mainline a écrit :
Ah mais je suis bien d'accord. Seulement la réalité du monde économique moderne est quand même éloignée de l'image d'Epinal du papy qui caresse son mouton dans le champ.
Moi ce que je ne comprends pas, c'est le lien qui est fait entre manger de la viande, porter de la laine, ou s'habiller de cuir (d'ailleurs je pense que tout végétarien "éthique" cohérent avec lui-même devrait cesser de porter des chaussures en cuir) et les dérapages de l'industrie animalière. Il n'y a aucun lien logique: ce n'est pas le fait de manger de la viande, etc.. qui implique des dérapages. Et si on regarde du point de vue quantitatif, les cultures maraichères et céréalières ainsi que les diverses activités humaines liées à cette croissance industrielle forcenée que nous menons depuis 200 ans (production, transports, guerres...) engendrent aussi énormément de dégâts en termes de vie, et peut-être même davantage.
Le seul humanisme possible, de ce point de vue, pour moi, est dans une écologie radicale, tous le reste ne sert qu'à se rassurer un peu rapidement: je me sens supérieur car j'arrive à me transformer, par ma propre volonté, d'omnivore en légumivore.
Sur le thème directement, l'anti-spécisme, il y a de quoi dire aussi. J'ai déjà esquissé ce que j'en pense sur l'autre topic, mais ici aussi je crois. En bref, la nourriture n'a rien à voir avec un quelconque spécisme. On ne mange pas de la merde ni aucun autre être qu'on méprise. Les cas de cannibalismes par sentiment de supériorité n'existent tout simplement pas. D'une certaine manière, cette perte de respect de la nourriture (être capable manger de la merde) est très moderne et toute cette idéologie vegan-anti-speciste en est un avatar: il faudrait ne manger que des êtres dont l'existence n'a pas de valeur (végétaux). Je milite plutôt pour qu'on retrouve le caractère "sacré" de l'acte de s'alimenter: ce qu'on mange doit être profondément respecté. C'est un peu tout l'inverse du message vegan.
C'est ici que mon dernier argument survient: il faut avoir une prétention assez démesurée pour finalement se tenir en dehors du monde naturel et juger de l'extérieur, par notre volonté, qui l'on gracie : les animaux à sang chaud et système nerveux central, car ils sont doté d'une conscience selon notre définition ; et qui l'on peut bouffer : des salades parce qu'elles ne sont pas des êtres pourvu d'une conscience. Cette prétention est liée à une forme de sacralisation de la conscience et de la vie: le lapin doit vivre jusqu'à sa mort naturelle parce que c'est un être pourvu de conscience et qui crie, alors que le champs de carottes n'a pas droit au chapitre. En tant qu'athée absolu, je pense qu'à l'échelle de l'univers, la vie et l'épanouissement d'un champ de carottes est aussi important que celle d'un lapin. La conscience est un épiphénomène sans aucune pré-éminence du point de vue moral. Bref, je crois que ce sont les végétariens éthiques qui rétablissent une hiérarchie dans le monde, qui plus est quasi-mystique.
Je précise bien "végétarien éthique" car c'est pour moi le point central de mon désaccord. Il y a en effet plein d'autres raisons de ne plus manger de viande que je trouve valables ou au moins défendables.
Vous battez pas, je vous aime tous