JayBea a écrit :
Ça me fait plaisir de voir que tu es du même avis
Tant mieux...
Mais je n'ai pas eu à me forcer et ne vois donc pas trop où se cache l'effort.
En effet, le
Justin.com reste très accessible aux débutants, dans tous les sens du terme, à la réserve près de l'anglais, par ici en tout cas (m'enfin, c'est pas la Baleine de Jonas, non plus...).
Idem, voire plus encore, pour ce que tu dis du "professeur", une présence et une efficacité sûrement pas remplaçables .
Mais, là, selon moi, c'est tout autant une affaire de relation que de technique musicale ou pédagogique.
Tout autant, ou plus : de mon point de vue (et c'est très certainement assez utopique) le professeur ou l'initiateur que je m'apprêtais à être alors devait y trouver un intérêt et une valeur qui ne soient pas que financiers.
C'est aussi le luxe de celui dont ce n'est pas le métier.
Enfin, c'est le principe que j'ai toujours suivi.
J'ai assez rarement donné des "cours" de guitare (je le rappelle, je ne suis en rien prof de musique), mais je n'ai jamais demandé un rond pour ceux–là.
En revanche, il fallait bien que je trouve ma solde précieuse autrement, que je me rétribue sur le plaisir de jouer, faire jouer, d'apprendre à écouter (des Beatles à Mahler en passant par Bill Evans ou Ahmad Jamal, sans oublier d'acclimater ces oreilles distraites ou sans expérience à un phénomène un peu particulier, celui d'écouter, comparer, apprécier différentes interprétations d'une même partition dans la musique censément étiquetée "classique"), d'apprendre à créer, c'est à dire oser créer (tout cela à deux au moins, voire à trois, pas plus, mais pas moins, composer ensemble), et amener subrepticement un môme à improviser sans qu'il s'en rende compte, c'est à dire à créer dans l'instant présent ; tout en raffinant, pour lui, discrètement, sans tapage et gros mots du Conservatoire, les langages mélodique, harmonique et culturel (amener aux proximités du jazz ou aux spécificités culturelles de la musique dite classique ou extra-européenne —pour moi, par exemple, l'Inde dans tous ses états, le Pakistan ou l'entrelacement des subtilités rythmiques, vocaliques et polyphoniques des pygmées Aka... ; poser philosophiquement, à hauteur de môme, les problèmes du temps, de la mémoire et de l'oubli dans tel ou tel fleuve issu, par exemple, de la flûte bansouri d'Hariprasad Chaurasia, ou déplacer encore le problème vers les musiques contemporaines sérielles, atonales, spectrales, que sais–je encore...) ; tout cela, résumé à gros, à très gros traits, fut mon salaire, un salaire clandestin mais foutrement précieux...
Comme ça, l'air de rien, histoire d'apprendre la curiosité, c'est à dire de rendre possible, à la fois, son expérience et sa postérité .
«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.