Ce "topic" fait suite à la brèche ouverte à propos des amplis à lampes commercialisés aujourd'hui sous le nom de la célèbre marque de Nashville...
L'incursion du géant Gibson dans le mode tortueux de l'amplification n'est pas une nouveauté... Déjà dans les années cinquante, on trouvait de petits combos alimentés en lampes 6v6, frappés du nom magique...
On les vendait alors avec les "Les Paul", et leur son bien crincrin, genre 10 watts tout lampe, sans reverb avec un petit 10", voire même un 8"; faisait le bonheur des cow-boys qui investissait dans ce genre de matos...
Ces joujous font aujourd'hui les colonnes de magazines style "Vintage Guitars", et permettent aux héritiers de ces riffeurs d'antan, si elles ont eu le privilège de les garder en possession, de s'acheter la maison de leurs rêves...
Dans les années 70, Gibson revint au monde de l'amplification sous la houlette de sa filiale "Oberheim", spécialisée dans les synthés pour produire un ampli à transistors susceptible de surpasser (sic....) les amplis à lampes d'alors...
Le slogan publicitaire de l'époque était "des amplis conçus par Gibson pour votre Gibson"... Ils étaient commercialisés sous la marque "Lab Series"... Mais que valaient réellement ces amplis ? Difficile à dire car, personnellement, du temps de ces amplis-là, je n'étais pas jeune, j'étais petit...
A ce jour, on peut se référer à des utilisateurs connus, tels que BB King ou Ty Tabor (King's X), qui en ont vanté les mérites... Ty Tabor aurait enregistré toutes les pistes du premier album de son groupe "Gretschen goes to Nebraska" avec un Lab Series, survitaminé via une Rat, il est vrai...
Aujourd'hui, on peut trouver les amplis Lab à des prix très raisonnables...
La compagnie "Lab Series", quant à elle, disparut corps et bien au début des années 80, dans le cyclone financier qui fit vaciller le géant de Nashville, l'obligeant à se séparer de sa filière la plus artisanale, à Kalamazoo... Depuis, les anciens ouvriers et luthiers de cette usine ont monté leur boite, "Heritage Guitars"...
La "Gibson Company" du début des années 80, en plein marasme créatif, se lança à corps perdu dans une pléthore de projets délirants qui font aujourd'hui le bonheur de la catégorie "coucous invendables" d'Ebay et le désespoir des braves zicos de l'époque qui croyaient détenir un instrument d'avenir... Qui se souvient des sublimes "Sonex" (Les Paul à corps en "pulpe de bois injectée"!!!), des non moins croustillantes "Futura" (design indescriptible, à mi-chemin entre le décapsuleur à Kronenbourg et la terrifiante Roswell), sans oublier les sublimes "Victory", sortes de strats bâtardes sensées détourner les inconditionnels de Fullerton...
Petit clin d'oeil, pour finir au stand Gibson du Namm Show de 1984, qui proposait fièrement des "Les Paul" à têtes "Explorer", dôtées, ô cerise sur le gâteau, d'un succulent vibrato... Kahler ? Si un des sympathiques visiteurs du forum venaient à croiser un des "ces chefs d'oeuvres", je lui préconise se dôter préalablement d'un sac de vol en papier, doublé de plastique, comme en distribuent les hôtesses de l'air, afin de se prémunir des effets secondaires d'une telle vision...
Mais revenons-en à nos moutons, les amplis "Gibson"...
Au milieu des années 80, Gibson revint à l'amplification, en absorbant une petite compagnie canadienne du nom de Traynor qui produisait d'honnêtes combos à lampes... Mais cette association ne fit pas long feu et seuls de rares modèles furent commercialisés...
Les amplis Gibson d'aujourd'hui sont tous simplement ceux de la série "vintage" de feu "Trace Elliot", géant anglais de l'amplification pour basse qui, suite à une diversification un peu hasardeuse dans le monde de la guitare, et de lourds investissements jamais rentabilisés, du mettre la clé sous la porte...
La firme de Nashville trouva là l'occasion de se refaire une santé, pouvant désormais le train du "plus vintage et authentique que moi, tu meurs", credo cher à l'ennemi de toujours, Fender...
Gommant la "patte british", si chère à "Trace Elliot", les amplis à lampes de la firme pérèrent une mue, troquant leur robe "vert gazon anglais" pour un cuir marron, et des ajouts de pièces dorées-nickelées, très tendance "born in Nashville"... Les prix ont également pas mal enflé et franchement, au regard de la concurrence qui s'est développée dans le secteur des"amplis à lampes qui crachent le feu", je souhaite bien du plaisir au département "Research & Development" de chez Gibson pour trouver leur place dans l'arène...
Mais qui sait ? Quand je pense au Gibson moribond du milieu des années 80, condamné à copier Charvel, et qui eu la chance de voir arriver un bonhomme comme Slash, Les Paul en bandoulière, en homme-sandwich impromptu, dopant par là-même un succés aussi innatendu qu'inespéré... On est en droit de se demander ce qui adviendra des amplis Gibson...
Success story ou bide intersidéral ?
Who knows... mais ceci est une autre histoire.