C'est vrai, 22 minutes, qui a le temps d'écouter tout ça... Autant ne pas faire d'effort, et attendre une éventuelle transcription dont on ne sera pas sûr qu'elle ne déforme pas les propos...
Allez, faites-en ce que vous en voulez (à moins que ce soit trop long à lire ?
Interview Ecorama a écrit :
Ecorama : Les politiques et les médias parlent beaucoup de déficit, dette publique, quelle est votre position ?
Sandrine Rousseau :
Ce n'est pas si grave, c'est avant tout un choix. On peut augmenter les impôts et/ou augmenter la dette.
La situation est dramatique pour le climat (rapport Pisani-Mahfouz), nous devrions au contraire augmenter notre dette.
Pourtant, on a diminué nos dépenses pour l'écologie de 10 milliards d'euros.
E : Comment chiffrez-vous ces 10 milliards ?
SR :
Il y avait 2 milliards économisés (1 milliard d'après le journaliste) sur la Prime Rénov, diminution sur les transports collectifs, sur l'énergie, et baisse des crédits programmés cette année et sur les années à venir.
L'écologie est le premier poste de réduction budgétaire.
L'exécutif est dans un déni écologique.
Cela impacte la santé mentale des jeunes, d'où des tentatives de suicide des jeunes. L'éco-anxiété est une des causes de tentatives de suicide (harcèlement, violence, éco-anxiété, peur de l'avenir).
E : Votre avis sur la suppression de l'autonomie du Ministère de la Transition Energétique ?
SR :
Symptomatique du déni écologique.
E : Déficit public à 5,5% du PIB ? Grave ?
SR :
Ca dépend. Dans ce déficit, on donne beaucoup d'aides aux entreprises, sans imposer de conditionnalité écologique.
E : Macron a tort de revenir sous les 3% de déficit public ?
SR :
Il a tort dans le monde actuel. Nous devons penser aux priorités. La réduction du déficit n'est pas un objectif en soi.
L'enquête PISA montre que la France est un pays où on a eu le + de transfert d'élèves du public vers le privé.
Les conditions d'enseignement dans l'Ecole Publique n'attirent plus. Les pauvres n'ont pas accès à un enseignement de qualité. C'est une valeur française qui disparaît.
E : 54% des Français plaident pour une baisse des fonctionnaires, 52% pour une baisse des aides sociales, votre avis ?
SR :
Les fonctionnaires ont diminués de 3% depuis 1989.
La part de la fonction publique se restreint.
Les fonctionnaires sont utiles, dans la Santé, dans l'Education, dans l'Ecologie, dans la lutte contre la fraude fiscale, ils sont nécessaires au progrès social.
Le fascisme s'est nourri des inégalités et du délitement social, nous sommes en train de refaire les mêmes erreurs.
E : Pourtant la France à un rapport dépense publique / PIB le plus élevé du monde, pour une satisfaction médiocre
SR :
Oui, mais nous ne payons pas 20000 euros /an l'université, nous ne payons pas l'Ecole, nous ne payons pas quand nous avons un cancer. Mais nous sommes en train de d'effriter notre système pour diminuer le déficit.
E : Les influences des détenteurs étrangers de dette française ?
SR :
La France est un pays dont l'épargne pourrait nous permettre de reprendre possession de notre dette. Contraindre les épargnants serait une solution.
Il y a des pays qui ont + de dettes / PIB que nous : l'Italie, le Portugal, le Japon.
Il faut accepter l'augmentation du déficit public, le temps que nous fassions notre transition écologique, pendant 10-15 ans, car nous avons besoin d'investissement public.
Les investissements publics permettent de rapporter de l'argent.
L'investissement dans l'éducation nous permet d'augmenter les compétences des travailleurs.
La montée de notre investissement dans la santé permet d'éviter d'autres coûts : moins d'AAH, moins d'arrêts maladie, moins, d'ALD.
Nous devons choisir ce que nous voulons comme déficit, comme recettes, et comme dépenses.
E : Votre position sur la taxation des plus riches ?
SR :
Nos amendements ont tous été rejetés. Par exemple proposition de taxe sur les retraites chapeaux des grands dirigeants.
On pourrait taxer les surprofits, les surdividendes, les plus riches, le patrimoine, diminuer les aides aux entreprises les plus carbonées.
Taper sur les bénéficiaires du RSA, les chômeurs, les petits revenus, est-ce la seule solution possible ? L'augmentation de l'inflation sans diminution de la TVA n'a fait qu'enrichir l'Etat. Les gens sont en train de craquer.
Cela n'est pas ça, le progrès social.
E : Réforme assurance chômage ?
SR :
Un astérisque de cette réforme précise que les futures réformes de l'assurance chômage ne passeraient plus par le Parlement ni les partenaires sociaux. On parle d'une possibilité de modification par simple décret du gouvernement.
Les partenaires sociaux sont des canalisateurs à la colère sociale, si on réduit leur influence, on s'expose à une accumulation de colère.