La Route est évidemment un très grand livre qui m’a personnellement bien plus intéressé que
The Border Trilogy (La Trilogie des Confins).
Mais, qu’y puis-je ?, ceux qui au-delà me resteront en mémoire seront toujours les œuvres du début découvertes, pour la plupart, là-bas, de l’autre côté de l’ Océan,
Outer Dark, 1968 (L'Obscurité du dehors),
Child of God, 1973 (Un enfant de Dieu),
Blood Meridian, or the Evening Redness in the West, 1985 (Méridien de sang, pour abréger en français le long titre original).
Et, au sommet, le chef-d’œuvre, celui qui continue de me poursuivre jusqu’à aujourd’hui, et dont je connais encore, en anglais, des passages entiers par cœur, livre lu et relu, scruté, mâché, ruminé et remâché, depuis sa publication en 1979,
Suttree, peut-être resté si vif en mémoire, par reflux nostalgique et parce que c’est par ce roman que j’ai découvert Cormac McC, grand air au dehors, au début de cet été lointain, avec les pieds ballants dessus les vagues et la vieille chanson du Pacifique aux oreilles, grâce au bouche à oreille étudiant de certain campus américain de la Côte Ouest où je roulais ma bosse et sa fin d’adolescence
just like a lazy stroller.
Suttree qui aurait pu être son premier roman, au moins son deuxième, si ce grand bonhomme au souffle de forge n’avait pris presque un quart de siècle pour aller au bout de sa route et le publier ce printemps-là chez Random House, tout un programme :
Enfin, je n’oublie pas, bien sûr, les deux derniers livres publiés tous deux l’année dernière aux USA,
The Passenger et
Stella Maris
Ils viennent d’ailleurs tout juste d’être traduits en français, il y a quelques semaines, aux Éditions de L’Olivier.
«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.