En parlant d'importation de machins US inadaptés,
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Il ne s’agit pas bien sûr de délégitimer globalement les études sur les questions de race et les formes de racisme, mais
d’expertiser sérieusement les travaux réalisés dans ce domaine. Or, en langue française, la plupart d’entre eux se présentent comme des catéchismes ou des bréviaires idéologiques, fabriqués paresseusement à coups d’emprunts aux publications militantes étasuniennes, et appliquant mécaniquement à la société française des outils conceptuels forgés pour analyser l’ordre social-racial américain, tel le « racisme systémique » (dit auparavant « institutionnel » ou « structurel »). Transposé par les activistes académiques à la française, cela donne le « racisme d’État », pur fantasme, alors que ce qui caractérise la France, c’est son antiracisme d’État.
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Quel est le présupposé idéologique commun des islamistes et des gauchistes ? La thèse selon laquelle l’islamophobie constitue la principale forme de racisme et celle selon laquelle l’antiracisme dit « politique » est le combat des combats. Il s’ensuit que l’ennemi commun est caractérisable soit comme « raciste », soit comme « islamophobe ». À l’extrême gauche, cet antiracisme islamisé tend à remplacer le vieil antifascisme communiste. On peut voir dans ces attitudes et ces comportements le résultat de la stratégie des Frères musulmans qui jouent sur la culpabilisation et le victimisme pour conquérir l’opinion occidentale. Bref, l’Occident « mécréant-islamophobe » (pour les islamistes) ou « capitaliste-raciste » (pour les gauchistes) est toujours le seul coupable.
Au moment où je l’ai forgée, en 2001-2002, l’expression « islamo-gauchisme » avait donc à mes yeux une valeur descriptive, en ce qu’elle désignait une alliance militante observable entre des milieux islamistes et des milieux d’extrême gauche, au nom de la cause palestinienne, érigée en nouvelle cause révolutionnaire supposée « universelle », comme certains marxistes, tel Étienne Balibar, le claironnaient. C’est par la suite, notamment lorsque l’islamo-gauchisme est entré dans les universités et dans certains syndicats étudiants tandis que le mouvement des Indigènes de la République (lancé début 2005) lui conférait un visage, que je me suis efforcé de donner à l’expression un contenu conceptuel.
La menace islamo-communautariste avait été signalée en 2003-2004 par Michel Laurent, alors premier vice-président de la Conférence des présidents d’université (CPU) et président de l’université d’Aix-Marseille II, qui s’inquiétait de la poussée de « tendances communautaristes, le plus souvent à caractère religieux », et précisait que ce phénomène « constitue à la fois une réalité que certains d'entre nous vivent au quotidien, et, plus largement, un sujet de crispation politique et de revendication dans notre société ». Depuis, l’emprise islamo-communautariste, favorisée par le ralliement des mouvances d’extrême gauche à la « lutte contre l’islamophobie », arme idéologique principale des stratèges islamistes, s’est considérablement accrue.
Parallèlement, la CPU a perdu sa lucidité, comme en témoigne son communiqué stupéfiant publié le 16 février, « “Islamo-gauchisme” : stopper la confusion et les polémiques stériles », qui constitue un singulier mélange de corporatisme aveugle, de mauvaise foi dans le déni, d’ignorance volontaire et d’arrogance. Il met en œuvre la stratégie des yeux grands fermés, celle qui consiste à mettre la poussière sous le tapis. Une fois de plus, on entend le « rien à signaler » des ronronneurs, le « circulez, il n’y a rien à voir » des partisans du statu quo, le « tout va bien » des grands féodaux pratiquant l’entre-soi. Et ce, sous les applaudissements des médias de gauche et d’extrême gauche, qu’ils soient, face à l’emprise islamo-gauchiste croissante, simplement complaisants ou activement complices.
Les heureux dormeurs de la CPU ne veulent pas voir ni savoir ce qui se passe sous leurs yeux. Pourquoi donc s’indignent-ils pompeusement devant une légitime demande d’enquête objective sur des dérives idéologiques et des pratiques douteuses observables dans certaines universités devenues des temples du décolonialisme et des territoires conquis de l’islamo-gauchisme alors que nombre d’enquêtes journalistiques, ces dernières années, ont mis en évidence le phénomène ? Comment ces indignés peuvent-ils ignorer, par exemple, les travaux de Bernard Rougier, de Gilles Kepel et d’Hugo Micheron sur l’imprégnation islamiste de la société française, et en particulier du champ universitaire ? Comment peuvent-ils ignorer que cette imprégnation commence dès l’enseignement secondaire, comme l’a montré Jean-Pierre Obin dans ses travaux ?