quelques romans de parvulesco :
Sous la couverture d'un festival privé de musique de Verdi, un congrès à la fois transcendantal et clandestin devait réunir, la nuit du 24 juin 1969, à Genève, dans le grand hôtel particulier des Forlani, l'ensemble des puissances conspiratives supérieures en action sur place à ce moment-là : la puissance émanant des anciens précipices souterrains de la ville, celle de ses hauteurs nétacosmiques et celle, aussi, de l'organisation occulte ayant conçu, mobilisé et régi ces rencontres à des fins inconnues, obscures. Répétition, peut-être, de l'ancien Convent de Wilhelmsbad ? Or, à la veille même de ce congrès dissimulé sous les apparences du "Bal Masqué" de Verdi, Vitto Forlani est mystérieusement assassiné dans le jardin intérieur de son grand hôtel particulier. Par la suite, le groupe central des personnages actifs du roman évoluera vers la constitution d'une sorte de société secrète de haut pouvoir cosmique, nuptial et polaire, qui va culminer avec l'installation, sur les sommets de la Rette Sauvagine, au dessus de Genève, d'une étrange institution hôtelière, la Villa Antonia, dont les pensionnaires finiront par avoir accès aux anciens pouvoirs du "viril", pouvoir suprahumain et de par cela même leurs assurant la possibilité de voler librement dans les airs. Au terme de certains événements initiatiquement nécessaires, qui constitueront la trame récitationnelle même de ce roman, les quatre personnages représentatifs du secret agissant de celui-ci, ayant eu à subir le devenir commandé par la volonté providentielle inconnue qui avait abyssalement ordonné, dans l'ombre, leur instruction transcendantale spéciale, comprendront qu'il leur faut quitter l'Europe, pour s'envoler, clandestinement, vers les hauteurs enneigées des mystérieuses régions polaires du Nord de l'Inde, où les attend leur véritable et ultime destin suprahistorique, posthumain. Car c'est là que se joue, à présent, l'avenir de la future humanité à venir, "au-delà de l'humain, au-delà du divin".
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Les Mystères de la villa Atlantis offrent une fameuse distribution. Parmi les personnages du roman, on trouve Jacques Bergier, Barbet Schroeder, Bulle Ogier, Frédéric Pardo, Philippe Garrel, "à la veille précisément de reprendre le tournage de son étrange Berceau de cristal, Jean-Pierre Rassam, Claude Sautet, Éric Rohmer, Jean-Pierre Mocky, Robert Bresson, Daniel Schmid, Pascal Jardin, Alain Ravennes, Philippe Sollers, Ezra Pound et François Mitterrand. Le roman est également parsemé de nombreuses citations des Évangiles, de Plotin, Ernst Jünger, Gérard de Nerval, Thérèse d'Avila, Sainte Thérèse de Lisieux, Gustave Meyrink, Eliphas Levi, Raymond Abellio, Jean-Jacques Schuhl, Dominique de Roux (forcément), Norman Spinrad, H.P. Lovecraft et Martin Heidegger. Heidegger ? "Non point le philosophe, mais le haut visionnaire qui, après l'échec de Sein und Zeit, n'a plus arrêté de s'enfoncer, comme extatiquement, dans les ténèbres ardentes de la poésie, de la plus grande poésie et des sous-bois hantés de celle-ci, par où, qui sait, parfois, l'être scintille encore dans ses traces, dans ses haleines et ses fruits sauvages".
Tout comme Frédéric Pardo et Barbet Schroeder, Claude Sautet est l'une des personnalités secondaires - en réalité primordiales - du roman. Jean Raimondi - Jean Parvulesco - se fend d'ailleurs d'un vibrant hommage de plusieurs pages sur le cinéma de Claude Sautet, "génialement bâti comme une interrogation à peine dissimulée sur ce que l'on pourrait appeler, avec les mots pourissants d'aujourd'hui, l'impossibilité du mariage" :
Comme dans le livre de Malcolm Lowry, la vraie vie, la vie encore et toujours vivante de Claude Sautet ne se passe qu'"au-dessous du volcan", dans la fournaise occulte de ce qui s'interdit de connaître l'interdit et la honte des choses qui se donnent à voir sous le jour de leur propre impuissance, des chemins sans retour de l'oubli de l'être. La profonde, l'irrémédiable, la vertigineuse et si belle tristesse du cinéma de Claude Sautet est la tristesse même de l'existence séparée, de l'existence ayant perdu jusqu'au souvenir même du Yihud et du souvenir sans souvenir de ses chairs vivantes et adorantes.
Autre moment alléchant, le réveillon 1979-1980 chez Alain Ravennes, en compagnie de Robert Bresson et Philippe Sollers :
A minuit, Philippe Sollers met le feu, et brûle, dans un plateau d'argent, et quelle délicieuse flambée bleuâtre, diabolique, une épaisse liasse de billets de 500 francs, "pour humilier, rabaisser, injurier le Veau d'Or dans ses matières mêmes, pour, l'espace d'un instant, rompre la chaîne".