Test de la Gibson Les Paul Studio Wine Red 2024

Publié le 17/09/2024 par Julien Bitoun
Le retour de la Les Paul Studio avait déjà été annoncé par la sortie de la Studio Modern il y a quelques mois, mais voici désormais celle que l'on attendait vraiment : une Les Paul estampillée Gibson, avec tous les attributs qui font la personnalité éternelle de l'instrument depuis plus de 70 ans, le tout à moins de 2000 euros.

La Les Paul de Thésée

À partir de quand est-ce qu'une Les Paul n'est plus une Les Paul ? L'histoire de Gibson depuis 1952 est hantée par cette question. Dès 1954, la marque propose la Les Paul Junior avec un seul P90 et sans table érable rapportée afin de démocratiser le modèle. Mais si la Junior a ses qualités propres, elle ne sonne pas pour autant comme une Les Paul. Au début des années 60, Gibson change la forme, mais garde le nom, et l'artiste est formel : la forme SG n'est pas non plus une Les Paul. Au fur et à mesure des décennies, Gibson tentera d'alléger le coût de son instrument star sans perdre le son mythique, par exemple avec un manche vissé (ça ne marche pas).

La Gibson Les Paul Studio est apparue dans les années 1980 avec l'idée simple de conserver les éléments structurels de la Les Paul, mais d'en réduire la sophistication visuelle. Il y a eu plusieurs versions différentes (dont des bizarreries comme la Les Paul Studio Custom) pour finalement arriver à une version convaincante dans les années 1990, et c'est clairement cette dernière qui a inspiré la Studio 2024 que nous tenons ici entre nos mains.

La belle est livrée dans une housse en simili-cuir bien rembourrée et tout à fait sérieuse, ce qui est souvent bien plus pratique qu'un étui, même si l'image de luxe n'est pas la même. La forme Les Paul est là, dans toute sa splendeur, avec trois modifications visuelles qui trahissent le côté Studio (en plus du fait qu'il y a marqué Studio sur la tête évidemment) : le corps qui n'a pas de binding, le switch qui n'a pas de contour poker chip, et le logo qui est au pochoir et pas incrusté.

Pour le reste, rien n'a bougé, et la belle finition Wine Red laisse voir une table en érable dont les dessins ne seraient pas honteux sous un Lemon Burst des familles. On ne change pas une équipe qui gagne : corps et manche en acajou, touche palissandre. Il a même les attributs plutôt luxueux d'une Les Paul classique : le binding de touche, les repères trapézoïdes en acrylique, la plaque de protection blanche assortie aux contours des micros et les mécaniques Vintage qui, si elles ne sont pas les efficaces, font partie du look mythique de la Burst. Visuellement, donc, on est dans la Les Paul sans ambiguïté, encore plus qu'avec la Studio des années 90 dont l'accastillage doré et les plastiques noirs trahissaient un mélange d'influences un peu particulier.

Manche fin, son gras

La prise en main ne surprendra pas les musiciens qui ont déjà été en contact avec une Les Paul : on retrouve avec plaisir l'épaisseur caractéristique du corps de ce petit gabarit. Le poids est très raisonnable, grâce aux chambres creusées dans le corps. Ces cavités ont longtemps fait peur aux puristes, mais quand on voit le son que tire Billy Gibbons de ses Les Paul complètement évidées, on se dit qu'on devrait s'en sortir.

Le manche est un Slm Taper, ce profil qui fait son apparition en 1960 et qui est le plus fin du catalogue Gibson. C'est un choix tout à fait consensuel, puisqu'il conviendra à la plupart des musiciens, même ceux qui n'aiment pas les manches trop fins : on n'est pas non plus chez Ibanez ! Personnellement, je suis plus fan d'un profil bien rond type 57, mais il est compréhensible que Gibson ait fait le choix qui conviendra au plus grand nombre.

La finition est très bonne, et on retrouve avec plaisir la simplicité évidente d'une Les Paul made in the USA. À vide, on s'éclate déjà et le sustain laisse présager du meilleur. Les deux humbuckers couverts sont des Burstbucker Pro, un modèle très inspiré du PAF (comme tous les Burstbucker) avec un niveau de sortie peu élevé, mais une belle ouverture dans l'aigu. Les deux boutons de volume cachent deux push/pull qui permettent de splitter chaque micro (ce que Gibson appelle le coil tap).

Une fois branché, on est en territoire connu, et plutôt sur une bonne version du territoire en question : le clean est rond et chaud, et c'est surtout en crunch léger que la Les Paul Studio déploie ses ailes. Le grain rauque s'avère parfait pour le blues à l'anglaise et les riffs de rock 70s, surtout sur un ampli type Marshall (c'est classique, mais le combo a fait ses preuves). En grosse disto, il faudra accepter le côté brouillon des Burstbuckers, qui seront parfaits pour du Guns n' Roses ou du Sex Pistols, mais manqueront de niveau de sortie et de tranchant pour du metal plus moderne. Cela dit, il suffira d'une paire d'EMG et la chose sera réglée. Seul regret : les splits, dont l'utilité n'est pas probante. On obtient un son hors phase qui sera peut-être utilisable dans certains contextes précis, mais on aurait préféré une fonction secondaire plus exploitable.

C'est une bien petite ombre à un tableau tout à fait convaincant : la Les Paul Studio 2024 est un très bon millésime, une incarnation fidèle à l'esprit de l'originale qui se place à un prix raisonnable. Reste à savoir si vous allez préférer les Epiphone haut de gamme qui sont plus proches du visuel d'une Burst ou le prestige d'une vraie Gibson fabriquée aux États-Unis. Bizarrement, le prix est quasiment le même.

Les Plus

• Une vraie Les Paul dans le look et dans le son
• Le prix correct
• La housse de qualité

Les Moins

• Les coil taps ne servent pas à grand chose

- Prix : 1799 euros
- Finitions : Wine Red (Pickguard blanc), Cherry Sunburst (Pickguard blanc), Blueberry Burst (Pickguard noir), Ebony (Pickguard noir)
- Distribution Gibson
- Voir les prix sur notre partenaire Thomann
- Lire l'annonce de sortie : Retour de la Les Paul Studio

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