Il y a un an, Jackson lançait la American Series, des guitares fabriquées à l'usine Fender de Corona (puisque Jackson appartient à Fender). La nouvelle était de taille puisque jusque-là, la production de Jackson, pourtant une marque aux origines bien californiennes, se faisait soit en Chine, soit au Japon, et les modèles américains étaient de rares pièces sortis du Custom Shop à des prix inaccessibles au commun des guitaristes. Avec la American Series, Jackson proposait donc pour la première fois depuis belle lurette des guitares fabriquées aux USA à un prix raisonnable. La Soloist, avec son manche traversant et sa configuration de micros HSS, était le seul modèle disponible dans la gamme, mais Jackson a enfin décidé d'agrandir son offre dans le domaine.
Là où on aurait pu attendre une Randy Rhoads ou même une Kelly, Jackson présente carrément un nouveau modèle, la Virtuoso. Cela fait très longtemps que la marque n'avait pas introduit de nouvelle dénomination parmi ses guitares, ce qui est en soi un événement qui n'a rien d'anodin, Jackson cherchant ainsi à distinguer sa production américaine du reste de son catalogue. Par de révolution pour autant, puisque la Virtuoso ressemble beaucoup à la Dinky : c'est aussi une superstrat (dont le corps fait le sept huitièmes d'un corps de Strat normal) avec un manche vissé, mais la Virtuoso a un corps aux contours plus prononcés, pour une prise en main plus moderne. Avec la Jackson American Series Virtuoso, on a le sentiment que la marque tente de faire évoluer son image, de passer d'une référence de thrash-métalleux à une alternative crédible pour les virtuoses modernes de la fusion et du metal progressif actuel.
D'ailleurs, il suffit de regarder les cinq musiciens qui ont été regroupés pour promouvoir le modèle pour constater cette orientation : on y retrouve Marty Friedman (ex-Megadeth, qui représente l'ancienne garde), l'incontournable Misha Mansoor (Periphery), Clint Tustin (du groupe de l'Alabama Erra), Debbie Gough (du groupe britannique Heriot) et Dave Davidson (du groupe de Boston Revocation).
La Jackson American Series Virtuoso est une vraie bête de course avec un corps en aulne ultra confortable, un manche vissé en cinq parties avec érable caramélisé et érable normal, une touche ébène au radius composé (de 12 à 16 pouces) avec 24 cases et des repères en points (plutôt que les ailerons de requin de la Soloist), et même des repères lumineux Luminlay sur le côté. Côté micros, les deux humbuckers sont directement fixés dans la table dans plaque, et on retrouve une combinaison indémodable qui a fait ses preuves : un Seymour Duncan Jeff Beck SH-4 au chevalet, et un SH-1 (style PAF 59) au manche, le tout commandé par un sélecteur à cinq positions, donc il y a du split dans l'air. Le vibrato est un vrai Floyd Rose de la série 1500, et quatre couleurs sont disponibles, là encore dans des tons plus discrets et moins "flashy" que la Soloist : Satin Shell Pink (un rose discret et superbe), Mystic Blue, Satin Black (indémodable) et Specific Ocean, un vert pistache qui se rapproche du Surf Green.
Là où tant de marques font face à l'inflation généralisée en délocalisant le plus possible leur production, Jackson marque un mouvement inverse en proposant d'excellentes guitares made in the USA à des prix réalistes. L'arrivée de la nouvelle Jackson American Series Virtuoso enfonce le clou et prouve que cette volonté n'est pas uniquement symbolique.