Zorzi a écrit :
C'est là que je suis sur le point de décrocher. Quand je vous lis, je retrouve ce souci d'une sorte d'authenticité du son, ou du moins une qualité, qui ne pourrait provenir que d'une machine analogique en dur, et encore certaines et pas d'autres. Cela rejoint quelque chose qui m'a toujours étonné dans le monde des guitaristes : le grain, le fameux grain (forcément vintage) uniquement perceptible par quelques-uns à mon avis, car la plupart des auditeurs ne relèvent que très exceptionnellement ce genre de truc.
Donc ce grain certifié vous sert-il de base obligée pour composer ? Est-ce là un élément non négociable de la construction d'une pièce musicale ? Peut-on équaliser, traiter, éditer ce genre de son sans en perdre une forme de valeur bien qu'on sache qu'un mix demande de sacrifier souvent des choses dans un son pour le faire cohabiter avec d'autres ?
Je fais très bien la différence entre un son de LP dans un vieux Tweed poussé à burne et une Ibanez dans un JC120
, entre un violon baroque et un violon moderne, mais en matière de synthé, n'est-ce pas pousser le bouchon un peu loin ? Parce que dans un mix un peu fourni, bien malin celui qui pourra déterminer la provenance de plusieurs sons de synthé, non ?
Nous avons aussi une façon très différente d'intellectualiser dans le sens où je sens que vous le faites avant d'enregistrer et moi, après.
Fondamentalement, je pense qu'il y a une sorte de thérapie dans ce qu'on fait. Donc, c'est quelque chose d'extrêmement personnel, et tout le discours autour n'y changera rien. Je parle d'immédiateté, de grain, de choses plus ou moins mystiques. Je cherche simplement à justifier ce que je fais. Ce qui est sûr, c'est que je n'aime pas la confrontation, je suis maître en évitement. Ma piscine, c'est l'improvisation. Je recherche ce qui m'échappe, l'aléatoire et l'accidentel. C'est une manière vitale d'essayer de reprendre la main sur soi, mais aussi certainement un reflet de mon incompétence et mes lacunes.
Le son, franchement, je ne crois pas être féroce. Je tiens parfois certains discours, mais en réalité c'est encore la conséquence de mon savoir-faire: je n'ai pas la patience/envie/capacité d'écrire des pièces de bout en bout, alors je les griffonne, j'interprète ce que j'ai en tête en m'en remettant au jeu et au hasard. Et la façon que j'ai trouvé, qui fonctionne le moins mal pour moi, c'est celle-ci. Elle me donne du plaisir. Mais je sais que, de mon côté, je dois travailler ma technique et ma patience. Je dois civiliser ma musique sans la castrer. Pour un autre (toi?) le cheminement et les difficultés seront toutes autres, parce que le point de départ sera différent.
Vous battez pas, je vous aime tous