu vois le monde de cette façon, que tu adhères aux thèses développées par ces auteurs, mais arrives tu à concevoir que d'autres puissent avoir une vision un poil moins pessimiste et radicale que la tienne ?

si c'est seulement un poil moins pessimiste, d'accord. mais gare à ne pas tomber dans les pièges du système d'illusions qui nous entoure...
Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
Adam Bopel
Kandide a écrit :
On a pas de livres qui parlent d'espoir ici ?
Le désespoir ou la décadence semble inéluctable à ce point ?

Le livre de Bentolila, au titre un peu provocateur, n'est pas désespérant car, à mon sens, il nous invite à nous "secouer" et à "cultiver notre intelligence commune comme on cultive un champ pour nourrir les siens"
A cet égard, je le trouve salutaire !
Ce que je trouve désespérant, c'est la somme de renoncements dont nous sommes coupables, et qui sont autant d'atteintes à notre intelligence.

Je ne le mettrai certainement pas dans le même panier que le brûlot noslagique un peu malsain d'un Zemmour, par exemple.
jules_albert a écrit :
mathnh a écrit :
Oui parce que toi tu vois le monde de cette façon, que tu adhères aux thèses développées par ces auteurs, mais arrives tu à concevoir que d'autres puissent avoir une vision un poil moins pessimiste et radicale que la tienne ?

si c'est seulement un poil moins pessimiste, d'accord. mais gare à ne pas tomber dans les pièges du système d'illusions qui nous entoure...


Là encore c'est TA façon de voir les choses. On peut parfaitement être plus optimiste que toi sans tomber dans la paranoïa la plus totale face à tout ce qui nous entoure !
Kandide
Un petit HS... c'est plus pour ceux qui s'y connaissent en philo, je pense...

J'ai vu il y a quelque temps quelqu'un qui avait dans sa signature une citation à propos de la tolérance, du style grosso-modo: (mes mots sont incorrects, merci de m'excuser pour les erreurs....)
Etre tolérant c'est tolérer aussi ceux qui peuvent vous anéantir, donc hélas à long terme la tolérance disparaîtra car elle sera anéantie...)
C'est un truc comme ça... Mais je l'exprime très mal désolé..


Je ne me souviens plus très bien... Mais si cela dit quelque chose à quelqu'un, merci d'avance de me redonner cette citation.


PEACE & LOVE
Blow Up
Je ne sais pas si c'est la même, mais c'est dans le même esprit :

"Tolérer c’est accepter ce qu’on pourrait ou voudrait combattre. C’est donc renoncer à une part de son pouvoir, de sa force, de sa colère…
Et à l’opposé, une tolérance universelle serait une tolérance de l’atroce :
atroce tolérance! Poussée à la limite, la tolérance «finirait par se nier elle-même», puisqu’elle
laisserait les mains libres à ceux qui veulent la supprimer. "

C'est du très consensuel Comte-Sponville.
"Macron est de gauche" BluesBarbu le 20/02/2021
Kandide
Merci... Mais ce n'était pas tout à fait cela...
(même si l'esprit est là...)
PEACE & LOVE
zôsö85
ES125er a écrit :
La musique qui va avec, aussi découverte avant de savoir que la vie m'amènerait dans ces contrées.




On est loin des Beach Boys...


Oula oui c'est magnifique, presque au niveau de I get Around. Ca vient d'où un peu plus exactement?
Kandide
Blow Up a écrit :
Poussée à la limite, la tolérance «finirait par se nier elle-même», puisqu’elle
laisserait les mains libres à ceux qui veulent la supprimer. "

C'est du très consensuel Comte-Sponville.


Je reviens un peu à la charge...
Je recherche une citation que quelqu'un a ou avait en signature concernant la tolérance.

Merci à tous.
PEACE & LOVE
StellarDrone
Moi j'aime bien celle ci :

Citation:
Ton christ est juif, ta pizza est italienne, ton café est brésilien, ta voiture est japonaise, ton écriture est latine, tes vacances sont turques, tes chiffres sont arabes et... tu reproches à ton voisin d'être étranger !
\"And perhaps we’ve just forgotten that we are still pioneers and we’ve barely begun. And that are greatest accomplishments cannot be behind us, as our destiny lies above us.\"

--
Anciens nicks bannis : GuitaristeX / Earil / Elros / CaptainOliv
#JeSuisCharlie : RIP 07.01.2015
jules_albert
ce 20 novembre, anniversaire de la mort de buenaventura durruti, est la date choisie symboliquement par les éditions agone pour la publication de l'immense livre de burnett bolloten consacré à la guerre d'espagne. immense par le volume, mais surtout par la rigueur du contenu.
c'est l'oeuvre de toute une vie : durant 50 ans, bolloten correspond et rencontre de nombreux protagonistes de la guerre, accumule une grande documentation (livres, journaux, lettres, etc.) pour aboutir à ce livre qui aura marqué les esprits en dévoilant la lutte à couteaux tirés (véritable guerre à l'intérieur de la guerre) dans le camp "républicain" entre révolutionnaires (principalement anarchistes et poumistes) et contre-révolutionnaires (communistes et bourgeois soutenus par les soviétiques).

les agissements criminels du parti communiste espagnol et des agents russes avaient certes déjà été dénoncés par orwell, franz borkenau ou h.-e. kaminski, mais le livre de bolloten est la première étude systématique consacrée au rôle, à la tactique et aux méthodes des communistes dans la guerre civile, sans parti pris, dans un style froid et objectif. autant dire que la mythologie communiste (brigades internationales, pasionaria, etc.) propagée par des compagnons de route comme malraux en prend un sérieux coup.

le livre ne se contente pas de cette facette et explore l'ensemble de la guerre civile.

je laisse ici le compte-rendu de françois godicheau, agrégé d'histoire, qui évoque la version anglaise du livre :

Ce livre est une somme, un véritable monument de l’historiographie de la guerre civile espagnole. Il l’est par ses dimensions : 1 078 pages de textes et notes, auxquels s’ajoutent une immense bibliographie et plusieurs index. Mais surtout, il contient le résultat de cinquante ans de travail de Burnet Bolloten. Celui-ci, journaliste, est à Barcelone au début du conflit. Après un passage sur le front d’Aragon, puis à Valence en novembre 1936, il collecte du matériel pour écrire un livre plutôt circonstanciel, avant de se rendre au Mexique en 1938, puis aux États-Unis. Il commence alors à réunir ce qui sera son legs à la Hoover Institution : 100 000 exemplaires de journaux, 2 500 livres et des quantités considérables de microfilms et d’entretiens avec des acteurs du conflit.

La première version de l’ouvrage en 1961, sous le titre The Gran Camouflage, fait déjà dire à Josep Tarradellas, président de la Généralité de Catalogne de l’immédiat après-franquisme, que c’est « un des livres les plus importants des quinze ou vingt mille publiés sur la guerre d’Espagne ». La seconde version, The Spanish Revolution, qui paraît en 1979, largement augmentée, tient compte des critiques adressées à la première et y répond. La version actuelle — la troisième —, publiée deux ans après la mort de l’auteur, compte un tiers de texte de plus que la précédente. En dix ans de travail supplémentaire, Bolloten a pu répondre à de nouvelles critiques et compléter sa documentation, en particulier grâce aux archives de la guerre civile à Salamanque. Il offre ainsi la synthèse la plus complète et la plus récente sur les questions politiques que pose la guerre civile dans la zone républicaine.

Mais l’intérêt de ce volume réside aussi dans les très nombreuses notes, dont certaines renvoient, pour des thèmes sensibles ou peu développés, à des dizaines d’articles de journaux et passages de mémoires ou d’études historiques. Pratique et complet, ce livre est un outil de travail indispensable pour qui veut se lancer dans la recherche sur le conflit. Pratiquement inconnu en France, il est déjà en Espagne sur les rayons des usuels dans les bibliothèques d’histoire.

Cependant, il ne s’agit pas d’un manuel. L’auteur a une thèse et la défend, grâce à son immense érudition. Il affirme que l’originalité du conflit est qu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, l’Espagne vit une véritable révolution populaire, pluraliste, défaite par une opposition militaire. Il démontre que la révolution de juillet-août 1936 est l’événement autour duquel s’organisent toutes les luttes politiques de la « zone légale », qu’il refuse d’appeler « camp républicain ». Il explique aussi le rôle central des partis communistes et de la IIe Internationale dans ce qu’il appelle le « camouflage de la révolution », tout en éclairant leur lutte pour la suprématie politique contre les organisations dirigeantes de cette révolution. Loin de verser dans l’anticommunisme, qu’il soit de droite ou d’extrême gauche, il fait œuvre d’historien, en présentant à la critique une thèse qu’il défend depuis trente ans avec force. En ce sens, et contrairement à ce qu’écrit Stanley Payne dans sa préface, il n’est pas « définitif » ; il appelle au contraire des réponses et peut aider par là à motiver la recherche dans le domaine.

Dans la première partie, l’auteur plante le décor plus qu’il n’analyse la situation sociale et politique du pays à la veille du putsch. Il fournit malgré cela quantité de références pour approfondir ces questions. L’originalité est le récit en trois longs chapitres de la révolution déclenchée dans les villes et les campagnes par le soulèvement des militaires.

C’est dans la deuxième partie que commence l’analyse de la politique des communistes. En défendant les classes moyennes et en niant la réalité de la révolution, ils s’opposent aux autres formations du Front populaire. Leur pragmatisme et leur efficacité, ainsi que le monopole de l’aide soviétique et leurs capacités manœuvrières assurent une progression très rapide de leur influence politique, très réduite au début du conflit. L’examen de leurs méthodes et des considérations diplomatiques de l’URSS amène l’auteur à faire une série de mises au point sur des sujets délicats comme la personnalité de Juan Negrin, la question de l’or de la banque d’Espagne, ou les ambiguïtés de la politique ď appeasement face à Hitler (qu’illustre Churchill).

Les troisième et quatrième parties expliquent comment l’État républicain se reconstruit contre les institutions révolutionnaires, et en particulier à travers une nouvelle « armée populaire » et une nouvelle police. L’engagement résolu des partis communistes dans cette direction et leur prosélytisme très actif leur assurent des positions très importantes dans ces nouveaux organes.

De la cinquième à la huitième partie, l’auteur expose tout au long de la chronique politique, sociale et militaire de la « zone légale », l’élaboration des mots d’ordres communistes, leurs changements d’alliances, avec Largo Caballero, puis contre lui et avec Prieto, puis avec Negrin contre Prieto. Il insiste sur l’importance de la direction soviétique du PCE et sur l’infiltration du PSOE ou des organes de sécurité comme le fameux Servicio de Información Militar (SIM).

Il montre enfin dans les deux dernières parties comment on passe de la toute-puissance communiste après leur victoire lors des événements du début du mois de mai 1937 à Barcelone (toute-puissance qui culmine au début de l’été 1938 ), au coup d’État mené par des militaires républicains et anarchistes au début du mois de mars 1939 contre la politique de résistance à tout prix prônée par les partis communistes.


extrait :

« La révolution espagnole fut la plus singulière des révolutions collectivistes du XXe siècle. C’est la seule révolution radicale et violente qui se soit produite dans un pays d’Europe de l’Ouest et la seule qui ait été, malgré l’hégémonie communiste croissante, véritablement pluraliste, animée par une multitude de forces, souvent concurrentes et hostiles. Incapable de s’opposer ouvertement à la révolution, la bourgeoisie s’adapta au nouveau régime dans l’espoir que le cours des événements changerait. L’impuissance manifeste de leurs partis incita très vite les libéraux et les conservateurs à rechercher une organisation capable d’arrêter le courant révolutionnaire lancé par les syndicats anarchiste et socialiste. Quelques semaines seulement après le début de la révolution, une organisation incarnait à elle seule tous les espoirs immédiats de la petite et moyenne bourgeoisie : le parti communiste. »

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jim204
  • jim204
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La révolution...
Je sais que c'est un devoir de mémoire qui guide l'écriture de tous ces bouquins, mais je n'arrive pas à m'y intéresser.
Sans être directement concerné par sa famille, ou par l'époque, je trouve que cela a qlq chose de malsain ou alors de faussement intello. Dans cette époque où tout le monde parait intéressé par son nombril cela passe même pour un manque de culture. Et pourtant dans ma région on ressent ce besoin de multiplier les témoignages.

Cet extrait symbolisme bien un vécu et en même temps j'ai l'impression que le texte peut être collé à n'importe quel mouvement tellement il est vu de l'intérieur.

Ca doit être bien triste de lire ça pour ceux qui ont vécu ces événements mais je pense qu'il faut laisser passer cette vague et laisser ca aux historiens.
jules_albert
le livre de bolloten n'a rien à voir avec un quelconque devoir de mémoire ou un témoignage, c'est un pur livre d'histoire basé sur un travail de recherche de longue haleine, et qui sert donc à établir la vérité sur des faits que certains, principalement les staliniens, ont eu un grand intérêt à dissimuler ou falsifier.

le livre raconte les origines de la guerre, comment éclate la révolution, comment le prolétariat en armes est combattu et vaincu par les diverses bureaucraties qui prétendent le représenter... ce livre constitue une leçon politique et historique de première importance.
tu conclus ton message en disant qu'il faut laisser cette histoire aux historiens, sous-entendant qu'il s'agit là d'une affaire de purs spécialistes... pourtant il me semble que l'historien en cherchant à établir la vérité sur le passé est au service des citoyens, car il est évident que ceux-ci seront mieux à même d'agir de façon conséquente s'ils connaissent les leçons du passé, ce qui pourra éventuellement permettre d'éviter la répétition des mêmes erreurs.

en france, où on en est longtemps resté sur le sujet à malraux, hemingway et à la mensongère mythologie antifasciste forgée par la propagande du stalinisme de front populaire, la méconnaissance de la révolution sociale qui s'est dressée presque seule contre le soulèvement militaire et qu'il fallut d'abord vaincre pour qu'il n'y ait plus face à face, après mai 1937, que deux formes de pouvoirs d'état, est encore très importante. le livre de bolloten est donc salutaire.

et puisque j'évoquais hier la figure inoubliable de durruti, je rappelle l'existence du livre splendide que miguel amorós lui a consacré (durruti dans le labyrinthe).


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zôsö85 a écrit :
ES125er a écrit :
La musique qui va avec, aussi découverte avant de savoir que la vie m'amènerait dans ces contrées.




On est loin des Beach Boys...


Oula oui c'est magnifique, presque au niveau de I get Around. Ca vient d'où un peu plus exactement?


Pardon pour la reponse tardive. Cet enregistrement en particulier vient de Bahrein, une ile-etat entre Arabie Saoudite et Qatar. C'etait le but final du voyage de Albert Londres, voyage qui l'a auparavant amene a Djeddah, Djibouti, Aden, aux iles Farasan, a Dubai, etc... a la fin des annees 20. Avant le petrole. Presque avant les voitures.

Ya-Mal! (O Fortune !)


(extrait de Pecheurs de Perles):
Citation:
Voici le chant:
Le soliste: Lui! (lui, c'est Dieu)
En partant, ils l'invoquent. Que pourraient-il si Dieu n'etait pas de la partie?
Le choeur: Lui! Allons!
Le soliste: Lui! Dieu! Toujours Lui!
Le Choeur: Toujours! Toujours!
Le soliste: Grace a toi, mon Dieu, nous partons. L'ancre dechire la chair de la mer.
Le Choeur: Grace a toi! Grace a Toi!
Le soliste: Mahomet, recommande-nous a Dieu; nous, que sommes-nous?
Le choeur: Dieu est tout! Dieu est Tout!
Le soliste: Conduis-nous sur les bancs ou la fortune dort
Le Choeur: Lui! O Lui! Qu'il nous conduise!
Le soliste: ou les pleurs des emirs reposent dans la nacre.
Le choeur: Lui!
Le soliste: Nous descendons ou l'homme ne va pas.
Le choeur: Lui!
Le soliste: Ou le diable nous souffle au profond des oreilles.
Le choeur: Dieu est le plus grand.
Le soliste: Dieu seul peut tout.
Le choeur: Lui!
Le soliste: A la bonne fortune, qu'il nous pousse! Allons! Allons!
Le choeur: Ya-Mal! Ya-Mal! (Fortune! Fortune!)
Le soliste: Ya-Mal!
Le choeur: Ya-Mal! Ya-Mal!


Bon, c'est certes pas Surfer Girl, mais... disons que c'est un autre genre de Beach Music.
Raphc
  • Raphc
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Tu sais s'il y a un bouquin d'Albert Londres sur ce voyage ? Il n'y a pas beaucoup de récits sur la région pré-petrole...
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Raphc a écrit :
Tu sais s'il y a un bouquin d'Albert Londres sur ce voyage ? Il n'y a pas beaucoup de récits sur la région pré-petrole...




ES125er a écrit :
La première fois que je l'ai lu, je n'avais aucune idée qu'un jour je foulerais les rivages qui y sont décrits. A la relecture, après plus de quinze ans à fréquenter ces contrées et 6 ans à y vivre, la fascination reste intacte.



Texte intégral (merci la BNF): http://gallica.bnf.fr/ark:/121(...)4576q


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