excellent commentaire lu sur le net à propos du coffret "mansetlandia" :
Inutile d'en rajouter sur les commentaires négatifs déjà donnés ici, non pas sur la musique contenue dans ce coffret, mais sur la démarche très, euh... personnelle de Manset quand il se pique de revisiter pour la énième fois son oeuvre passée des années 1968-1981. Oui, encore une non-intégrale, 15 h. de musique étalées (c'est le mot !) sur 19 CD...
Pour qui possède une platine vinyle, la solution existe depuis longtemps : les 3 albums des années 1968-1972 sont trouvables en ligne : "Manset 1968" et l'"Album blanc" de 1972 à des prix pas trop douloureux (compter autour de 40 € quand même), "La mort d'Orion" (qui a été remixé pour les sorties CD) à prix normal autour de 20 €, généralement dans les rééditions EMI de 1978, qui sonnent aussi bien que les originaux.
Pour la suite, de "Il voyage en solitaire" de 1975 à "Comme un guerrier" de 1982", les vinyles aussi s'imposent, vu les chansons qui manquent de façon persistante sur les nombreuses éditions CD du "maître", et aussi pour éviter les remixes numériques au son "caoutchouteux" de certaines de ces éditions CD (je pense par exemple à cette immense chanson qu'est "Manteau rouge", dont le remix 1988 ne donne qu'une envie : l'écouter en vinyle !).
Pour qui ne voudrait qu'un aperçu de la période 1975-1982, il y a aussi un coffret 3 vinyles intitulé "Il voyage en solitaire", sorti en 1982 et réédité en 1984, avec de belles pochettes intérieures, un son magnifique, et avec, cerise sur le gâteau,... la version originale chantée en latin de "Caesar"... Superbe sélection opérée par... le Gérard lui-même !... qui ne pratiquait pas encore le révisionnisme à outrance de son oeuvre ni ce qu'il est difficile de ne pas prendre pour un certain mépris à l'égard des acheteurs de CD.
Il existe aussi une édition CD de "Manset 1968" qui apparaît de temps en temps en vente sur le net, dont beaucoup porte à croire évidemment que c'est une édition non-officielle... ou officielle mais vite retirée des bacs.
"Manset 1968" est lui-même une réédition de 1971 de l'album original (sans titre) sorti en 1968 qui, lui, n'a que 10 titres... et bien sûr coûte une fortune. Pourtant il est actuellement proposé par pas moins de 5 vendeurs (!) sur le site international (anglophone donc) de vente/achat de disques le plus incontournable aujourd'hui, à des prix rigolos (350 à 700 €)... moi qui croyais qu'un disque introuvable était justement un disque qu'on ne trouve pas !
Manset est parfois très loquace dans certaines de ses interviews, et à propos de son 1er album il dit en 1996 aux Inrocks des choses comme : "Dans le premier album... c'était l'inspiration tous azimuts, ça cavalait vite", plus loin "Moi j'aime pas. C'est malsain même, il y a une sorte de mise à nu qu'on ne comprend pas. C'est pour ça aussi que je ne l'ai pas remis en circulation, celui-là ", plus loin encore "Qu'on réinstalle d'abord le portrait de l'artiste, stalinien" : l'essentiel est dit là , et ce nouveau coffret, sorti 20 ans après cette interview, est dans la droite ligne de ces déclarations...
... sauf qu'avec ce genre de raisonnement Manset prive son public amateur de CD de ses "erreurs de jeunesse", à savoir un disque sorti dans l'effervescence de la fin des années 60, un truc psyché-baroque fait avec les moyens du bord (limités), où de graves chansons ("Golgotha") en côtoient d'autres beaucoup plus incongrues ("La femme-fusée"), avec aussi cet "Animal on est mal" qui témoigne d'une chose qui peut paraître incroyable chez lui... l'HUMOUR !!
Je vous rassure (...), l'humour disparaît dès le successeur "La mort d'Orion", qu'on peut considérer comme le bricolage ultime de Manset, son plus beau délire de studio, certes mixé avec des moufles, produit à la va-comme-je-te-pousse, d'une ambition démesurée, mais au final un foutoir passionnant sans beaucoup d'équivalent dans la production française de 1969-70... que Manset lui-même, dans la même interview, considère comme une "excroissance un peu tordue" de son oeuvre.
Dans une autre interview, toujours pour les Inrocks, il dit ceci : "Je ne veux pas m'attirer les critiques, alors je n'ai laissé que ce qui n'est pas critiquable"... ah bon, alors de superbes chansons des années 1985-1994 flinguées par une production accumulant tous les défauts du son des années 80, ces réverbs archi-métalliques, ce son numérique écrasant d'emphase, et surtout ces batteries électroniques pachydermiques qui mettent du plomb aux pieds de la plupart des chansons... cela n'est pas critiquable ?
Allez Monsieur Gérard, dans le coffret que vous sortirez en 2870 balancez tout, de A à Z, même le très moyen 45 tours de 1969 "Le père"... et le public sera assez grand pour faire le tri lui-même !
un autre commentaire :
Dans cette fausse intégrale Gérard Manset modifie tous ses albums jusqu'à 1982. Il modifie la structure de certains titres, il réordonne les titres des albums et estime notamment qu'un titre de 1982 est de 1978 ("Maubert"), il jette 32 titres et en ajoute 7. Exit les albums "Gérard Manset - 1968", "L'album blanc", "Rien à raconter", "L'atelier de crabe" et "Comme un guerrier", refondus pour certains dans des albums qui deviennent pour le coup des albums compils. A la benne donc 32 titres que j'énumère pour ne pas les oublier :
- 1968 : "Le père", "Un jour".
- 1968, album "Gérard Manset" : "Je suis Dieu", "Mon amour", "La toile du maître", "On ne tue pas son prochain", "La femme fusée", "Animal on est mal", "L'une et l'autre", "Pas de pain", "Il rentre à 8 heures du soir", "Tu t'en vas".
- 1971 : "L'arc-en-ciel", "La dernière symphonie", "Golgotha".
- 1972, "L'album blanc" : "Introduction", "Long, long chemin", "Ne change pas", "Celui qu'il sera demain", "Celui qui marche devant", "L'oiseau du paradis".
- 1975, album "Y a une route" : "Y a une route (reprise).
- 1976, album "Rien à raconter" : "Rien à raconter", "Ailleurs", "Le moment d'être heureux", "Cheval cheval".
- 1979, album "Royaume de Siam" : "Balancé", "Fini d'y croire", "Seul et chauve".
- 1981, album "Le train du soir" : "Les loups", "Pas de nom", "Pas mal de journées sont passées".
Quel est l'intérêt de tout modifier, tout saccager ? L'oeuvre en chapitres ordonnés et datés n'est malheureusement plus... En quoi toutes ces chansons jetées ne sont-elles plus présentables? Juste un moment de délire, je l'espère... Alors, mon cher Gérard Manset, pour la véritable intégrale, pensez vite à faire un tour dans vos bennes à ordure car il y a de l'or qui se perd! Votre public qui n'est pas amnésique admire vos albums dans leur édition d'origine.