Bravo Laurent_Barre
, je crois que tu as été le premier a signaler la réédition d'Animals (2018 remix).
Je me le suis procuré et je suis en pleine redécouverte de cet album dément.
Prévue à l’origine en 2018, cette réédition a minima (pas de live audio ou vidéo, pas de démos, pas de versions alternatives...) fut notamment retardée en raison d’un désaccord relatif au texte du livret, rédigé par Mark Blake.
Par ailleurs, on sait
Gilmour irrité par la commercialisation d’un remaster d’une œuvre entièrement composée par Waters (sauf “Dogs”, qu’il a coécrit).
Le bassiste, de son côté, se plaint d’avoir été banni du site officiel, etc., etc.
ça fait 45 ans que ça dure.
Que Waters ait une forte personnalité et un égo démesuré soit, mais quand même...
Roger Waters est un créatif extraordinaire, un artiste complet qui a su transcender artistiquement sa misanthropie et son dégout de la célébrité, de la politique, du capitalisme et ses excès... , même si lui même s'est laissé complétement dépasser à l'époque par le statut d'ultra rock star.
Cet album-concept brosse une critique acerbe et virulente des conditions socio-politiques au Royaume-Uni vers la fin des années 1970 et marque une transition notable sur le plan du style musical de Pink Floyd par rapport à leurs travaux antérieurs.
Le concept d’
Animals trouve son inspiration dans le livre
La Ferme des animaux de
George Orwell et reprend les grandes lignes du roman : le cynisme, l'agressivité et la critique sociale en utilisant des archétypes animaux.
Quelque part, la critique du capitalisme et de la société anglaise conservatrice sonne toujours aussi pertinente, de nouveau actuellement
.
Les paroles, écrites par Waters, critiquent vivement ceux qui sont prêts à tout pour réussir, en particulier ceux qui trahissent sans scrupules, et font état d'une certaine « loi du plus fort » chez ces « chiens » sans âme qui ne laissent pas leurs émotions parler.
Dans
Pigs, Waters mentionne trois types de cochons en trois couplets, tous trois représentant métaphoriquement des classes sociales ou des personnalités britanniques.
Les premiers critiqués sont les hommes d'affaires, puis il s'attaque à une « vieille peau » qui « aime la sensation du métal », soit une femme sans aucune humanité. La description très spécifique laisse penser que c'est
Margaret Thatcher qui est visée, notamment pour son surnom « la Dame de fer » donné en raison de ses idéaux anticommunistes.
La personne visée par le troisième cochon est directement mentionnée : il s'agit de Mary Whitehouse, présidente de la National Viewers' and Listeners' Association, qui est notamment décrite comme une « souris de ville, fière de sa maison »
Rappelons le contexte : En 1975 le groupe avait fait l'acquisition d'
un immeuble de trois étages au 35 Britannia Row à Islington, dans le nord de Londres.
Il s'agit d'une ancienne chapelle qui est reconvertie en studio d'enregistrement ainsi qu'en entrepôt pour l'équipement son et lumières du groupe.
Leur contrat avec EMI leur accordant un accès illimité aux studios Abbey Road en échange d'un pourcentage sur leurs ventes vient d'expirer et les musiciens craignent de voir le coût de leurs séances d'enregistrement augmenter.
En créant leur propre studio, ils se libèrent de cette crainte et s'offrent un espace qu'ils sont libres d'employer à leur guise.
Les vastes salles dans lesquelles joue Pink Floyd lors de la tournée
In the Flesh et l'incident de Montréal, où Waters crache sur un fan, le précipite dans un délire égomaniaque et paranoïaque.
Waters finira par imaginer un mur le séparant du public, poussant le délire jusqu'au concept album suivant :
The Wall.
En Angleterre c'est l'explosion du
Punk et Pink Floyd incarne parfaitement le style progressif a abattre, le groupe est devenu l'archétype boursouflé du rock dénoncé par les Punks, avec des morceaux auto complaisants de plus de 10 minutes...
Johnny Rotten porte un T-shirt de Pink Floyd sur lequel il a rajouté "I Hate".
Il faut dire que depuis
Wish You Were Here et d'autant plus
The Dark Side Of The Moon, Pink Floyd n'est plus un groupe "underground" depuis longtemps, ils sont méga connus et ont un statut de rock stars ultimes, à l'instar de
Led Zeppelin, Yes, Genesis ou Queen...
Le groupe souffre de cette critique mais cela n' empêchera pas
Nick Mason de produire le deuxième album des
Damned :
Music for Pleasure.
Revenons-en à la musique. Le coup de polish ne passe pas inaperçu, à la fois dépoussiérant et lustrant, qui valorise les inspirations de chaque instrumentiste : le son des cymbales gagne en netteté, la guitare acoustique prend de l’ampleur, la basse respire comme jamais, les claviers se révèlent sous un jour plus flatteur…
Je redécouvre le jeu de Waters extraordinaire sur
Pigs (réécoutez moi attentivement ces parties de
Precision Bass franchement
), évidemment Gilmour n'est pas en reste...
Sheep est un morceau absolument génial avec un final en feux d'artifices
Être plutôt que paraître, brouter plutôt que paître...