J'y vais ? Je suis seul... Allez j'y vais. J'ai dormi une bonne heure en fin d'après-midi, ça va le faire.
Allez j'y vais. Je prends Augustine, je tire les 25 minutes qui me séparent de Nyon. On me dit de me garer à perpet', devant la piscine municipale. On m'embarque dans une navette du festival. 2km plus loin, on me lance devant l'entrée... C'est grand ! "Presse". Ca doit être pour moi... Je vais retirer un beau badge presse sans aucun problème, et je me lance dans l'enceinte du festival.
Un rapide tour pour voir le paysage, très sympa, festival accroché au bord du lac, une grande scène (vraiment grande !) et une autre plus modeste, la scène "du lac". Des jeunes y jouent. Je m'y arrête 5 minutes, une belle LP attire mon regard... Et l'électronique poussièreuse protégée par le plexi d'un Hammond également... Allez, je m'attarde pas trop, j'entends un staff annoncer Paul Personne sur la grande scène. Peu de monde, mais en suffisance... Je me faufile juste devant les crash, et ça démarre...
6 personnes arrivent sur scène. Je devine le plus charismatique comme étant le protagoniste principal de l'événement, le voilà secondé par un batteur à chapeau, un bassiste à lunettes noires, une choriste à tambourin, et 2 autres gratteux: Un prend place du côté des steel guitars, alors que l'autre, jeune, empoigne une 12 cordes sèche. Le monsieur grisonnant tout sourire s'arme d'une takamine, et commence joyeusement à gratouiller du blues rock jovial et de bonne humeur.
2 chansons se passent ainsi. Je regarde autour de moi. Je ne suis plus habitué à ce genre de moyenne d'âge dans un public... Il y a des familles, il y a des couples, il y a des vieux... Et il y a évidemment le défoncé de base, celui qui titube et qui hurle, qui arrive... Le voilà... Il se rapproche, il vient vers moi. Je me retrouve donc entre un individu portant un chapeau de pêcheur à l'équilibre plus que précaire et bien décidé à m'envoyer ses coudes dans la gueule tellement il aime la musique, et une famille au grand complet, avec papa et maman nostalgiques des 70's, et les 2 jeunes avec des bagues pleins les dents, visiblement un peu forcés à assister à un show qui ne leur correspond pas vraiment. Je rigole. J'aime, ca me détend. La musique me plait.
Et voilà qu'on passe à l'éléctrique. Alors... Monsieur Personne s'empare d'une... tiens, c'est quoi ça ? Une fender.. heu... Ah, une Acoustasonic ! Marrant ! Open tuning et bottleneck obligent. Une chanson de plus passe, et là ça devient sérieux, il sort la LP Custom et se met à la faire chanter avec doigté et justesse, efficacité et enthousiasme. Le petit jeune, quand a lui, est passé sur une strat qui ferait se retourner monsieur Vaughan dans sa tombe. Voilà que ça se met à se bagarrer à grand coup de soli. Le public apprécie, et moi donc. On fait du bruit, ils jouent vite, bien, feeling... La bas, derrière, dans le coin, le drôle de gars à l'air d'adorer les sons qu'il arrive à tirer de 2 steel guitars sur pieds. Je lis juste "Fender" sur l'une d'entre elles.
Et ca continue, une telecaster du côté du jeune maintenant, alors que le principal intéressé semble s'être stabilisé sur 2 LP, une goldtop en opentuning et une sunburst en standart. Un petit coup de double pédale, là-bas derrière, pour marquer un fill un peu plus enervé que les autres. Je ferme les yeux, j'adore...
"Je crois que c'est le bon moment pour se faire un petit blues, ok ?" Oh que oui, ok, vas-y seulement mon cher ! Et ça part en slow blues de tous les côtés, large place à l'impro sous forme de compétition entre les deux virtuoses... On ose un petit peu de wah ? Nooon on continue à faire tout aux doigts, c'est tellement meilleur. Feeling incroyable, petits riffs efficaces au possible. Les 2 bassman, là sur l'estrade, n'en peuvent plus de me faire hérisser tous les poils de mes bras. Du blues à fleur de peau, délicat et tendu, sensuel et enervé, bourré d'energie, de feelings... Ils ont plein de choses à raconter sur leur six cordes, et ils le font avec brio et assurance... Un régal, un pur bonheur. Sur ma gauche une Les Paul, sur ma droit une Telecaster... 2 légendes qui combattent devant un public averti et connaisseur, et qui se retrouvent, s'entrecoupent, discutent, se mêlent et s'entremêlent, se lient et se délient... Et ça dure, et c'est bon !
Le mélange est simple et efficace: Des backings slides à la steel guitar, parfois doublés par le petit jeune qui se sent de s'armer d'un bottleneck... Et Paul Personne qui n'en peut plus de s'exprimer sur ses LP, avec ou sans capo, peu importe, il s'éclate. Et merde, voilà des soli pour chaque instrument, avec présentation du musicien. Ca sent la fin. Gros solo de batterie interompu brutalement par un salut de chapeau soudain... Un petit coup de fuzz sur la strat du jeune, et on s'en va, après 1h15 de show. Un peu court tout ça ! Ca revient, ca hurle... "Un petit rock'n'roll pour la route alors, ok ?" Ben oui ok, évidemment ! Encore 7 petites minutes d'un rock endiablés, et voilà les 6 musiciens qui quittent définitivement les planches après avoir dit, timidement "On s'est bien marrés non ?". Merci, j'ai adoré...
Que faire après ça ? Je me dirige vers la scène "lac" au moment ou Magicrays commencent à jouer. 3 guitares, ça rigole plus. Fender en force, je vois deux telecasters, une jaguar, et le tout sur du twin reverb. Ca éléctrise, ça chante haut-perché, ça secoue tout doucement... Un single connu me fait planer cinq petites mintues dans une odeur de churros et kebab mélangée, avant de revenir à la réalité: J'ai devant moi 5 musiciens, excellents, mais franchement chiants. A croire qu'ils n'ont pas choisi leur musique, et que franchement si ça ne tenait qu'a eux, ils seraient bien mieux à boire une bière au bordul. Je m'en vais en vadrouille dans le festival.
Tous les stands et les cantines visités, je retrouve une grande scène avec 5 ou 6 bonnes couches de fans âgés tassés contre les barrières, qui attendent la venue de Simple Minds. Je me dis que finalement pourquoi pas, et je m'approche légèrement. 10 bonnes minutes passent, puis 15, puis 20. Je vois deux roadies qui vivent leur petit moment de gloire quotidien accorder, ré-accorder et ré-ré-ré-accorder les guitares... Plier les linges, remettre les micros droits et vérifier les settings d'un petit combo Line6 dans un coin... Impatient, je décide d'un ultimatum pipi pour les voir. Je me dirige donc vers les chiottes, mais une queue (attente hein) de 30m de long m'affole. Je reviens vers la scène, et décidément cette Firebird semble vraiment avoir un gros problème d'accordage vu qu'elle est de nouveau dans les mains d'un roadie. Un "putain de rock stars" me passe dans la tête, et je fuis l'enceinte du festival.
Badge rendu, je reprend une navette qui me rammène à mon véhicule sur fond de radio framboise, merci beaucoup, je descend au parking, fais dans les buissons, et rentre à la maison, du Hendrix à fond.
La solitude a du bon
Come on dad, gimme the car tonight...