jazzplayer a écrit :
Allez chers amis j'y vais moi aussi de mon couplet
Quand on déplore la suffisance , l'intellectualisme , le manque d'humanité , l'esprit de sérieux , le sentiment d'appartenir à une caste , l'élitisme - et j'en passe- des musiciens de jazz et de la faune qui les entoure .... j'entends une sorte d'attente déçue ...
Comme si cette musique - et ceux qui la pratiquent - qui se présente d'abord comme un genre musical où règne la spontanéité liée à l'improvisation se devait - d'être populaire donc accessible , chaleureuse , simple , libertaire , truculente , pas guindée , festive .... tout le contraire de la musique classique quoi !!!
ouhais !!! sauf que, et cela est un poncif maintes fois rabaché ... il n'y a pas un jazz mais des jazz ....
de Sun Ra , à Sarah Vaughan , de Fats Waller à Albert Ayler , de Jimmie Lunceford à Gef Gilson , de Loulou Gasté à Olivier Benoit ....d'Eddie Palmiéri à André Hodeir etc etc ... inutile de chercher une communauté d'attitudes et de climats .
Comment s'étonner que nous ayons pu , en certaines occasions, avoir eu en face de nous des instrumentistes accaparés par leur art , soucieux de donner le meilleur d'eux mêmes ... voire de répondre aux exigence d'un leader exigeant qui leur montrera la porte si leur prestation est "insuffisante"
Et si au fond le jazz était avant tout une musique de tension et presque jamais un genre ou le repos et l'abandon dominent ... y avez vous réfléchi ?
Le Jazz fut et , est toujours selon les époques et les pays , successivement ou parfois simultanément ( chez le même artiste voire dans le même album ) festif , militant , cérébral , vocal , instrumental , récréatif , en petite formation ou en big band , sobre ou tonitruant , répétitif ou avant gardiste , fier ou bon enfant etc etc ...
Miles , Ellington , Coltrane pour ne citer qu'eux, furent des défenseurs sourcilleux de la culture afro américaine ce qui a pu les amener à adopter une posture rigide voire intolérante ... peut on le leur reprocher ?
Mingus déja cité , n'était pas un tendre à qui l'on pouvait sauter au cou ... mais je ne suis pas sûr que cela ait été en rapport avec sa musique
Que d'autres se la jouent ... se prennent pour des génies inspirés ... et manquent de modestie ... c'est vrai aussi .... et comme vous je le déplore et cela me rebute
Mais après tout s'ils font de la bonne musique ... c'est ce qu'on leur demande non ?
Tout ça pour dire que s'éloigner du jazz parce qu'il nous semble que les jazzmen ont une attitude hautaine et distante et semblent pour certains avoir un manche à balai dans le c... ( Ce qui est vrai !!! ) relève selon moi d'une généralisation hâtive et d'un cliché trop facile et donc très réducteur ...
Et qui est le perdant dans l'histoire ? je vous le demande ???
+ 1000.
À part que la musique classique n'est peut-être pas un univers aussi contraint et guindé que cela.
Je pense clairement ici à ceux qui la jouent, la font vivre, et en vivent, mal.
L'utilisation et la représentation sociales de la musique dite «classique», en revanche...
Mais, sur un autre plan, on pourrait nourrir le même genre de doute pour l'univers du Jazz.
Passons.
C'est assez secondaire, en fin de compte.
Pour me limiter à dessein au monde des pianistes de jazz, certains d'entre eux ont montré, au plus profond de leur jeu et, au delà, de leur souffle musical, que leurs héritages se comprenaient aussi à l'écoute de cette musique prétendument «classique».
Brad Mehldau et le piano "romantique", celui de Schubert tout spécialement (au moins selon moi, ce qui fait déjà foule...), Lenny Tristano et Bach, ou Bill Evans et Debussy (écoutez voir
Turn Out The Stars : The Final Village Vanguard Recordings, ces quatre concerts enchaînés seul au début Juin 1980, trois mois avant de mourir).
Ou, de l'autre côté, Vladimir Horowitz écourtant un de ses concerts, tout en prévenant son public qu'Art Tatum était en ville, avant de se précipiter au concert du grand Voyant.
Samson François qui déclarait d'Art Tatum : «
Il était vraiment génial dans sa manière de composer en improvisant ».
Lequel Art jouait d'oreille, à sa manière, et en concert la Valse en Do# mineur (Op. 64, No. 2) de Chopin.
...So and so...
Pour ne rien gâter en plus, et échapper à toutes mes considérations
, ta sortie était bien envoyée, bien écrite, bon phrasé, de la cadence.
Ça aide à lire, et donne,
donne à penser.
Nice 'n'easy .
«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.