FreoBridd a écrit :
Biosmog a écrit :
Visiblement, ça dépasse beaucoup de gens que l'on puisse estimer que ce n'est pas à une personne non touchée par une phénomène de s'exprimer A LA PLACE des gens concernés par le phénomène.
Je comprends ton point de vue et tu n'as pas tort. Néanmoins, et n'y vois aucune mauvaise intention de ma part, cela est susceptible de rendre la vie très compliquée : un homme ne pourra pas légitimement représenter une femme (et inversement), un(e) laïque ne pourra pas représenter un(e) religieu(se) (et inversement), un souverain (président(e), ou autre en fonction du système politique) ne pourra jamais représenter tout le peuple, un(e) sociologue ne pourra pas parler d'une très grande partie de la société (tou(te)s sauf elle/lui), etc.
En bonus : qui peut parler d'islamophobie (peur irrationnelle de l'islam) ? Celui/celle qui est supposé la subir (muslim) ou bien celui/celle qui est supposé être atteint(e) par cette pathologie (donc non muslim) ?
qui peut parler d'islamo-gauchisme ? les islamo-gauchistes ou bien ceux qui les subissent ?
Bon, cela dit, comme je l'ai écrit plus haut, je pense que tu n'as pas tort. Les autres non plus d'ailleurs. Tout est question de point de vue.
💕
merci pour ce point de vue œcuménique
L'idée ce n'est pas de se retrancher dans son coin et ne plus parler que pour soi. De tout temps, les dominants se sont exprimés à la place des dominés. Les historiens, pour retrouver la parole populaire, ont dû user de stratagèmes incroyables. Le plus grand livre sur cette question est Le Fromage et les vers, de Carlo Ginzburg. Je conseille, c'est juste magnifique de finesse et de précision.
Je pense qu'il faut essayer d'abord d'accueillir la parole de l'autre, malgré que tout (langue, positions d'autorité, moyens de diffusion) l'interdit. Et après, on peut essayer d'exprimer la sienne, mais c'est pas très utile. Souvent. Parce que cette parole dominante, elle est déjà là, tonitruante.
Un exemple pris dans un autre champ. C'est l'actualité, désolé je n'ai pas trouvé sur un stream de diffusion plus précis:
https://www.purepeople.com/art(...)194/1
Ce qui est hallucinant dans cette scène, au-delà du jugement moral (on le connaît et c'est pas le propos) c'est ce qu'on appellerait "dénégation". En fait, ce n'est pas tellement de la dénégation: à un moment il dit quelque chose comme "ah ça t'as humilié? j'en suis désolé mais il faut prendre les gens comme ils sont". C'est donc plutôt l'occultation totale du point de vue des victimes. C'est ça le point, et le point commun avec notre affaire.
Avec l'islamophobie, on parle d'une maltraitance de certaines personnes en raison de leur supposée religion (en fonction de la couleur de peau, etc.). Et on retrouve exactement cette occultation: "mais non ça n'existe pas, c'est pas possible, l'islam est une religion librement choisie et ce choix n'est pas écrit sur le front des gens"...
C'est la même chose avec l'islamo-gauchisme. Et on n'est pas face à un problème qui serait l'exact symétrique de l'islamo-phobie: l'islamo-gauchisme, si tant est que ça existe, consiste encore à parler au nom des dominés. Cette intersection (lol) entre l'islam et la gauche est forcément ultra-minoritaire, si on sort de la débilité inquisitoriale et conspirationniste. On n'est pas dans une population dominante qui tape sur une population dominée avec l'Islamo-gauchisme. C'est encore une minorité (peut-être une élite dans la minorité, mais pas le pouvoir en France aujourd'hui).
Qui c'est qu'on peut objectivement qualifier de la sorte? je le demande depuis des semaines, je n'ai jamais eu de réponse de la part des petits animateurs de la chasse aux musulmans.
Alors c'est qui? Ils ont eu le pouvoir ? ils ont les médias? ils ont la sociologie? Rien, il n'y a plus personne. Et il n'y aura jamais de réponse. Les obsessions psychiatriques, il n'y a pas de réponse.
Vous battez pas, je vous aime tous