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dimanche 14 aout 2005, 17h15
Crash d'un avion chypriote près d'Athènes
ATHENES (Reuters) - Un avion de ligne chypriote s'est écrasé dans les montagnes au nord d'Athènes et aucune des 121 personnes à bord ne semble avoir survécu à cette chute, apparemment provoquée par une dépressurisation survenue quelques minutes avant l'atterrissage de l'appareil.
Les pompiers grecs disent n'avoir découvert aucun survivant et ne pas s'attendre à en trouver.
Le commandant de bord du Boeing 737 de la compagnie Helios Airways semble avoir perdu connaissance à la suite d'une chute de pression dans le cockpit, ont déclaré les responsables de l'aéroport de Larnaca, où le vol HCY522 avait décollé à 09h00 en direction de Prague, via Athènes.
Le ministère grec de la Défense a également évoqué un problème d'approvisionnement en oxygène ou un dysfonctionnement du système de pressurisation.
Un responsable gouvernemental a déclaré à Reuters que rien n'indiquait qu'il puisse s'agir d'une erreur humaine. "Mais nous envisageons encore tous les scénarios possibles", a-t-il ajouté.
L'appareil transportait 115 passagers et six membres d'équipage. Sur ces 121 personnes, 59 adultes et huit enfants devaient descendre à Athènes et 48 autres se rendaient à Prague.
Il pourrait s'agir de la pire catastrophe aérienne jamais survenue en Grèce.
DES PILOTES AFFALÉS
D'après la chaîne de télévision grecque Alpha, le commandant de bord a déclaré aux contrôleurs aériens que son appareil avait un problème d'air conditionné. Quelques instants plus tard, la tour de contrôle perdait le contact avec l'appareil, qui évoluait à plus de 10.000 mètres.
Deux chasseurs F-16 grecs ont été mobilisés à la hâte pour accompagner l'avion. L'un des pilotes de chasse a dit ne pas avoir vu le commandant dans la cabine de pilotage, ajoutant que son copilote semblait affalé dans son siège, a déclaré un responsable du ministère de la Défense à Reuters.
Selon une chaîne de télévision, un passager a envoyé un SMS à l'un de ses cousins peu avant la chute de l'appareil pour lui dire que les pilotes s'étaient effondrés et qu'un froid glacial régnait dans l'avion. "Le pilote est devenu bleu", a-t-il écrit.
Ambulances et pompiers ont gagné les lieux de l'accident, une zone montagneuse inhabitée et d'accès difficile proche de Grammatiko, à une quarantaine de kilomètres au nord d'Athènes. Des débris étaient répandus sur une vaste étendue et plusieurs incendies se sont déclarés, dégageant une épaisse fumée noire.
Des camions, des avions et des hélicoptères de lutte contre les incendies ont été déployés.
"J'ai vu beaucoup de cadavres éparpillés, tous portaient des masques (à oxygène). La queue a été arrachée et le reste de l'avion a roulé sur le flanc d'une colline à environ 500 mètres de la queue", a déclaré un témoin à Reuters.
Des experts aéronautiques ont fait part de leur étonnement face à la cause présumée de la chute du Boeing. Kieran Daly, responsable d'Air Transport Intelligence, fournisseur d'informations sur internet pour le secteur aérien, parle même de "mystère".
HÉLIOS DÉMENT TOUT PROBLÈME SUR L'APPAREIL
"De très bonnes procédures sont prévues pour faire face à un manque d'oxygène. Il y a aussi de nombreux systèmes d'alerte et l'équipage aurait dû savoir qu'il y avait un problème", note cet expert.
"Le message du passager disant qu'il fait froid donne à penser qu'il n'y avait plus du tout d'air en circulation dans la cabine ou dans le cockpit."
Daniel Holtgen, porte-parole de l'Agence européenne de la sécurité aérienne basée à Cologne, a également fait part de sa perplexité: "Il est hautement improbable que la perte de pression dans la cabine ait pu à elle seule provoquer un tel accident. Il a dû y avoir d'autres facteurs."
Le Premier ministre grec Costas Caramanlis a interrompu ses vacances pour revenir précipitamment à Athènes.
Le président chypriote Tassos Papadopoulos s'est pour sa part rendu à Larnaca, où les proches des passagers ont commencé à se rassembler devant les locaux de Helios.
"J'exprime ma peine et ma douleur les plus profondes pour la perte de nos compatriotes et, au nom du gouvernement, je fais part de ma plus profonde compassion à tous les proches. Nous sommes à leurs côtés et nous leur offrons notre soutien", a déclaré Papadopoulos.
A Larnaca, une porte-parole de Helios a affirmé que la compagnie aérienne "ne dispose d'aucune information sur un quelconque problème avec le système (d'air conditionné).
"Cet avion a été régulièrement entretenu et il a quitté Chypre sans le moindre problème", a-t-elle ajouté.
Helios fut le premier transporteur aérien privé de Chypre lors de sa création, en 1999. Rachetée en novembre 2004 par le voyagiste britannique Libra Holidays, la compagnie assure des liaisons avec Dublin, Sofia, Varsovie, Prague, Strasbourg et plusieurs aéroports britanniques avec une flotte de Boeing 737.
Les appareils de Helios ont déjà connu des problèmes par le passé. En décembre 2004, trois passagers avaient ainsi dû être hospitalisés après une chute de pression dans un avion, contraint à un atterrissage d'urgence à Larnaca.