Lao a écrit :
Je suis bien d'accord que certaines civilisations n'ont/avaient pas cette caractéristique d'avidité et de domination ainsi que cette vision de la nature uniquement hostile (à combattre ou à fuir).
Sans vouloir nier la contradiction que tu soulèves, je ne pense pas que la thèse du bug humain soit simplissime; elle repose sur des connaissances scientifiques sur le fonctionnement du cerveau et colle parfaitement au comportement de la civilisation dominante.
peut-être que certains aspects sont justes, mais je crois surtout que cette thèse du "bug humain" a le grand défaut de négliger les processus historiques, donc d'aller dans le sens, si banal aujourd'hui, du rejet de la pensée historique.
au cours des dernières décennies, on sait que l'idéologie dominante (celle-là même qui permet à des greta thunberg de parader dans les grands medias), a tout mis en œuvre pour empêcher qu'une pensée historique puisse se reconstituer et vienne menacer son hégémonie.
il y a une haine envers la pensée historique, ce qui est compréhensible si l'on se place du côté du pouvoir...
damonp a écrit :
Je suis d'accord avec cette première partie sauf qu'elle a lancé des grèves scolaires, ce qui à mon avis en dit un minimum sur sa prise de conscience, et aussi d'accord avec la deuxième partie, le problème vient de la domination, des dirigeantes, de l'asservissement, des chaînes invisibles mais bien obscures qu'ils nous mettent au cerveau s'il nous en reste encore un tant soit peu, et je ne sais plus bien ou tu parles des amérindiens, mais il ne faut pas oublier que certaines tribus étaient en guerre et que l'esclavage et ses pires côtés étaient de mise, sans parler du reste qui, par fatigue, ne me reviennent pas à l'esprit
il ne s'agit pas d'idéaliser les amérindiens mais simplement d'indiquer la différence fondamentale de mentalité par rapport aux arrivants européens, possédés par le virus de l'accumulation.
encore quelques exemples tirés de
la folle histoire du monde :
Dans ses
Essais, Montaigne rapporte la visite de trois Amérindiens, amenés à Rouen du temps de Charles IX, et qui se déclarèrent surpris de voir qu'il existait chez leurs hôtes "des hommes pleins et gorgés de toutes sortes de commodités, et bien saouls", tandis que d'autres hommes "étaient mendiants à leurs portes, décharnés de faim et de pauvreté". Ils trouvaient étrange que ces nécessiteux "pouvaient souffrir une telle injustice, qu'ils ne prissent les autres à la gorge, ou missent le feu à leurs maisons".
Un siècle plus tard, sous le règne de Louis XIV, un chef huron déclarait au baron de Lahontan : "J'ai l'entière disposition de moi-même, je fais ce qui me plaît, je suis le premier et le dernier de ma nation, je ne crains absolument aucun homme, je dépends seulement du Grand Mystère. Il n'en est pas de même pour toi. Ton corps aussi bien que ton âme sont condamnés à dépendre de ton grand capitaine ; ton vice-roi dispose de toi, tu n'as pas la liberté de faire ce que tu as dans l'esprit ; tu as peur des voleurs, des faux témoins, des assassins, etc., et tu dépends d'une infinité de personnes situées au-dessus de toi. N'est-ce pas vrai ?"
Et, à la même époque : "Malgré vos apparences de Maîtres et de grands Capitaines, vous n'êtes que de simples journaliers, valets, servants et esclaves".
Plus tard encore, un guerrier sioux observait : "Ce peuple fait des lois que les riches peuvent briser, mais non les pauvres. Ils prélèvent des taxes sur les pauvres et les faibles pour entretenir les riches qui gouvernent."
cette évocation de la hiérarchie par les amérindiens me rappelle la description de la bureaucratie pseudosoviétique qui valut à l'écrivain valery tarsis la persécution et un long séjour dans un de ces "asiles psychiatriques" utilisés par la dictature pour mater les dissidents:
Citation:
Vous êtes la forme inférieure de l’existence. Vous devez recueillir les documents habituels des postulants. Rosalia Grib, l’inspectrice est votre supérieure. Vous êtes tous les deux contrôlés à votre tour par le conseiller juridique. Vous êtes tous contrôlés par moi et mes deux assistants. Je suis moi-même contrôlé, disait-il en comptant avec les doigts, par l’inspecteur de district (un), l’inspecteur du comité de district du Parti (deux), le suppléant du soviet du district, Ivan Soloviey (trois), le président lui-même (quatre) et enfin de nombreux fonctionnaires de l’administration du logement à Moscou, du soviet de la ville de Moscou, de la commission d’Etat de contrôle et d’une commission du soviet suprême... et ainsi de suite, sans fin.
les nostalgiques du fascisme rouge prêts à rempiler pour un fascisme vert, se reconnaîtront...