Ben.oît a écrit :
Je partage ton avis sur l'Art en général.
Chacun peut avoir un appareil photo et les photographes ne bossent plus.
Chacun peut enregistrer un son sur son ordi, gérer les pistes et produire un truc ainsi que le diffuser.
Idem pour les autres formes d'Art.
Alors oui c'est chouette de voir cette effervescence se démocratiser, mais la qualité n'est elle pas resté à l'extérieur de ces tentatives de processus créatifs?
Donc pour toi, le mec qui va passer des mois enfermé sur son ordi à travailler des morceaux sera moins qualitatif qu'une bande de musiciens semi-motivés qui se retrouvent pour jeter des idées chaque semaine?
Je fais volontairement dans la provoc et je suis un peu d'accord avec toi (je ne sais plus quel critique disait "on arrive à une époque ou il y a plus de gens pour faire de la musique que de gens pour l'écouter"), mais étant un ancien adeptes des groupes qui marchent pas, et nouvel adepte des projets musicaux solo ou je suis "chef d'orchestre" et où j'arrive à faire sortir des choses, je pense qu'il y a avant tout une mauvaise manière d'aborder le travail de groupe.
De mon expérience (subjective, forcément) du groupe (qui concerne uniquement des projets de composition, la reprise c'est encore un autre délire amha)
- On rencontre des gens de tout niveau, mais le groupe lui doit toujours s'adapter au niveau du membre le plus "faible". Du coup si t'as bossé la musique 3H par jour pendant 10 ans, que t'as écrit tous les morceaux et que tu sait parfaitement qui doit jouer quoi, ça n'empêche pas que tu dois t'adapter au batteur qui ne fait pas le bon fill au bon endroit parce qu'il n'a pas eu le temps de bosser le morceau parce que ... {insérer justification vaseuse ici} ... Ou bien qui a du mal à garder le temps dès que le bassiste s'arrête de jouer pour X raison.
- On rencontre assez souvent des personnalités instables, et faire tenir un groupe nécessite au contraire une rigueur dans le temps (en présence, en implication, en travail). J'ai le souvenir d'un projet de groupe où la chanteuse (pourtant talentueuse) vidait un pack de bière avant chaque répétition. Avec le temps elle a fini par venir en retard, puis par poser des lapins ... Inutile de dire que ça a fait foirer le projet.
- On a pas tous les mêmes attentes dans la musique. Certains font les projets à fond, d'autres font ça comme un loisir. Du coup l'implication n'est la aussi pas la même. Forcément, au début tout le monde est motivé, mais dans la vraie vie, y'a ceux qui tiennent le rythme et y'a ceux qui en fait finalement préfèrent faire une reprise de pink floyd une fois par an pour la fête de la musique (et c'est cool aussi, mais c'est pas le même travail que de construire et travailler un répertoire et tourner dans des bars et petites salles ou enregistrer un EP ou une demo).
Bref, petit échantillon de situations rencontrées. Comme vous pendant des années j'ai tenu à bout de bras des groupes ou projets de groupes qui ont fini par capoter. Le maximum que j'ai réussi à faire était un groupe que j'ai eu entre 2011 et 2012, avec lequel on a fait une bonne dizaine de concert sur Lyon et on a enregistré un EP. Rien de folichon donc. Ca aurait peut-etre pu donner quelque chose si on avait insisté, et ça m'a fait apprendre beaucoup niveau composition, mais aussi l'importance des contacts pour jouer dans les salles et aussi se faire connaître (détail amusant, un groupe qui tournait dans les mêmes salles à cette époque a réussi à percer aujourd'hui. Non sans faire quelques concessions sur le style ... )
Du coup, depuis quelques années, j'abord les choses autrement:
- Je travaille sur un projet d'enregistrement "solo": j'écris tous mes morceaux et j'enregistre un max de choses moi-meme. De toute façon j'écrivais déjà tous les morceaux avant alors autant jouer toutes les parties soit-même
- Pour les instrus que je ne maitrise pas (la batterie par ex), j'ai cherché des gens intéressés par un projet home-studio et on a travaillé ensemble non pas comme un groupe, mais comme une collaboration, focalisée sur l'enregistrement. L'idée est d'arriver avec un morceau tout fait et le batteur venait greffer sa partie au morceau existant. Moins contraignant niveau temps (on a étalé l'enregistrement de 11 morceaux sur plus de 2 ans!) mais au moins le résultat est cool et correspond à ce que je voulais faire. On a avancé morceau par morceau, le batteur travaillait le morceau, on se retrouvait une journée tous les 1 ou 2 mois avec micros / carte son et laptop et on enregistrait jusqu'à ce qu'on ai une prise correcte.
- J'ai aussi fait intervenir des potes à droite à gauche pour certaines parties (basse, clavier). Ce sont des instruments que je joue mais je trouvais sympa d'amener une autre touche et un feeling différent.
- Le chant, je m'y suis mis. Je pense qu'au fond si on a des choses à dire, il faut franchir cette barrière et aussi accepter ses limitations (du chant shoegaze ou indie pop je peux gérer. Chanter comme Mercury ou Yorkes on oublie tout de suite
). Il faut également être à l'écoute des critiques mais aussi accepter que notre voix ne peut pas plaire à tout le monde (après tout j'ai horreur de certaines voix que d'autres adorent, donc pourquoi ce ne serait pas le cas pour ma voix également?)
- La prod: c'est un vrai métier et j'ai appris beaucoup, mais il me reste encore beaucoup à apprendre. Néanmoins le net (et youtube) est bourré de tutos pour s'améliorer et utiliser votre daw pour atteindre une qualité qui était inimaginable en home studio il y a 20 ans. Sans atteindre le niveau d'un enregistrement "pro", je suis content du résultat.
- Les limites du truc: maintenant que je suis au bout du projet, je me demande quoi en faire: le sortir sur le net? Monter un groupe juste pour la scène et repartir dans les travers décris ci-dessus? Essayer de contacter des petits labels pour voir si ça les intéresse?
Bref, c'est jamais fini...