N'importe quel entrepreneur un tant soit peu expérimenté vous le dira : se reposer sur ses lauriers, en business, c'est du suicide. Two notes est une des rares sociétés d'audio pro françaises à pouvoir se targuer d'avoir été pionnière dans un domaine (la simulation de baffles par convolution) et d'avoir créé une gamme complète, tant au niveau des fonctions que des prix, qui lui a permis de se retrouver dans des centaines de studios, scènes et home-studios du monde entier, avec des artistes et producteurs plus prestigieux les uns que les autres. Même plus prestigieux que moi, c'est dire ! Hum. Or depuis quelques années, lentement mais sûrement, en ricanant de manière maléfique et résonnante sur un trône rouge dans une cave glauque, entourés d'âmes damnées hybrides d'humains et d'animaux (oui je regarde trop de dessins animés), d'autres acteurs ont investi le marché, notamment en proposant des produits très compacts et très peu chers, comme la Mooer Radar ou la Digitech CabDryVR. Il n'en fallait pas plus pour faire réagir l'équipe des irréductibles gaulois de Montpellier, qui nous a présenté en ce début d'année une version révisée de son Cabinet in A Box : le Torpedo C.A.B. M
Présentation
Le C.A.B. premier du nom était le simulateur de baffle hardware le plus compact et le moins cher de la gamme Torpedo, conçu pour être adapté à l'utilisation nomade et notamment sur un pedalboard. A l'ouverture de la boîte du Two-notes Torpedo C.A.B. M, les premières différences sont de suite visibles : le petit nouveau est bien plus compact et délesté de deux des fonctions sans doute les moins utiles de son grand frère, à savoir l'entrée MIDI et les footswitches. Pour le reste, on retrouve la même qualité de fabrication que les autres produits de la marque : c'est joli, classieux et ça a l'air solide. D'abord dubitatif devant la petite taille de l'écran, je constate à l'allumage qu'il est parfaitement lisible sans agresser les yeux, malgré un choix de couleur de police blanche très contrastée. Petit point cosmétique pour le logo rétroéclairé au dos de la pédale, c'est zoli, et moi z'aime ben quand c'est zoli.
On clique sur tout et on verra bien
Comme à mon habitude, pour jauger de la qualité de l'interface utilisateur, je fais un branchement rapide-config' à l'arrache, une guitare, ma petite Metal Zone modifiée, le C.A.B. M, et hop le tout dans la carte son, pour bidouiller les réglages comme ça vient, à la rustre.
La première bonne surprise est que sans même toucher à quoi que ce soit, avec tous les réglages de ma disto à midi et le premier preset d'usine à se charger sur la C.A.B. M, ça sonne déjà... Psychologiquement c'est top, les premières impressions qu'on peut avoir d'un matériel conditionnant la suite. Enfin bref.
L'interface matérielle est très basique : deux boutons encodeurs cliquables, un qui permet de naviguer dans les menus, l'autre qui permet d'éditer les paramètres. On est complètement dans l'intuitif, surtout pour ceux qui sont habitués à certains produits en rack bien conçus à ce niveau, je pense notamment aux bons vieux Rocktrons de la série Fex. Je fais défiler les paramètres, je choisis mon baffle, je choisis les paramètres de micro et d'ampli de puissance, ma reverb, pif paf pouf en moins de deux minutes je me construis un son.
Passer deux modes
Pour aller plus loin, il faut savoir que le C.A.B. M reconnaît la même philosophie de travail que les autres Torpedo ainsi que le plug-in Wall of Sound. Il existe trois modes :
- Un mode "arcade" qui donne accès à un nombre de paramètres limité et simplifié
- Un mode "simulation" qui permet d'éditer l'ensemble des paramètres
- Un mode "IR" qui shunte la partie logicielle Two Notes pour pouvoir utiliser des IR externes. Je ne m'attarderais pas sur ce mode tout simplement parce qu'il est accessoire au vu des possibilités données par les deux autres modes.
Alors si j'avais un conseil à donner, ce serait de réserver le mode "simulation" aux gens pointilleux et/ou qui ont déjà une expérience de la prise de son, une bonne connaissance du matos... bref qui savent où ils vont. En effet, comme dans tous les appareils numériques modernes, la quantité de possibilités fait qu'il est très facile de se perdre et de passer trois heures à tâtonner pour s'apercevoir le lendemain qu'on a construit des presets totalement moisis, de se demander quel est le sens de notre vie, regarder notre famille avec lassitude, partir au travail discuter du cancer de la société avec une secrétaire de 40 ans désabusée mais charmante. Quoi ? Oui je regarde trop de séries peut-être aussi...
Enfin bref, avec déjà 32 baffles disponibles, plus les micros, les power amp et les paramètres de base, il y a déjà de grandes chances que vous trouviez chaussure à votre son sans creuser outre mesure.
Vidéo officielle Two notes
Je suis très Remoté
Quel que soit le mode de travail choisi, on peut donc certes éditer les paramètres via l'écran de la petite boiboite, mais aussi, pour plus de confort, via l'application Torpedo Remote disponible tant sur ordinateur que smartphone, et ce via une connexion filaire USB ou via Bluetooth.
L'interface de Remote, familière à tous les habitués des produits de la marque, permet une appréhension très visuelle de ce que l'on fait, notamment au niveau du placement du ou des micros autour du baffle. Elle permet aussi (sauf sur la version smartphone) l'accès à la boutique Two Notes pour acheter de nouvelles enceintes virtuelles. Sachant qu'il y en a 296 disponibles sur la boutique, chacune avec pas loin d'une dizaine de micros différents, je crois assez sérieusement que chacun y trouvera son compte. Ou alors, il y a vraiment de la mauvaise volonté ! T'abuses, là, allez file dans ta chambre.
Autre petite note au passage, les enceintes que vous achetez sur le site sont enregistrées sur votre compte et sont utilisables sur tous vos produits de la marque. Si vous avez un C.A.B. M, un WOS, un Torpedo Live et un Torpedo studio, bon déjà vous êtes un dingue, mais vous n'aurez pas besoin d'acquérir 4 fois la même enceinte.
Et le son ?
Bah le son... comment dire, ouais, ça sonne, y'a pas photo et c'est pas une surprise ! C'est réaliste, c'est dynamique, ça a du grain et de la définition, on s'éclate très très vite !
Maintenant comme souvent sur ce type de produit, la qualité du son dépend de la qualité des IR (celles de base sont déjà très bonnes, certaines proposées sur la boutique par des studios tiers sont entre le pas mal et l'excellent) mais aussi et surtout de la capacité de l'utilisateur à trouver un réglage pertinent, éventuellement fidèle à son matos hardware habituel et adapté à son contexte d'usage. Je reste intimement persuadé que celui qui achète une telle usine à sons et n'y trouve pas son compte s'est saturé les oreilles et s'est perdu à force de chercher trop loin. Après ce n'est que mon avis...
Du coup... we take the CAB?
Cerise sur le gâteau ? Le C.A.B. M démocratise l'offre et se vend 299€ soit 100 balles moins cher que son grand frère. Ça reste plus onéreux que certains produits de marques chinoises qui pourtant tiennent très bien la route, mais à ce jour, je considère que le C.A.B. est le produit le plus pointu et abouti dans sa gamme, et de loin. Solide, beau, ergonomique, intuitif, évolutif, j'ai eu beau chercher, je ne lui ai pas trouvé de vrai défaut, à par le fait que je vais devoir le rendre au distributeur. Et pourtant sachez-le j'aime pas ça, en tant que lecteur de tests je suis le premier à être suspicieux devant un article trop dithyrambique et à mettre en doute son objectivité. Mais là vraiment je sais pas quoi critiquer... Donc encore une fois bravo à Guillaume et à son équipe !
Et je m'en vais grattouiller dans le soleil couchant...
Les plus
- Évolutions par rapport au CAB
- Prix en baisse par rapport au CAB
- Interface utilisateur au top, produit pensé, pratique et efficace
- Le son, évidemment
Les moins
- Mode simulation à déconseiller aux débutants
Extraits Audio : Fender Stratocaster Mexique HSS avec micros Tom Anderson dans Boss Metal Zone modifiée dans Torpedo C.A.B. M, Interface Audio Tascam US 1641. Pas de post-traitement
NDLR : La vidéo n'est bien entendu pas exhaustive sur les possibilités sonores de la bête ! Elle est simplement destinée à vous faire découvrir l'interface et la facilité d'usage même sans le Remote, et ce qu'est capable de faire le CAB M... Avec une simple Metal Zone ! Je vous laisse imaginer avec un gros zampli tout méchant...
Extraits Audio : Fender Stratocaster Mexique HSS avec micros Tom Anderson dans Boss Metal Zone modifiée dans Torpedo C.A.B. M, Interface Audio Tascam US 1641. Pas de post-traitement
NDLR : La vidéo n'est bien entendu pas exhaustive sur les possibilités sonores de la bête ! Elle est simplement destinée à vous faire découvrir l'interface et la facilité d'usage même sans le Remote, et ce qu'est capable de faire le CAB M... Avec une simple Metal Zone ! Je vous laisse imaginer avec un gros zampli tout méchant...