quantat a écrit :
[...]
Onfray sait pas lire et pis voilà
Et il ne veut sans doute pas l'apprendre aux autres, ou se résout à faire profession d'ignorance...
Blow Up a écrit :
[...]
Onfray, il est gratiné sur le sujet, "l’islam qui place des coins dans le vieux marbre d’une Europe en déclin" ou "la chute de l'Occident sous les coups de la brutalité chinoise ou d'une oumma mondiale" pour reprendre certains de ses termes. C'est pourtant assez clair.
Ne venez pas me parler de pensée radicale et inhabituelle, il ne fait que recycler des poncifs conservateurs pour dénoncer une supposée décadence occidentale. Ses bouquins où il dézingue des vaches sacrées sur leurs biographies plus que sur leurs idées en sont de bonnes illustrations, ses cours c'est du verbiage manichéen a charge contre la pensée d'après guerre (avec les têtes de turcs habituelles des réacs : Sartre, Foucault, Deleuze, le structuralisme, la sociologie etc... ) On est en plein dans l'effondrement de l'esprit critique justifier par l'abandon des idéaux progressistes.
[...]
Rien à rajouter.
Sauf...
Sauf à développer
... Mais non
...
Mais si, un peu de vent, contre les moulins...
Développer pour m'amuser, assez inutilement au reste, de celui qui a approfondi la philosophie "Brèves de comptoir" et ses caricatures par les raccourcis sidérants et abyssaux (voir, par exemple, l'aveuglement et la malhonnêteté satisfaite et sans scrupule qui furent les siens pour aborder les penseurs du Moyen Âge seulement européen...) qu'il sut trouver à grand peine pour grossir son ruisseau de petites histoires et de petits potins.
Au passage, l'homme aura quand même eu le temps de subtiliser au bonneteau des plateaux télé et des bonnes feuilles sorties dans la grande presse la notion d'athéologie au grand inquiet qu'était Georges Bataille.
Ni vu ni arrêté, mais, connu, je t'embrouille.
Le bref Onfray jalouse sans doute l'idée d'incarner par prestidigitation un penseur du paradoxe, contre la doxa de son temps (un contresens de plus sur celui qu'il proclame son maître, Nietzsche et ses Considérations inactuelles, ou intempestives,
Unzeitgemässe Betrachtungen, pour les germanistes) ; tout cela, alors que son infime bavardage demeure celui d'un des nombreux bateleurs qui coupent, en société, leurs idées courtes avec le gros bouillon de la conversation, comme un pusher utiliserait du lactose pour sa poudre et son Angel Dust.
Bref, un
demi–habile, pour reprendre une intuition fondatrice de Blaise Pascal à propos de la
mondanité, bien avant le
«spectacle » de Guy Debord ; un
demi–habile se contentant de voir ses pieds enfouis et dissimulés dans la petite poussière de l'opinion et de son boniment.
Ici, et sans vouloir comparer le moins du monde le bref Onfray avec la longue ombre portée de Martin Heidegger, ils ne sont pas du même
ordre, j'aurais bien aimé laisser la parole à Hannah Arendt pour citer sa belle fable de «
Heidegger le renard pris au piège » qu'on trouve, à la date de Juillet 1953, dans son
Journal de pensée (1950–1973), fable longue et gourmande qu'elle conclut par ces mots :
« Il vint donc à l'idée de notre renard de décorer son piège et d'accrocher des écriteaux sans équivoque qui annonçaient clairement : "Venez tous ; ceci est un piège, le plus beau piège du monde."
A partir de ce moment, il était certain qu'aucun renard ne s'aventurerait dans ce piège par erreur.
Néanmoins beaucoup vinrent.
Car ce piège était le terrier de notre renard, et si vous désiriez lui rendre visite quand il était chez lui, il fallait pénétrer dans son piège.
Tout le monde, à l'exception de notre renard, pouvait, bien sûr, en ressortir. Il était littéralement taillé à sa mesure.
Mais le renard qui habitait le piège disait fièrement : "Ils sont si nombreux à me rendre visite dans mon piège que je suis devenu le roi de tous les renards."
Et il y avait du vrai dans son propos, aussi, car personne ne connaît mieux la nature des pièges que celui qui y demeure toute sa vie durant. »
«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.