Restauration guitare classique ancienne

le dos étant terminé, la table consolidée et les fentes recollées, il s'agit maintenant d’assembler le dos au reste de la caisse.
Enfin, on pourra vraiment parler de caisse quand tout serra en une seule pièce...

Un ponçage minutieux de la partie inférieure des éclisses qui vont recevoir le dos, puis encollage en essayant de faire coïncider tout ça au mieux possible.



Serrage sur les renforts d'éclisse au serre-joint et ruban de masquage sur tout le tour de la caisse.

J'ai une vieille Di Mauro de 1964 sur laquelle j'ai debuté, avec moins de taf que ça... tu me redonnes espoir

J'attends impatiement de voir comment tu fais pour redresser le manche

la façons dont tu aborde se projet force le respect.

Ah oui?
En quoi ça force le respect ?

Etape binding sur la caisse.

Ajustement des gorges au ciseau.



Sur une restauration aussi critique, on s'imagine qu'il y a toujours des surprises pas toujours bonnes.
On y est.
Si vous avez bien observé le recollage du dos, ce dernier ne coïncide plus exactement avec la caisse. Certainement une déformation de la caisse due à son stockage dans des conditions pas du tout favorables.
Bref sur le côté droit haut et bas du fond il manque quelques 4 mm de bois.



Il faut donc combler.
Ajustement d'une nouvelle gorge au ciseau.
Je taille des baguettes de palissandre indien (dont la couleur est malheureusement assez éloignée du palissandre original du fond...).




Et puis collage de ce rattrapage de caisse.




Découpage de baguettes d'acajou (ou sipo pour être précis) dans une plaquette de récupération (côté de table de ping-pong).



Ces filets étant assez épais, je les ai "formé" à la chaleur pour ne pas les casser au collage.



Les deux élargissement du fond sont taillés au ciseau pour pouvoir ajuster les filets correctement.





Et puis collage des filets.



Pour la table, je décide de mettre deux filets pour que ce soit plus joli.
Donc, une épaisseur de sipo et une épaisseur de palissandre découpé dans un couvercle de piano ancien (récupération)



Taille des gorges au ciseau et collage des deux baguettes en une fois.
Même technique que pour le fond.

Fini ça donne ça.






C'est pas ultra parfait, quelques petits vides à combler, mais la caisse est enfin refermée.
Et déjà là, ça fait bien plaisir !

T'es bon pour un refretage aussi

Au minimum oui !

Beaucoup auraient été effrayés par un projet comme celui-ci aux vues de la masse de travail à accomplir et la technicité que ça réclame.

Dirvangil : je ne suis pas effrayé par ça, mais c'est vrai qu'il faut s'attendre à pas mal d'heures de travail de précision sur ce genre de rénov.
Seul truc qui m'a fait un peu hésiter, c'était le défaut sur le manche, assez conséquent, mais je me suis dit que si j'arrivais à résoudre ce problème, j'aurai fait un petit progrès dans la technique.
Faut pas toujours trop réfléchir avant de se lancer.

La caisse ayant retrouvé son intégrité, on peut enfin s'attaquer au manche.

Première opération, retirer les frettes.



Je décide ensuite de sortir la touche afin d'attaquer le problème du manche à la racine.
Seul moyen sans recourir à l'usinage, chauffer pour faire fondre la colle.
(Usiner une pièce tordue ce n'est pas l'idéal !)



Utilisation d'un sabot de fer à repasser pour chauffer le bois de la touche et décoller gentiment avec une ou plusieurs spatules.



Le sabot de fer a été monté sur un support pour cintrer du bois dans un autre projet de lutherie. Ce qui lui donne son look un peu incongru.
Un fer à repasser normal aurait convenu tout aussi bien.
Le truc important est de trouver le bon réglage du thermostat, pour ne pas bruler le bois mais seulement faire fondre la colle, il faut faire des essais avant...

Une fois la touche décollée dans sa totalité :





On va enfin pouvoir traiter la rectitude du manche.

beau boulot.
Tu pourrais peut être le redresser et insérer des renforts de carbone.

Oui T_delval, je suis un peu dans cette optique là !

Alors, il s'agit maintenant de remettre le manche droit, ce qui sera évidemment plus facile sans la touche.

J'adopte là aussi la technique de la chaleur qui, lorsque qu'elle utilisée avec précision rend le bois malléable (juste avant de le brûler, c'est là où il faut être précis).

Première opération, je fixe le corps de la guitare solidement, ensuite je fixe un levier bien rigide sur la tête pour pouvoir agir en rotation sur la manche.



Je fais remonter ce levier jusqu'à ce que le manche soit à nouveau bien aligné avec le corps (ce qui ne lui était pas arrivé depuis plusieurs décennies...).
Et je mets une cale pour maintenir cette tension.

Je commence à chauffer le manche sur toute sa longueur en prenant soin de ne pas (trop) bruler le bois.
Il faut jouer du thermostat.



On aperçois la colle imprégnée dans le bois qui remonte à la surface !

Une fois que le bois est devenu malléable, j'agis sur le levier pour exagérer un tout petit peu la tension afin que le manche reste bien aligné une fois refroidi. Il faut trouver le bon compromis...



On y est ! Quelques brûlures mais le manche est à nouveau droit et dans l'axe du corps.
Mission accomplie.

Je finis en immobilisant l'ensemble quelques jours avec une règle bien droite, le temps de bien refroidir le bois.



Et le tour est joué.

On va dire que ça serait bête de recommencer l'opération dans quelques temps si le manche venait à se vriller à nouveau.

Je vais donc mettre un renfort dans le bois.
J'ai une tige métallique sous la main, c'est parti.

Je creuse une gorge dans l'acajou du manche à la défonceuse.



La gorge terminée.


Et voilà la tige de renfort prête à être mise en place, noyée dans la résine araldite pour rigidifier l'ensemble.

Tu fais pas dans le leger la !

Une tringle en carbone ne coute pas bien cher de nos jours, un tube carbone en 6mm ca doit se trouver chez D4.

Au pire un carré en alu serait presque aussi rigide et beaucoup plus leger que cette tige en acier ....

Mettre un truss n'aurait pas été plus simple???