Jean-Paul Aron est le témoin féroce des événements culturels de 1945 à 1984. Cinquante-quatre épisodes majeurs, de la conférence d'Antonin Artaud au Vieux-Colombier en 1947 aux journées de Mai 68, de la sortie du film de Jean-Luc Godard "A bout de souffle" en 1960 au séminaire de Jacques Lacan à l'Ecole Normale supérieure en 1964, de la création du Club Méditerranée et de la première représentation de "La cantatrice chauve" d'Eugène Ionesco en 1950 à la décade de Heidegger à Cerisy en 1955, de la publication de "Mythologies" de Roland Barthes en 1957 à l'exposition Manet en 1983.
Mémorialiste dans la tradition de Saint-Simon et de Chateaubriand, Jean-Paul Aron se livre à une critique acerbe de la modernité. Il dénonce les "clans", les terrorismes et détrône les pontifes. Les modernes : la somme d'une époque et l'œuvre subversive d'un esprit libre.
J.-P. Aron est cité dans cet article sur Sollers :
https://www.lefigaro.fr/livres(...)30506
Pourtant, à peine né, l'écrivain est déjà marqué par l'ambivalence. Mauriac a beau dire, sitôt paru ce premier roman d'inspiration classique, son auteur vire très vite de bord. Sollers fonde au Seuil Tel Quel avec Jean-Edern Hallier. Cette revue, qui, selon lui a préparé le mouvement de 68, se passionne pour les structuralistes, Lacan, Barthes, Foucault, Althusser. Mais ambitionne aussi de réévaluer les œuvres extrêmes et marginales de Sade, Bataille, Lautréamont, Artaud, Joyce, Céline, etc.
Le féroce Jean-Paul Aron fera dans "Les Modernes" (1984) le récit impitoyable de cette évolution : «Six mois plus tard il fonce à la conquête de l'espace culturel parisien, reniant son passé par une perception aiguë des circonstances, cynique, n'ayant foi qu'en son intérêt, insensible aux valeurs, dispensé de sentiments et coiffé de modes, toujours prêt à la remercier pour d'autres en sacrifiant sans pitié les niais qui lui font cortège».