Bravo Marie Lise, et une bassiste de plus.
Jouer en public c'est la meilleure motivation qui existe, mais après tant d'années je peux t'assurer que le stress existe toujours avant de jouer, on appelle ça le trac il paraît. Moi, j'appelle ça la trouille !
Et naaaaaaaaaan, c'est pas évident de jouer devant des gens, surtout quand on n'aime pas se mettre en avant.
Mais c'est un super trip. Tu vas t'éclater, garanti, la peur ça dure 3 minutes (généralement avec le premier titre) et après, pffffffiiiiiiiiiiiiiiiiiitttttttt ça roule tout seul, tu reprends tes repères, tu te raccroches à ce que tu as fait en répète et tu oublies le monde autour de toi pour rester dans la zik.
Je me souviens de mon tout premier "concert" (enfin "prestation en public" ça fera moins prétentieux que concert). Des gouttes de sueur sur le front, la sueur froide dans le dos, les mains moites et les pieds poites, la gorge sèche, à me demander pourquoi tout ça et que si c'était comme ça à chaque fois, ce serait galère ce taf. L'adrénaline au moment de grimper sur scène et empoigner ma guitare (j'étais pas encore bassiste à l'époque, juste soliste gratte, woah, la pression, pas la bière hein !).
T'as le cœur qui part à cent à l'heure, tu sens tous les yeux qui te regardent, même si en fait tout le monde s'en fout, mais toi tu as cette impression.
Une petite note sur une corde juste pour vérifier que le courant passe bien et que l'ampli va cracher ce que tu attends de lui, puis les potes qui eux aussi, avec la même trouille, viennent prendre place et prendre leur instrument.
Un, deux.... un deux trois quatre....et hop c'est parti ! D'abord t'oses pas trop envoyer lourd parce que t'as peur du pain qui te guette au coin du bois. Et la première minute s'est bien passée, bon un tout petit peu d'hésitation par ci par là, mais ça se remarque pas, sauf pour nous. Et d'un seul coup tu vois les gens qui s'agitent dans tous les sens, les mains qui balayent l'air, et ça saute et ça crie et toi tu te demandes ce qui t'arrive. Bien sûr tu sais puisque tu étais comme eux, y'a pas longtemps encore à beugler et à brailler en chantant (mal !) les paroles.
Et ensuite tu termines le premier titre et pour nous : une révélation parce qu'ils se sont mis à brailler encore plus fort et surtout à applaudir et là.........., là.............. marie lise, tu comprends d'un seul coup pourquoi tu vas aimer ça : faire brailler les gens, taper dans les mains, et sauter dans tous les sens. Voilà la vraie récompense.
Bilan, 2 heures après on avait pas vu passer le temps. Comment ? Déjà ? On a fini ! Et t'as pas envie que ça se termine, tu veux que ce moment là dure et dure et dure encore et encore. Là tu te sens bien, tu pourrais jouer toute la nuit et n'importe quoi, même des trucs que t'as jamais joué.
Après ben, faut bien redescendre sur terre et tu te retrouves avec tes potes derrière pour ZE moment que tu ne veux partager avec personne d'autre : un vrai moment d'amitié avec les membres du groupe.
Voilà comment j'ai vécu ça. Oh, pas de quoi pavoiser, il n'y avait qu'en petite centaine de personnes, dans une petite salle d'un patelin paumé en fin fond d'une campagne, mais pour nous ça a été le Zénith de Paris, le Madison Square Garden de New York.
Et depuis, les prestas ont succédé aux scènes, plus ou moins grandes, avec plus ou moins de monde, avec plus ou moins de qualité de presta par moment, mais toujours avec la même trouille au ventre et dont je n'arrive pas à me séparer. La semaine prochaine on joue deux soirs de suite, et elle revient cette saleté de nœud dans les tripes, elle est là, elle ne s'en ira qu'après....jusqu'à la prochaine fois, deux semaines après.
Donc éclate toi marie lise, profite à 100 000 % de ce moment là de ta première vraie prestation, grave la pour toujours dans ta mémoire, ce sera le plus beau jour de ta carrière musicale.
T'as 50 balais ? Ouais et alors ! Pourquoi tu ne réagirais pas comme une gamine, hein ?
Que du bonheur et surtout racontes nous tes impressions après. Promis ?
Auto-banned volontaire de backstage.
Le ukulélé est à la guitare ce que le string est au caleçon.
(Thomas Fersen)