chopino a écrit :
Biosmog a écrit :
Je n'ai pas compris pourquoi il n'existerait pas d'islamophobie. Pour moi c'est tellement évident qu'on vit une période où elle est justement à son paroxysme que je n'ai pas réagi. Je pense qu'il y un problème de mot là. Déjà sur le terme "Islam" il y a une ambiguïté, même les musulmans que j'ai connu n'était pas d'accord.
si ça peut t'aider dans te réflexion ;
http://www.causeur.fr/pascal-b(...)html#
(pour ton info, pascal Bruckner est loin d'être un facho, c'est tout ce qu'il y a de plus gentil)
( Charb a aussi dénoncé l'escroquerie des religieux de parler d'islamophobie, et aussi de christianophobie, parce que eux aussi, ils s'y mettent).
C'est la grande parade un peu grotesque, on critique le prosélytisme religieux dans nos rues, on s'insurge contre les tapis de prières dans les rues, vlan.. l'insulte facile, on est islamophobe.
On s'insurge contre le hallal, on est islamophobe, etc...
Moi, je suis républicain, pour la liberté de culte, mais pour préserver la liberté de chacun et contre l'intrusion du religieux dans l'espace public, pape François comme Boubakeur, on les voit un peu trop souvent à la télé. Je ne suis ni islamophobe, ni christianophobe, mais chacun à sa place, comme cette histoire du pape françois qui prétend que sans la foi du christ, pas de morale, autrement dit, le fondement de toute morale se fait sur les évangiles, entendre ça à la télé, ça me gave, je dis ça, je ne suis pas christianophobe, je suis juste républicain !
J'ai trouvé son article non-payant ici:
http://jforum.fr/2012/11/Pasca(...)-pas/
Alors bon, tout d'abord xeno n'a rien à voir avec la race, mais avec l'appartenance ethnique. La xénophobie est le rejet de l'étranger à la "communauté actuelle", pas de l'autre race. Donc ça commence mal. Ensuite je pense justement que l'Islam est un peu plus qu'un simple système de croyances, c'est un projet global de civilisation. D'ailleurs DAECH ne propose pas de constituer un Etat-nation avec une constitution particulière basée sur le Coran. Il propose de ressusciter un Califat, qui est une forme sociale particulière. Je pense que Bruckner ne fait pas la différence entre la religion musulmane, qui s'inscrit en effet dans une forme privée de croyance, et l'islam qui n'est pas forcément agressif (ça c'est la dérive islamiste que l'on sait) mais qui inclut tout un art de vivre, tout un projet culturel et communautaire.
L'argumentation de Bruckner peut être aussi réfutée sur le versant empirique. J'aurais aimé qu'il s'exprime sur l'interdiction du port du voile dans certains endroits du monde, sur l'interdiction des minarets en Suisse. Pourquoi s'attaquer aux signes ostentatoires d'une seule religion, et pas des autres? Je crois qu'il n'est pas difficile de trouver dans la population un rejet spécifiquement dirigé contre les symboles religieux musulmans en tant que marques identitaires (pas les croyances musulmanes en tant que principes d'action). Là pour moi se trouve une marque clairement xénophobe. Et historiquement, on pourrait rappeler à Bruckner la longue histoire des rapports entre Occident et Orient, la peur du Turc, les Ottomans.
Mais pourquoi pas, j'ai envie de dire. Je pense que la notion d'islamophobie est la manifestation cristallisée d'une forme de rapport à l'altérité. Plutôt que de chercher à l'étouffer, on devrait essayer de comprendre cette composante de notre identité. Elle est intéressante pour moi, car elle me paraît symétrique à celle d'antisémitisme. Alors que l'antisémitisme est l'expression de la crainte de l'autre en nous (le traître, celui qui se cache parmi nous), l'islamophobie serait la crainte de nous en l'autre (ma dissolution dans ce que je ne suis pas). Les juifs, on voulait leur assigner une marque distinctive, les musulmans, on veut la leur retirer.
C'est un petit essai rapide, il faudrait affiner.
Vous battez pas, je vous aime tous