une nouvelle édition des
dix poèmes d'edgar poe traduits par alice becker-ho, vient d'être publiée. cet ouvrage fait partie d'une série de cinq livres de deuil publiés par alice becker-ho suite au décès de guy debord (
d'azur au triangle vidé de sable, au pays du sommeil paradoxal, là s'en vont les seigneuries, trois arbres ils ont abattus) :
présentation par l'éditeur (l'oie de cravan):
« Edgar Allan Poe (1809-1849), l'une des figures principales du romantisme américain, est connu principalement pour ses contes et pour quelques poèmes dont le fameux Le Corbeau traduit par Baudelaire. On le considère comme le père du roman policier. Des poèmes que l'on va retrouver dans notre recueil, les plus connus (dont le fameux Annabel Lee) avaient été traduits par Mallarmé dans sa manière bien éloignée de l'esprit de Poe.
Alice Becker-Ho propose ici une traduction rigoureuse qui garde la force des poèmes de la langue d'origine. Il s'agit d'une nouvelle édition d'un ouvrage d'abord paru en 1997 chez "Le temps qu'il fait" et rapidement épuisé. Ce choix de poèmes et cette traduction, forte et inspirée, sont sous le signe du thème de la perte de l'être aimé, cher à Poe. »
cousu main, 40 pages non coupées sur vergé ivoire. 700 exemplaires.
« ANNABEL LEE »
~ Traduction par Alice Becker-Ho ~
Il était, il y a beaucoup, beaucoup de fois une année,
Dans un royaume du bord de la mer,
Une pure jeune fille qui, je vous le dis,
Avait nom ANNABEL LEE ;
Et cette pure jeune fille vivait, sans autre pensée
Qu'aimer et être aimée de moi.
Moi, j'étais un enfant et elle, était une enfant,
Dans ce royaume du bord de la mer :
Mais nous nous aimions d'un amour qui était plus que de l'amour -
Moi et mon ANNABEL LEE.
D'un amour que, du ciel, les séraphins qui portent des ailes
Nous enviaient, moi et elle.
Et ce fut la raison pour laquelle, il y a longtemps,
Dans ce royaume du bord de la mer,
Un vent, soufflant d'un nuage, a glacé
Ma belle ANNABEL LEE ;
Et qu'un parent à elle, de haute lignée,
Est venu me l'enlever
Pour l'enfermer en un sépulcre,
Dans ce royaume du bord de la mer.
Les anges, moitié moins heureux dans le ciel,
S'étaient pris à nous jalouser, moi et elle -
Si ! - et c'est la raison pour laquelle (tout le monde sait cela
Dans ce royaume du bord de la mer)
Le vent est parti du nuage, la nuit,
Glaçant et tuant mon ANNABEL LEE.
Mais notre amour était, de loin, plus fort que l'amour
De ceux qui étaient plus âgés que nous -
De ceux qui étaient, de loin, plus sages que nous -
Et ni les anges, tout en haut dans le ciel,
Ni les démons, tout au fond de la mer,
Ne réussiront jamais à séparer mon âme de l'âme
De la belle ANNABEL LEE.
[. . .]
~ Le poème dans la langue d'origine ~
ANNABEL LEE
It was many and many a year ago,
In a kingdom by the sea,
That a maiden there lived whom you may know
By the name of ANNABEL LEE;
And this maiden she lived with no other thought
Than to love and be loved by me.
I was a child and she was a child,
In this kingdom by the sea :
But we loved with a love that was more than love -
I and my ANNABEL LEE;
With a love that winged seraphs of heaven
Coveted her and me
And this was the reason that, long ago,
In this kingdom by the sea,
A wind blew out of a cloud, chilling
My beautiful ANNABEL LEE;
So that her highborn kinsmen came
And bore her away from me,
To shut her up in a sepulchre
In this kingdom by the sea.
The angels, not half so happy in heaven,
Went envying her and me -
Yes! - that was the reason (as all men know,
In this kingdom by the sea)
That the wind came out of the cloud by night,
Chilling and killing my ANNABEL LEE.
But our love it was stronger by far than the love
Of those who were older than we -
Of many far wiser than we -
And neither the angels in heaven above,
Nor the demons down under the sea,
Can ever dissever my soul from the soul
Of the beautiful ANNABEL LEE.
[. . .]