Blow Up a écrit :
C'est fatiguant cette moisissure argumentaire qui revient tout le temps. C'est du mépris, on est des imbéciles si on ne pense pas comme vous et gnagnagna (le problème a pourtant été tranché par Stuart Mill (un utilitariste libéral en plus) au 19e siècle "Il vaut mieux être Socrate insatisfait qu'un imbécile satisfait" )
L'écriture inclusive je suis plutôt contre, mais avec des arguments plutôt que de la chouinerie et des préjugés.
Sous sa forme actuelle c'est illisible et ça apporte une complexité inutile au texte, à la syntaxe et à l'orthographe.
On a jamais fait évoluer les langues ou les écritures de façon dogmatique ou par décret , ça n'a jamais marché (c'est moqué ou ça inspire le rejet comme par exemple le globish ou la langue managériale d'entreprise) les structures évoluent avec la société et ça prend du temps, au point qu'on ne s'en rend pas compte, sinon c'est perçu comme artificiel.
ça amène du conflit là où il n'y a pas vraiment. Je ne suis pas convaincu du tout (et aucunes études ne le montre) qu'il y ai un déterministe (même symbolique ou inconscient) de soumission du genre dans l'écriture. Quand on lit ou on écrit c'est le sens ou le style qui priment (d'ailleurs on peut identifier un texte plutôt écrit par une femme ou un homme, ce serait le cas de plusieurs passages de la bible et ça ne plait pas aux religieux) par le genre des mots ou des accords.
Bref, ça désert plutôt la cause féministe puisque c'est imparfait, inapplicable sur du court terme et que ça attise du rejet.
Je ne suis pas tout à fait d'accord. L'écriture en grande majorité évolue ni par décret (pour le caractère inclusif, il n'y a aucun décret, ce sont des recommandations locales, qui changent selon l'institution) ni "naturellement" par le jeu ... libéral
des échanges. La langue est faite d'une multitude de prescriptions opérées par de nombreux prescripteurs différents. Et les controverses sur la langue sont aussi vieilles que la langue. Donc non, je ne vois pas tellement d'opposition entre une langue "naturelle" et une langue officielle décrétée. De même l'imperfection de la nouvelle forme... c'est un argument conservateur.
Ensuite, je prends au sérieux les enjeux sociaux derrière les formes langagières. Je ne sais pas si ça dessert le féminisme, mais ça reflète quelque chose de réel en tout cas. On ne comprendrait pas pourquoi cela soulève autant les boucliers, si la langue était aussi indifférente aux relations sociales. Je pense que les enjeux sont importants et profonds (concurrence de l'anglais, classement/déclassement social, transformation radicale de la société (médiévale!) qui a vu naître le français).
Sinon, je reviens à mon message et je partage par contre tout à fait l'idée qu'il faut du temps pour que la langue évolue. Mais justement, cela doit se faire à travers une forme d'émergence de la conflictualité qui est en effet ordinairement plutôt implicitement inscrite dans la langue, des débats, des arguments (moisis ou pas). Et il y a un réajustement qui se fait. Les secousses peuvent durer plus ou moins longtemps. Mais on est en train de passer d'un mode d'organisation sociale pluri-millénaire à un autre, donc c'est peut-être normal que ça secoue pas mal et longtemps (si on prend au sérieux la langue). Peut-être même que le français, langue lourde de la déclamation, de la distinction de cour, va finir par disparaître au bout de ce processus.
Vous battez pas, je vous aime tous