Autant le dire dire tout de suite, je n'ai pas un album favori, mais beaucoup trop.
Je vais donc piocher dedans, avec un critère totalement objectif puisqu'il s'agit de l'album dont je peux parler sans avoir à me creuser la tête.
Alors on y va :
Album : Achtung baby
Artiste : U2
Dernier concert du lovetown tour accompagnant la sortie de rattle&hum et Bono, toujours prompt à l'ouvrir sans trop laisser placer au doute va lâcher sa petite bombe à retardement. Quelques mots et les fans présents dans la salle repartent sceptiques. "T'as compris ce que j'ai compris qu'il fallait comprendre ou quoi ? Le groupe arrête, c'est bien ça qu'il a dit ?"
Nous approchons alors la fin de décennie, les années 80, aussi surnommées les années accrochez-y-tout-ce-qui-vous-déplait-pas-de-doute-ça-vient-de-là.
Quelques soubresauts de l'histoire plus tard : achtung baby.
Un mot : renaissance.
Une ville : Berlin.
Un groupe : U2, sans qu'on soit vraiment sûr de ce qu'on avance. Et l'on ne remerciera jamais assez celui qui nous aura épargné une rumeur McCartneyesque du type Bono est mort, parce que là on y aurait cru.
"Paul Hewson est mort depuis longtemps" déclare de nos jours le chanteur.
Quant à son double Mr Vox, il confirme ce qu'on sait déjà, c'est un chat.
Avec plusieurs vies.
En 91, le chat noir fait les poubelles d'un Berlin dont l'ablation récente de la verrue-mur ne va pas sans douleur.
C'était obligatoire, il fallait se réinventer, c'est sans doute ce qu'il fallait comprendre lors de ce fameux dernier concert du lovetown tour. Ce sera rude, tout va y passer, et il faudra guetter quelques sons typiquement edgiens pour s'auto persuader qu'on ne s'est pas trompé de disque.
Aux commandes : Eno, Lanois, Lillywhite en ultime renfort quand tout s'effrite. Le groupe erre dans la cité allemande pendant des mois et n'en revient qu'avec deux chansons et demi. La paranoïa vole bas en cette saison. Larry Mullen Jr par exemple, contraint de reconnaître son cocufiage par une bande de boïtes à rythme et samplers dont les atours n'ont rien à envier aux pires fanfreluches des putes berlinoises.
Deux chansons et demi.
Achtung baby l'album berlinois, celui qu'on rapproche de la trilogie du sieur Bowie, doit autant à l'Irlande et ses habitudes qu'à la cité allemande.
C'est de retour en terrain connu que les éponges vont régurgiter.
La demi-chanson va venir se greffer sur une autre ébauche, et après des journées de doute, ils vont enfin en tirer quelque chose.
Et au final, d'une production pointilliste émergent :
Zoo station. "I'm ready for the laughing gas." Pas de doute, Bono a changé. L'humour est donc entré dans le groupe, quelque soit l'étroitesse de la porte. The edge reste the edge, mais il faut se pincer quand même. Les séjours autour de la gare berlinoise ont porté leurs fruits.
Even better than the real thing. Lillywhite au garde à vous.
One. Tout un symbole : "n'abandonnez jamais vos demi-chansons !"
Until the end of the world. Wim Wenders traîne dans le coin.
Who's gonna ride your wild horses. Ca, on ne peut pas répondre, mais ça a l'air de le travailler.
So cruel. Piano brumeux, guitares-barbelés, c'est U2 vous dîtes ?
The fly. Et puisqu'il leur faut une rock star forcément mégalo, puisque toute tentative de s'excuser d'être là sera veine : the fly, lunettes à l'appui comblera toutes les espérances. Du cynisme à revendre, la rockstar assumée telle que dans vos pires cauchemars. Derrière, ça ne rigole pas, Larry à des choses à prouver. En tête : on ne le cocufie pas comme ça, sans raison.
Mysterious ways. "It's alright, it's allright, it's allright." Chanson funk, sexy, groovy.
Trying to throw your arms around the world. On peut toujours essayer mais c'est difficile.
Ultraviolet. "Light my way" dit-il. D'accord.
Acrobat. Peut-être le titre résume-t-il la position du groupe à cemoment. A lbum difficle, quant à la tournée à venir, ça risque de surprendre. U2 conceptuel ? Il vaut mieux être souple. Réflexion qui s'applique également aux fans, qui vont pouvoir éprouver leur fanitude.
Love is blindness. Et c'est fini. La brume et les fantômes ont intérêt à détaler, on va passer à la séquence mal aux yeux :
Place à ZooTV, the fly et ses poses expressives. Mc Phisto, sa tenue de rocher Suchard (copyright Zegut), et ses coups de fil (Bush père, un taxi, une pizza, vatican...). Place aux écrans, aux Trabant qui s'entrechoquent sous les coups de boutoir de Larry - mais tu sais bien qu'on ne peut pas se passer de toi - Mullen. The edge reste the edge, le pilier qui retient le groupe.
ZooTV qui accouche d'un album expédié (zooropa) et dont le financement tient grâce au merchandising.
Autour le monde évolue, la télé nous propose des points verts toute la nuit.
Dans son blade runner itinérant, le fameux plusgrandgroupeirlandaisdetouslestemps braque les années 90 mieux qu'un train postal.
Ils ont survécu, ils sont plus forts.