ZePot a écrit :
Survivance. Apparition, disparition. J'ai rien compris.
C'est pas grave, ne t'inquiète pas, j'ai l'habitude.
Mais je n'ai pas parlé, rigoureusement, pour ne rien dire.
Sans doute que ceux qui, comme moi, ont appris la photographie dans une ère préhistorique, l'argentique comme on n'avait pas encore l'outrecuidance de le dire, voient encore ce qui se passait dans une autre chambre, la noire, avec la lumière rouge, quand l'image plongée sortait de rien sur le papier, dans les bacs trempés aux odeurs lourdes.
L'un des ingrédients de base, pour cette magie, s'appelait le fixateur.
Le premier, le bien nommé, portait tout le poids de cette migration vers le visible.
C'était le révélateur.
Quant aux éléments qui fondent cette petite défense à laquelle je me suis livré (
survie, survivance, fantômes, halos, apparition, disparition, et surtout le couple conceptuel visible / visuel...), ils sont largement emprunté à l'œuvre de l'historien de l'art et philosophe Georges Didi–Huberman, une des références majeures relativement à la réflexion sur les images, dans le monde et l'art contemporains.
Son travail ne s'est pas limité aux œuvres artistiques stricto sensu. Il a également travaillé sur la photographie, la dimension du temps, l'anachronisme, le mouvement et la danse ( le grand danseur flamenco Israel Galvan...).
Bref.
Entre autres photographes contemporains contemporains ayant travaillé plus ou moins dans cette direction, ou vers cet horizon, vous pouvez jeter un œil et une oreille à l'œuvre surprenante d'Evgen Bavcar.
Pourquoi ?
Evgen est aveugle.
Il porte souvent un miroir en sautoir pour que son interlocuteur puisse se refléter et voir, pour lui ?, sa propre image.
Et pourtant, il écrit la lumière.
Je veux dire qu'il est bien photographe.
Et cette lumière n'est ni en braille ni braillarde.
Pouvais–je être plus clair ?
Voire obscur ?
C'est le mouvement même du paradoxe, en somme.
Qui tourne, rôde autour de l'opinion qui erre, ça et là.
L'opinion ?
Platon nommait cela la « doxa ».
Ce qui ne date pas précisément d'hier.
Ce petit bout de réflexion n'aura peut-être pas été sans mérite pour les chemins qu'emprunte possiblement ce topic.
C'est tout le mal que je nous souhaite.
«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.