Jacques Carbonneaux a écrit :
Réglementer oui, mais pas n'importe comment sauf si on veut que les instruments de musique non numériques ne deviennent une espèce en voie d'extinction !
Et que rien ne change pour les forêts tropicales.
Pour le bois de rose de Madagascar par exemple (une variété bien spécifique de palissandre), il était déjà illégal d'en sortir de l'Île depuis bien avant 2017. Pourtant, des containers entiers en sortent, et en plus, avec du bois bien souvent issu de parcs naturels. Il s'agit de braconnage parfaitement illégal mais que a quand même lieu, les trafiquants étaient déjà dans l'illégalité avant 2017, pour eux rien n'a changé. Qu'il faille contrôler plus sévèrement le commerce du bois brut, personne ne le conteste, mais ça ne se fera pas en tapant sur le bout de chaîne.
Et je l'ai déjà dit dans ce topic mais l'équation bois tropicaux=désastre écologique et bois locaux=gestion raisonnée est une simplification mensongère. Par exemple Madinter et Taylor mettent en place un circuit d'approvisionnement d'ébène africain renouvelable, et qui fait bosser des gens sur place en préparant des pré-débits plutôt qu'en exportant les troncs bruts. A contrario, en France on envoie nos troncs de chêne bruts se faire débiter en Chine... ce qui cause la fermeture de très nombreuses scieries chez nous (et le chômage qui va avec). Je reprends l'exemple du palissandre indien, qui, en Inde, est cultivé, pas menacé du tout et permet à des milliers de personnes d'avoir un travail. Si plus personne ne leur achète leurs objets ou pré-débits, vous croyez qu'il continueront à replanter du palissandre? Certainement pas, il mettront à la place des cultures vivrières (première cause de déforestation, de très loin) ou du palmier à huile, le palissandre indien se retrouvera plus rare qu'il n'était. Croire que si on n'achète plus de bois tropicaux les forêts seront comme mises sous cloche c'est se tromper gravement, sauf à ce que ça s'accompagne d'une délocalisation des populations y vivant...
Et si on n'achète plus de bois tropicaux, qu'on se tourne à 100% sur les bois français ou européens ? Les forêts européennes ne suffiront pas... Et ce n'est pas la politique de l'ONF qui arrangera les choses.
Un exemple avec l'érable sycomore, c'est un bois de choix pour la lutherie, en plus il est très beau. Demandez à un marchand de bois de lutherie où il se fournit ? Ils vont en chercher toujours plus loin en Europe de l'Est, il n'y en a pas assez en France pour satisfaire la demande, c'est pourtant une essence très commune. On parle du cormier pour les touches, en effet c'est un bois qui s'y prête bien, sauf que ça fait des décennies que plus personne n'en plante (autrefois il servait pour l'outillage et les fruits étaient donnés au bétail), résultat c'est une essence menacée en Europe... il est écologiquement plus responsable d'utiliser une touche en palissandre indien d'Inde qu'en cormier de chez nous, aujourd’hui en tous cas.
Personne ne conteste la nécessité d'un commerce du bois plus contrôlé, mais que ça ne se fasse pas n'importe comment en se trompant de cible.