RFM a écrit :
Ahnonmaisoui a écrit :
Il me faudrait relire Dune mais le thème du prophète est quand même un peu ambigu. D'un côté, c'est une manipulation (message : attention à la religion comme outil de pouvoir) mais d'un autre côté c'est quand même un vrai prophète (il a des visions, il voit l'avenir, il est supérieur...).
C'est drôle, mais j'en suis ressorti avec une lecture quasi opposée (ou pas).
Il n'a pas de visions : c'est un junkie qui a franchi l'interdit fait aux hommes de tenter de voir la vérité (vieux thème antique).
Il ne voit pas l'avenir, mais décide de faire un choix malgré l'angoisse et l'incertitude que lui apportent ses "visions" (idem)
Quand la certitude le gagne (par le poison), ce n'est pas la révélation qui pointe, c'est l'húbris...
Ce n'est pas le messie, mais un assassin (de son propre grand-père, à qui il précise qu'il meurt "comme un animal" [rien qu'avec ça, trente ans d'exégèse]...), prêt à abandonner les siens, ceux qu'il aime et qui ont fait de lui ce qu'il est...
Le leitmotiv est "c'était écrit" (et par qui?), mais la créature pourrait bien échapper aux créateurs....
Etc.
Après je peux comprendre encore une fois que le côté "Disney" (Sleeping Beauty) en rebute certains.
Et je ne ressent pas d'enthousiasme spécifique (comme Lao, je n'y serai pas allé par moi-même), même si je ne me suis pas ennuyé, et que je ne peux pas nier qu'il s'agit d'une œuvre très personnelle, avec un énorme boulot à tous points de vue.
Il n'en reste pas moins que pour moi, s'il y a un dieu dans l'histoire, c'est le ver, qu'on sacrifie ou qu'on esclavagise (l'antique bélier du buisson ardent, dont le christ n'est qu'une réincarnation)
Ok pour l'énorme boulot ! Un auteur de SF est un créateur de mondes, et Herbert a fait le job. L'ambiguïté signe la complexité du livre, et comme tu le dis on peut le lire dans un sens ou dans l'autre, et inversement. T'es remarques me font penser que je n'ai pas suffisamment poussé la lecture du cycle (malheureusement on décroche). Herbert est très cérébral, ce qui donne à son histoire un côté billard à trois bandes, on peut s'y perdre. Sur la drogue pour parvenir à l'omniscience, c'est très sixties.